M'sila - Costumes traditionnels

Le burnous,un attribut identitaire national



Le burnous,un attribut identitaire national
Le burnous, un attribut identitaire national
par farouk Zahi

Et pourtant, cet habit immémorial selon le titre d’un article publié le 20 avril par un quotidien national qui a rapporté l’organisation d’un salon artisanal à Bou Saada entre le 18 et le 23 avril 2010, heureux encore qu’on évoque cette relique patrimoniale, est incontestablement, le fondement de l’identité vestimentaire nationale. Imaginons un seul instant, l’une des nos figures historiques de la résistance à ce qui est appelée outre mer, la conquête de l’Algérie, sans burnous et sans « guenour » (1). Sans ce port altier qui a toujours impressionné les photographes et les peintres orientalistes, elles auraient été nues.
« Le burnous ou bournous, barnous , aâlaw en chaoui et avidhi en kabyle, est un manteau en laine long avec une capuche pointue et sans manche. Typique des populations d'Afrique du Nord, il était également porté par les spahis. Le mot arabe désigne anciennement une petite calotte que l'on portait sur la tête : le Sahîh d'Al-Boukhârî (tome II, chapitre 356, p. 167) offre un chapitre intitulé Bab al-burnous où le terme y est employé dans le sens de calotte. En Espagne, où le burnous était en usage à l'époque d'Al-Andalus, le mot a été adopté par l'espagnol pour devenir l'albornoz décrit par Sebastián de Cobarrubias Orozco (Tesoro de la lengua castellana o española édité en 1611) en ces termes : « C'est un manteau fermé, garni d'un capuchon, et qu'on porte en voyage. » Telles sont l’origine et la description données par l’encyclopédie électronique Wikipédia. Manteau de laine commun, il aurait plusieurs variantes dont celui de Meknès fait de soie ou du Djerid en laine striée de soie. On le retrouverait chez les Mamelouks d’Egypte. Il semble toutefois avoir élu domicile au Maghreb central ce qui correspond approximativement à l’Algérie actuelle avec des fiefs bien connus : Kabylie, Aurès, Djebel Amour et Ouled Nail. Sa présence, se juxtapose à la configuration montagneuse de ces régions, naturellement froides. Vêtement d’apparat, jadis porté par la noblesse, de l’Emir Abdelkader à Cheikh El Hadad et de la féodalité caidale au spahi colonial; il a été, cependant, le cache misère de la masse des « damnés de la terre ». Le burnous commun fait de laine blanche appelé dans la région de Bou Saada « byadh) ou en laine brute « kham » est le plus courant. On dit du premier qu’il est « m’qassar » quand il subi le lavage qui consiste à le lessiver, le sécher et l’embaumer à la fumigation soufrée. Cette opération plutôt masculine, se passait dans les bains maures où le garçon piétinait l’ouvrage énergiquement. Essoré et séché, il était étendu sur une grosse corbeille en roseau renversée et sous laquelle, ont mettait un brasero dont le feu consumait lentement la grenaille de souffre. Cette fumigation protégerait la laine des mites. Le burnous brun, comprenant le haut de gamme appelé « kheitoussa » peut être en pur poil de chamelon. Il s’agit en faite du duvet infra-abdominal du « makhloul » (2). Hors de prix actuellement, il avoisine les 60.000 Da et plus. Des modernistes en font des manteaux très prisés dans les salons parisiens. L’oasis de Messaad en est devenue le fief par la qualité de l’ouvrage. Quant aux autres catégories, leur qualité dépend de leur teneur en « oubar » (3 ). La légèreté de l’étoffe est la première caractéristique, la seconde, est la densité du tissage qui est testée par l’observation de la lumière du jour à travers la trame. Le burnous « m’lef », fait de feutre industriel et pouvant prendre plusieurs couleurs était « surajouté » au blanc, plus pour le contraste que pour la fonctionnalité. Il demeure néanmoins, l’ersatz du burnous en pure laine.
L’art populaire du tissage, répondait à des besoins vitaux de survivance matérielle. La paupérisation de la campagne et de la steppe par le fait colonial, a vite fait de renvoyer la femme des champs et des parcours pour la cloîtrer. Elle qui ne tissait que pour les besoins intradomiciliaires, se retrouvait dans l’obligation de pouvoir au revenu familial. Elle s’est attelée à la tâche qu’elle connaissait le mieux : le travail de la laine. Le mouton à portée de main en est évidemment le gisement duquel, elle pouvait puiser la matière d’œuvre. La chaîne de transformation est longue et éprouvante. La tonte saisonnière du cheptel du ressort exclusif de l’homme, est le point de départ du patient et minutieux labeur de la femme. Il est fait recours, au travail coopératif appelé « Touiza » dans des phases précises de l’évolution de l’ouvrage. Le dégraissage et le lessivage de la laine, tâche généralement collective, prend la forme d’un rituel festif au bord d’un cours d’eau. La famille au grand complet s’y rend pour bivouaquer toute la journée. Le feu y est allumé pour les besoins de la cuisson et l’ébouillantement de la laine dans un immense chaudron. Trempée d’eau bouillante pour la dégraisser, la laine sera battue avec une cognée de palme à tête triangulaire. Débarrassée du sable et de son oint graisseux, elle sera lavée par petite poignée dans une rustique retenue faite de galets. Blanchie et essorée, elle sera étalée sur la roche plate de l’oued. Le repas fait de « aich » (gros couscous) cuit en sauce et agrémenté de morceaux de viande fraîche ou séchée appelée (guedid ou khely’) sera le festin récréatif. Les bambins nus comme des vers, s’en donneront à cœur joie dans la mare.
De retour au foyer familial, il sera procédé après cette opération de « dégrossissage », au battage à sec de la laine, maintenant sèche, par une verge souple tirée communément du grenadier. Le sifflement et le bruit mat, sont la caractéristique de cette phase qui permet de démêler la laine. Expurgée patiemment de toutes les impuretés, notamment, des résidus épineux des végétaux, elle est prête pour passer au gros peigne métallique ( m’chat). La carde (quardache) constituée de deux planches à queue de bois, hérissée chacune d’une toile métallique épineuse, tenues à contresens l’une de l’autre fera subir à la matière, un autre peignage plus fin. Mise en rouleaux, la laine est prête au filage. La grosse quenouille (maghzel), placé sur la jambe nue de la fileuse assise à même le sol, subira un énergique mouvement rotatif de la main pour tourner à la manière d’une toupie. Le rouleau de laine accroché à la pointe subi le filage par torsion, la légère traction lui donnera le calibre souhaité. Le fil ainsi obtenu sera enroulé en grosses pelotes pour être enfin, déroulé sur un écheveau. La trame constituée de fil en coton sera achetée en bobine chez le mercier. Le jour « j », un trio de femmes sera mobilisé dans une grande cour ou dans une place communautaire, pour confectionner la trame à fil. Il sera piqué au sol, à plusieurs mètres l’un de l’autre, des pieux métalliques appelés « melzem ». Assis aux deux extrémités, le duo de femmes sera chargé individuellement, d’ancrer le fil tendu par celle qui fait la navette. Le navigateur (el maniar), un gros roseau de plusieurs mètres placé près de l’un des pieux, arrimera le fil par alternance à l’effet de le faire croiser tout le long de l’ouvrage. Ce n’est qu’à cette phase où l’on peut mesurer le génie de ses infatigables fourmis. Archaïque ou rudimentaire, le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’il n’est nullement l’œuvre d’esprits simples ou non évolués intellectuellement.
L’étape terminée, l’ouvrage est monté et arrimé par du gros fil sur la poutre mère du métier à tisser, appelée « khachba ». Cette pièce en bois, en forme de « U » à ses deux extrémités et creusée de petites perforations tout le long d’une de ses arêtes, jouera un rôle important dans la tension du tissage par pression forcée. Fixée au sol, elle permettra, le tirage de la trame par son extrémité libre, empalée par un gros roseau que deux ou plusieurs femmes debout tireront à bout de bras. La doyenne, aura pour tâche de démêler les fils enchevêtrés ou de réparer les éventuelles ruptures. A la manière d’une musicienne jouant de la harpe, elle passera et repassera les doigts tendus, paume vers le haut, pour vérifier la sonorité de la tension. La poutre jumelle, tenue et appliquée sur l’autre bout de l’ouvrage tendu, subira un mouvement rotatif descendant pour enrouler toute la trame jusqu’à rejoindre la poutre-mère. Les deux poutres maintenant jumelées, seront prises à l’unisson pour être enfin montées sur le métier. Un bien grand mot, il ne s'agit en fait, que de deux grossiers chevrons de bois (gaima) en forme de Y au sommet et troués plusieurs fois à la base. Dressés vers le haut, ils se solidariseront chacun avec une pièce en bois ( mélouch) plantée perpendiculairement au mur. Elles vont constituer le point de fixation des chevrons qui vont sustenter le tissage. La corde de chanvre, sera le moyen de serrage et de levage du métier. La poutre inférieure placée en mortaise sur les chevrons, subira des pressions descendantes pour être bloquée par un butoir métallique introduit dans l’un des trous de la base du chevron. La trame subira une autre tension en son milieu, par des tendeurs en cordelette attachés au mur appelés « jabades ». Cette phase est toujours accompagnée d’un rituel familial pour marquer le début de l’ouvrage. Le bruit sourd du peigne à main (kh’lala) qui tasse les fils, l’un sur l’autre, fait apparaître progressivement l’étoffe tirée latéralement, cette fois, par une ingénieuse pince artisanale appelée : adhadha. La tisseuse pouvait abattre jusqu’à deux ouvrages par mois. Certaines d’entre elles, en payèrent durement le prix, par l’invalidité due à l’effort physique soutenu. Les plus gros bénéfices tirés de ce savoir faire populaire, sont empochés par les intermédiaires et les négociants.
Le 26/04/2010 1/ Imposant turban
2/ Chamelon
3/ Poil de chameau







je voudrais trouver si possible des documents qui ont rapport entre la peinture et le costume,cordialement, Md Labidi .
labidi mohamed - professeur aux beaux-arts - alger, Algérie

20/11/2012 - 46781

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