M'sila - Bou Saada

Haidèche vous raconte Bous’ada d’il y a longtemps.



Haidèche vous raconte Bous’ada d’il y a longtemps.
Note du traducteur
La date du Samedi 12 Safar 1045 du calendrier Musulman correspond au Samedi 28 Juillet 1635 de l’ère Chrétienne.

L’usage a voulu que, très rapidement, la population a remplacé l’appellation « Aïn Bent Essoltane » par « Aïn Soltane ».
Bou Saada, ville du soleil, cité du bonheur, la porte de BS est située à 250km d’Alger. Le nom de la ville est celui d’un sage savant nommé dans le temps passé Abi Saada qui donnait un enseignement religieux et certaines sciences, le Coran, le hadith et le jihad contre les khaouarij. A l’arrivée des arabes musulmans au 6ème siècle hijri (12ème) certains responsables ont acheté l’eau de l’oued Bou Saada chez une tribu nommée el badarina ; celle-ci a changé de lieu et s’est déplacée vers k’sar el boukhari. Par la suite l’oued Bou Saada est devenu la propriété des Arabes arrivés de l’ouest sous la responsabilité du roi Sidi Thamèr et ses amis Dhaim Aissa Slimane ben Rabia qui se sont dispersés après leur mission. Ils ont fait naitre la petite ville de Bou Saada qui est devenue un grand carrefour pour les caravanes du Nord vers le Sud et du Sud vers le Nord ; c’était un point de transit pour les commerçants. Les caravanes du Sud amènent avec elles toutes sortes de dattes comme dèglet ennour, la datte écrasée et emballée dans des peaux de chèvre ou des caisses en bois, à dos de chameau, de la région du Zab ; la région du Nord livre du blé et de l’orge , la paille et plusieurs autres produits de la terre. Certaines tribus de la région de Bou Saada éleveurs de moutons et de chèvres livrent le beurre de mouton et de chèvre. Les commerçants de la ville transportent des produits comme le café le sucre, l’huile et autres produits d’épicerie et alimentation. Les artisans de la ville cordonniers, menuisiers, forgerons, couturiers de burnous et kachabia en laine de mouton et de chèvre et chameaux. D’autres artisans travaillent l’or et l’argent, le couteau bous’adi et le matériel agricole.

Une riche palmeraie est irriguée par l’oued à partir du haut de la montagne Kerdada. L’eau de l’oued est partagée en plusieurs séguia : A droite : Séguia de nékhara, el khachba, Mimoun. A gauche alimentées par les sources du vieux quartier on trouve : Aïn Sidi Thamèr, Aïn Essilamat, el majèn, Aïn el melha, (Aïn Loumamine). La palmeraie comprend 27.000 palmiers, des milliers de figuiers, des abricotiers, des vignes, pêches, coings, et pruniers grenadiers. On y cultive des tomates, piments, fèves, oignons, épices et herbes aromatiques. La palmeraie est divisée en petits jardins, propriétés des familles de la ville ; ceci était leur seule ressource de vie dans l’ancien temps. Elle était entretenue chaque jour, chaque mois, chaque saison par le père et ses enfants ; les familles riches de Bous’ada chargeaient un khammès de soigner leur jardin et il prendra un cinquième de la culture du jardin : dattes, tomates, fèves, fruits, etc. La palmeraie était habitée par ces petits cultivateurs (khammès). La plupart possédait un âne et une vache. Le lait est vendu matin et soir aux habitants de la ville qui se compose des quartiers suivants : el k’sar, Loumamine, ouled Attig, Zoukoum, ouled H’maida, el Achacha. Les gens achètent ¼ de litre, ½ litre, un à deux litres, pas plus, par jour. La nourriture en hiver se compose de tomates séchées, de piments séchés, de fèves séchées, d’abricots séchés, viande séchée, graisse , plusieurs épices, et certains fruits comme la grenade , le coing et les dattes. A partir du printemps, les propriétaires des jardins habitent leurs jardins de la palmeraie, dans des petites maisons construites en toub de terre, et un toit en bois de palmier, jusqu’au dernier mois de l’automne.

L’irrigation de la palmeraie est divisée en semaines. La durée de l’irrigation est faite selon la superficie du jardin. Les cultivateurs donnent une très grande importance à leurs jardins. La ville ancienne de Bous’ada se compose de 6 mosquées de la religion musulmane qui sont la mosquée de Sidi Thamèr la première mosquée qui date du 9ème siècle avec sa source d’eau, la mosquée d’ouled Attig, la mosquée Loumamine, la mosquée de Zoukoum, et la mosquée d’ouled H’maida. La majorité des habitants de Bous’ada pratique et croit à la religion musulmane. Dans chaque mosquée il y a une zawyia coranique qui est ouverte le matin, l’après-midi et le soir aux enfants de la ville. Entre ces trois périodes les enfants fréquentaient l’école française. Sauf le jeudi et mercredi après midi et la journée du dimanche. Pendant la seconde guerre mondiale tout le monde a décidé d’apprendre le Coran ou aller l’entendre dans les mosquées et les zawyias ; il y a beaucoup de gens qui apprirent le Coran pendant cette période de guerre.

Certaines industries de la ville : les moulins de blé, les fours de briques, les boulangeries, les écuries, les cafés de zajoua turque, l’industrie de l’alpha, le travail de la laine, le charbon, le bois, le transport de pierres et de sable, les carrières de sable et les plâtrières. Il se trouvait dans le passé 4 moulins de blé et farine qui existaient depuis plusieurs siècles. Le long de l’oued Bous’ada, le dernier moulin a fermé durant les années 70. Ces moulins sont nommés « moulin mozabite » , « moulin Serguine » , « moulin Ben Lamri », « moulin Ferrero » qui fonctionnent tous par l’eau qui n’a jamais manqué à l’Oued Bous’ada depuis et même avant la création de la ville. Tous les habitants et certains douars se présentent à ce moulin par leurs moyens de transport avec leur blé, orge, à dos de chameaux, mulets et ânes et chevaux, qui tirent des charrettes, et ensuite transportent le blé transformé en semoule.

Les fours de briques qui datent depuis plusieurs siècles sont construits près des carrières d’argile verte et les points d’eau. Les premiers fours ont été près de l’oued, le travail est fait manuellement : préparation de la terre, mélange à l’eau avec les mains et les pieds, ensuite cette préparation est coulée dans des moules, demi cercle (demi bouton), rectangulaires et carrés. Les briques seront exposées au soleil pour les sécher. Elles seront ensuite mises dans un four chauffé par le bois. Elles seront utilisées par les bains maures, les fours à pain, les toits, et même carrelage de briques. Il y avait aussi des carrières de pierres très anciennes qui se trouvaient au sud de la synagogue juive et au nord de la mosquée d’ouled Attig ; l’autre carrière se trouvait au nord de la caserne de l’hôpital, au nord de borj essa’a. Ces pierres servaient à la construction des murs, des dalles de marche d’escalier, des entrées de portes de maison et aussi certains quartiers ont été dallés avec ces pierres comme l’ancien mouamine (z’gague el hijar) et aussi dans l’ancien siècle, les Romains ont utilisé ces carrières pour leurs forts, et aussi les Turcs ont utilisé ces carrières et aussi les Français.

A l’arrivée de l’armée à Bous’ada en 1849 les sages de la ville ont caché sous terre toutes les ruines romaines pour éviter le colonialisme français de la ville de Bous’ada.

Et aussi les trottoirs sont faits en pierres taillées et les allées des trottoirs (pour l’eau de pluie) qui se dirigent vers les égouts construits en pierres. La région et la ville de Bous’ada est entourée de montagnes qui ont été utilisées comme carrières par toutes les civilisations. Bous’ada a une journée par semaine pour le marché où toutes les tribus se rencontrent pour vendre ou échanger leurs produits ; ils passent alors la nuit dans les écuries de la ville avec leur bétail : chevaux, mulets, ânes, chameaux, vache, chèvres et moutons ; il y a une très grande communauté économique où l’entraide dans les domaines de l’achat, la vente, les travaux communs entre riches et pauvres suite à la règle coranique que les gens de la ville respectent tous. Même les juifs et les chrétiens sont obligés de respecter cette communauté (solidarité) qui a fait de la ville de Bous’ada une cité du bonheur où tous les gens vivent une vie très belle et agréable avec une simplicité et une tranquillité des gens de la ville avec ses beaux quartiers, selon les coutumes musulmanes. Dans chaque quartier on trouve des petites places pour les gens (hommes et enfants) qui se rassemblent pour raconter leurs vieilles histoires et prendre la fraicheur en été. Ces places sont rahbats : loumamine, sabbat, abai, essilamat, echorfa, ramlaya, essouk, haouch el himaoued. Les femmes et aussi les enfants et les hommes malades et vieux se mettent au soleil pour se réchauffer sur les toits de leurs maisons et aussi passent la nuit en été. A partir du coucher du soleil au lever du soleil. Les familles vivaient dans des petites maisons construites en toub d’argile et les toits en bois couvert par de la boue, sable et la chaux. Certaines maisons sont construites en pierres et briques Les maisons des riches qui reçoivent toujours leurs invités de toutes les classes riches et pauvres et chefs de tribus et chefs de quartiers pour régler certains problèmes entre les tribus et les familles, difficultés de terres de labours et héritage ou bagarres dans le marché . Les cafés de la ville étaient tous équipés de tapis en alpha et petite table en bois (maida) avec des petits fours qui s’allument au charbon de bois. Les cafetiers préparent du café mélangé avec du sucre (zajoua), du thé avec du thym (khorgelène), tisane pour le rhume avec du thym et du Chih avec za’tar ; les gens passent leur temps à régler leurs problèmes de marché ou agricoles en racontant des vieilles histoires des temps anciens.

La vielle ville de Bous’ada et ses vieux quartiers

Elle est construite sur des petites collines, entourée par la palmeraie et les arbres qui embrassent les murs de la ville qui lui donnent une très bonne fraicheur surtout la nuit d’été qui est très chaud dans la région et dure presque dix mois Les sources et les fontaines donnent aussi la vie à la vieille ville pendant cette période d’été chaude. Pendant les quarante jours d’été toute personne touchée par les rhumatismes homme ou femme et supporte la chaleur des dunes de sable vont pendant l’heure du midi où le sable est chaud s’enfouir dedans pendant une heure pour dégager les douleurs rhumatismales car l’hiver à Bous’ada est très froid où souffle le vent glacial venant de l’Est de l’ouest et du Nord. Parce que la ville de Bous’ada est distante d’à peine 100km des montagnes enneigées. A l’est Ma’did, au nord Dira, au sud et l’ouest les monts des ouled Naïl.

Bous’ada et ses savants :

• La ville d’Aïn Bessam avant de choisir un imam devait le présenter aux ulémas de la mosquée de sidi Thamèr. Cela concernait d’autres villes aussi.

• Les sages de la ville qui ont fait cotiser tous les habitants de la ville, ont récolté la somme de 1500 dinars anciens qui a été donnée aux Bousaadiens qui faisaient le pèlerinage à pied en passant par Damas. Cette somme devait servir à acheter le recueil de hadiths de notre prophète Mohamed (QSDSL) : Sahih el Boukhari. Il a été commandé au cadi de Damas et devait être écrit à la main. Celui-ci, après leur avoir remis l’ouvrage signé et cacheté de sa main, leur rendit leur argent en leur demandant de le distribuer aux pauvres de Bous’ada



Signé : Haidèche (Mosquée sidi Thamèr)


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