Le peintre orientaliste le plus connu en Algérie est certainement le Français Alphonse-Étienne Dinet, devenu Nasreddine Dinet après sa conversion à l’Islam. Le peintre belge Edouard Verschaffelt a lui aussi vécu et travaillé à Boussaâda, ville où il est décédé en 1955. A Boussaâda, Verschaffelt avait aussi fait connaissance avec Dinet.
Un hommage posthume a été rendu cette semaine au Musée national public Nasreddine-Etienne-Dinet de Boussaâda (M’sila) à l’artiste flamand Edouard Verschaffelt. Aussi, la conférence hebdomadaire du musée Nasreddine-Dinet a été consacrée à la vie et l’œuvre de cet artiste qui avait épousé Fatima Brahmia, une femme de la ville de Boussaâda, et a eu beaucoup d’enfants dont Samia-Madeleine Verschaffelt, présente à cet hommage.
Au cours de cette cérémonie, Rabeh Drif, le directeur du musée Nasreddine- Dinet a annoncé qu’une galerie du musée a été réservée aux tableaux originaux de Verschaffelt, ainsi qu’à des reproductions de ses œuvres. Les présents ont salué cette initiative, affirmant qu’elle permet de mieux faire connaître au grand public cet artiste et sa fascination pour Boussaâda qu'il a adoptée et aimée d'emblée et reflétée dans ses œuvres.
Samia Verschaffelt a rappelé que son père avait épousé Fatima Brahmia, issue de la tribu Ouled Si Brahim. La fille de l’artiste a également évoqué l’une des toiles de Verschaffelt, intitulée «Boulenouar», du nom d’un ami proche de l’artiste, pour démonter l’attachement d’Edouard Verschaffelt aux gens de Boussaâda.
«Mon père refusait de vendre ses œuvres aux courtiers et préférait plutôt les céder aux passionnés de l’art dont la plupart n’étaient pas des riches», poursuit Samia-Madeleine Verschaffelt, qui est l’épouse du cinéaste Ahmed Rachedi, présent lui aussi à l’événement.
Saluant cette initiative (hommage), Ahmed Rachedi a indiqué qu'Edouard Verschaffelt, que certains qualifient d'orientaliste, est un «peintre algérien» qui a merveilleusement reproduit des pans de l’histoire de la région de la Hodna. Rachedi a également déclaré que cette initiative «ouvre la voie» pour faire toute la lumière sur près de 100 artistes peintres européens qui sont passés par Boussaâda et qui ont vécu de longues périodes dans la région laissant chacun une empreinte plus ou moins marquante.
Edouard Verschaffelt, né à Gand, en Belgique, en 1874, et décédé à Boussaâda en 1955, fut un homme profondément enraciné à l'Algérie. Il va produire une peinture de l'enracinement, de la passion et de l'approfondissement de cette réalité algérienne, différente de celle véhiculée par l'exotisme orientaliste. Verschaffelt a, ainsi, pris à contre-pied l'orientalisme académique colonial.
Cet élève des Academies de Gand et d'Anvers portait en lui, dès le départ, les traces ineffaçables de la peinture flamande et l'attirance pour l'impressionnisme. Il est donc arrivé en 1919 en Algérie avec sa première épouse, porteur de ces deux héritages fabuleux. C'est pourquoi il ne tombera pas dans le piège de l'orientalisme béat devant tant de soleil, de splendeur et de misère de l'Algérie de l'époque. Edouard Verschaffelt s'installe dans le pays et éprouve tout de suite une fascination pour Boussaâda qu'il adopte d'emblée. A Boussaâda vivait à l'époque Etienne Dinet (1861-1929) qui était devenu un notable de la ville. Verschaffelt rencontre tout de suite Etienne Dinet, mais, artistiquement parlant, il ne sera pas influencé par lui.
Après la mort de son épouse flamande, Verschaffelt se mariera avec une Algérienne qui apparaît dans les multiples tableaux qu'il lui consacre sa vie durant. Pierre Fontaine écrira à son sujet et au sujet de son art : «Il a su conserver la bonne mesure entre le trop léché d’un Dinet et l’abstraction picturale moderne.» Edouard Verschaffelt, mort en 1955, est enterré en Algérie, tout comme Etienne Nasreddine Dinet.
Posté Le : 21/01/2020
Posté par : msili
Ecrit par : Kader B.
Source : lesoirdalgerie.com