M'sila - Tourisme Divers

Bou Saada : une ville de bonheur aux portes du désert



Bou Saada offre un site merveilleux, mais donne l’impression de s’essouffler. Peu de projets sont inscrits dans cette ville qui constituait un lieu de villégiature vers lequel beaucoup de touristes affluaient. Bou Saada ! Ecrasée par un soleil de plomb, où la végétation se fait plutôt rare, du moins en ville.
Une poussière dense flotte dans l’air. Ici les coupures d’électricité et d’eau sont très fréquentes, presque régulières. Nous étions chanceux, nous n’avons eu droit qu’à deux coupures, et puis, avec le temps, on s’y habitue. Bou Saada, qui veut dire bonheur, est une ouverture sur le désert.

L’hospitalité de ses habitants, sa position géographique, sa lumière et son charme avaient attiré de nombreux touristes, qui cherchaient calme et sérénité. Mais peut-on parler de Bou Saada sans évoquer les nombreux peintres qui ont aimé cette ville, comme Alphonse-Etienne Dinet, venu pour la première fois en 1884, et après plusieurs séjours s’y établit en 1904, prit le nom de Nacer-Eddine Dinet et s’installa dans une maison au quartier des mouamines ? Décédé en 1929, il repose désormais dans une koubba mortuaire qu’il avait érigée.

Edouard Verchafelt aussi y séjourna quelque temps ou encore Guillaumet qui y peignit la Fileuse ou la Seguia.

Un paysage enchanteur
A l’entrée de la ville, le visiteur reste subjugué par un paysage pittoresque. Au loin, les ondulations des montagnes s’étalent à perte de vue comme les vagues de la mer : un massif plissé sous l’action de l’érosion éolienne se dressant majestueusement, coiffant un ouvrage naturel qu’on appelle le billard.
Nous atteignons les bancs sablonneux que nous traversons avant de voir l’agglomération poindre au milieu d’une touffe oasienne. Ici, le regard se porte sur la steppe qui s’étend à perte de vue de part et d’autre. Il est vrai que quelques heures suffisent pour arpenter les coins de la ville coincée entre trois monts.

Mais la beauté du décor qu’offre la clarté vespérale, notamment lorsqu’elle caresse les flancs des versants alentour, nous force à une longue halte… un spectacle de lumière qui invite à la contemplation, voire à la méditation. De la matière pour les poètes et peintres afin qu’ils prennent à la volée quelques instants de ce type de scène pittoresque au milieu des palmeraies qui, depuis, se rapetissent.

Au grand dam de ses habitants, c’est une ville où l’eau jaillit abondamment grâce à la richesse de ses nappes phréatiques qui alimentent sans discontinuité les sources et les fontaines publiques. La terre est fertile et les potentialités agricoles de la ville sont énormes.

Pour peu que les jeunes se mettent au travail. Mais rien… on n’ose pas remuer la terre. Mais on sait que cette terre est généreuse, car les résultats se font sentir au niveau des EAC (Exploitation agricole collective) où de grandes superficies verdoyantes occupent la partie sud-ouest de la ville.

Culture maraîchère et arboriculture s’y côtoient merveilleusement.

Une terre féconde
Dans cette «cité du bonheur» la terre est féconde, cependant une concrétion urbanistique se développe comme une plaie béante pour amocher davantage l’ancienne médina ? Un temps présent envahi par une nouvelle vague de «squatters» au mauvais goût qui grignotent des superficies de terre oasienne, d’ailleurs comme la plupart des villes algériennes.
Et on ne peut éviter de se poser la question si, de son vivant, Dinet avait accepté d’élire ses quartiers dans un environnement sans âme... Tel qu’il se présente, à l’heure où la grisaille du béton s’offre le droit d’effacer la couleur ocre des parois de l’ancien ksar.

N’est-ce pas que le blason de la ville – composé d’une voûte ogivale, du lévrier, de deux palmiers, d’une dune et d’un soleil– est terni. Que sont devenus la vieille médina d’aspect saharien, ses places publiques, ses forts et ses mosquées pourvues de minaret ogival ? Piètre constat que les anciens des Ouled Naïl évoquent non sans un pincement au cœur… Si les remparts du fort Cavaignac qui surplombent le centre-ville donnent l’impression de résister à l’usure du temps, plusieurs demeures anciennes ont cédé.

Plus bas, les nouvelles constructions font fi de la spécificité architecturale de la ville des Ouled Naïl. La mosquée des mouamines qui fait face au musée Nacer-Eddine-Dinet a perdu de son lustre. Elle a fait les frais de la bêtise humaine, car des « bien-pensants » ont eu l’«ingénieuse» idée de détruire le lieu de culte datant de plus de sept siècles, pour ériger à sa place une laideur architecturale.

Les mosquées des Ouled El-Attiq et Echeurfa gardent, quant à elles, le témoignage de leurs éléments architectoniques d’antan. Les palmeraies abondamment arrosées par l’oued Bou Saada, qui s’y est creusé un lit profondément encaissé et dont les berges escarpées et ombragées de palmes – sur lesquelles Dinet tenait son atelier – formaient un paysage de rêve.

Ce beau parcours, au bord de l’oued et au milieu d’un paysage admirable, se prêtait allègrement à la promenade. Ce qui n’est plus le cas à présent, car les odeurs nauséabondes générées par les eaux usées à ciel ouvert agressent la limpidité des eaux qui serpentent le lit, qui prend naissance aux chutes de cascades, à partir du site appelé Moulin Ferrero, dont il ne reste, désormais, que des vestiges.

N’est-ce pas là un «bras d’honneur» à dame nature qui souffre de l’incivisme des uns et de l’incurie des autres ? On semble n’en avoir cure, en tout cas. En contrebas de la montagne Kerdada, un mausolée se dresse dans sa blancheur immaculée.

Un monument qui renferme la tombe du peintre Nacer Eddine Dinet et celles de son compagnon, Hadj Slimane Ben Brahim, et l’épouse de ce dernier, qui était blanchisseuse. Cela n’a pas empêché un riverain mitoyen de grignoter quelque arpent du terrain du tombeau.

Une mémoire que le musée national Nacer-Eddine-Dinet s’emploie bec et ongles à protéger.

Zaouïa El-Hamel, fief de la confrérie des Rahmania
Par la route sinueuse qui mène vers Djelfa, nous nous rendons à la commune El-Hamel.
Une curiosité s’offre à nous : la zaouïa El-Hamel, dont la masse semble couronner le village, bâtie sur la rive droite de l’oued Bou Saada. Cette structure religieuse de la confrérie des Rahmania, dont on s’attelle à restaurer les remparts, s’étale sur quelque 3 ha.

Nous apprenons que, jusqu’à 1904, la zaouïa, institution religieuse séculaire, eut la particularité d’être placée sous la direction d’une femme, à savoir Lalla Zeïnab, qui avait succédé à son père, cheikh Mohamed Ben Belkacem, personnalité religieuse influente, décédé en 1897.

Plusieurs personnalités religieuses ont défilé dans cette institution, comme Abdelhalim Ben Smaya, Cheikh Bachir El-Ibrahimi, Cheikh Snoussi, etc. La zaouïa qui possède une très grande bibliothèque riche de 1 098 manuscrits dont certains datent de plus de sept siècles, dispensait de nombreuses disciplines dont l’apprentissage du Coran, le fiqh, l’astrologie, la philosophie… Une institution dont l’école avait fermé en 1974 pour ne reprendre du service qu’au début des années 1980.

Pour cette saison, quelque soixante-cinq élèves fréquentent l’institution avec un régime d’internat. Désormais, le cursus se réduit uniquement à l’apprentissage du Coran. Sur les parois du mihrab de la mosquée, qui abrite le mausolée, est inscrite une épitaphe qui nous renseigne sur la date de sa construction : 1904.

La confrérie des Rahmania s’inspire de la philosophie des Ikhwane Essafa et de l’art oriental dominé par la gravure des icônes et autres sculptures florales et fauniques qui enjolivent les murs et autres motifs de bas relief sur les colonnes torsadées.

Dans la koubba de style byzantin et dont la coupole centrale est supportée par quatre faisceaux de cinq piliers chacun, reposent Si El-Hadj Mohamed Ben Belkacem et sa fille dont le centenaire de la mort a été commémoré en 2005.

Aïn Ghrab, une réserve enchanteresse
Bou Saada offre un site merveilleux, mais donne l’impression de s’essouffler.
Peu de projets sont inscrits dans cette ville qui constituait un lieu de villégiature, vers lequel beaucoup de touristes affluaient. L’EGT de Biskra doit revoir les «accus» de l’hôtel Le caïd qui est loin de mériter le label «Trois étoiles», tant la gestion demeure indigente.

Quant à l’hôtel Transat qui fait peau neuve, il demeure un bijou dont le nouveau propriétaire est la compagnie El-Djazaïr. Une jeune troupe d’Ouled Naïl, qui s’est produite dans cet hôtel, où elle a interprété des chansons du terroir, arborées par des danses des naïliate, ajoute au décor un aspect fantastique.



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