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Bou Sâada, La Cité du Bonheur



Bou Sâada, La Cité du Bonheur

Son nom arabe signifie « le père du bonheur » ou « cité du bonheur ». Elle est en quelque sorte un musée du Sahara et des Hauts-Plateaux, dont elle renferme tous les éléments », offrant « une synthèse de vie quasiment saharienne », une « carte postale du désert », avec « tout ce qu’il faut pour conjuguer l’illusion et l’authentique », expliquent les guides touristiques.
En l’occurrence, une ville bâtie sur une hauteur, un amphithéâtre, un véritable cirque entouré à sa base par des jardins de palmiers. Un ksar typique sur une belle terrasse, une île de verdure au milieu d’un océan de sable, qui se découpe sur « la croupe des montagnes bleuâtres dont les pieds s’enfoncent dans les sables brûlants du Hodna ».
Le ksar lui même est divisé en plusieurs quartiers correspondant aux sept principales fractions de tribus sahariennes, avec les classiques maisons de toub encloses de hauts murs et toutes surmontées d’une terrasse.
L’oued coule à ses pieds dans un lit profondément encaissé entre des berges qui enchantèrent Maupassant : « Le vallon de Bou-Saâda qui amène la rivière aux jardins, est merveilleux comme un paysage de rêve. Il descend plein de dattiers, de figuiers, de grandes plantes magnifiques, entre deux montagnes dont les sommets sont rouges (…) Le fleuve, le long de ce ravin, court et chante (…) ».
C’est là que des dizaines de peintre s’extasièrent également, et en particulier que Charles Dufresne esquissa à l’aquarelle ses impressions éclatantes de la palmeraie.
L'oued va se perdre ensuite dans la plaine en direction du chott El Hodna où Fromentin alla chasser la gazelle, « le désert jaune et assoiffé le boit tout à coup, aux portes des jardins, l’engloutit brusquement en ses sables stériles ».
« Quand on monte sur la mosquée, au coucher du soleil, pour contempler l’ensemble de la ville, l’aspect est des plus singulier , continuait Maupassant, les toits plats et carrés forment comme une cascade de damiers de boue (…) La nuit tombe ; on étend alors sur ce toit des tapis de Djebel Amour (…) puis toute la famille s’endort en plein air sous l’étincelant fourmillement des astres , » Les peintres ont su tirer parti du spectacle de ces terrasses transformées en dortoir , où l’on sommeille à la belle étoile sur les tapis ou sur un cadre de bois, pendant les chaleurs écrasantes de l’été.
En arrivant devant la ville, Guillaumet ressentit tout d’abord l’impression de ne voir qu’une grisaille uniforme émanant des constructions de terre : « des terrains poudreux inondés de soleil ; un amoncellement de murailles grises sous un ciel sans nuages ; des maisons d’argile découpant leurs silhouettes sur des bleus profonds ; une cité somnolente baignée d’une lumière égale, et, dans le frémissement visible des atomes aériens, quelques ombres venant çà et là détacher une forme, accuser un geste, parmi les groupes en burnous qui se meuvent sur les places : tel m’apparaît le ksar, vers dix heures du matin, par une journée de décembre … » C’est bien l’atmosphère qui se dégage de l’un de ses tableaux. La place Remlia à Bou-Saâda du musée d’Alger. Une sorte de vapeur grise enveloppe les maisons dont seules quelques-unes ressortent dans une faible lumière, passants et animaux semblent anéantis de torpeur.
Guillaumet eut la possibilité de poursuivre là ses recherches sur le clair-obscur en exécutant les toiles telles que Les Fileuses de laine à Bou-Saâda de 1885 ou l’Intérieur à Bou-Saâda de 1887. Il fut certainement celui qui apporta à la représentation de ces intérieurs ksouriens le plus de science de la lumière mais aussi de sensibilité : « Il fait voir les hommes et les choses ; il ne les décrit pas, il les éclaire », constatait son biographe en avançant même les mots de magie lumineuse. Le peintre raconta lui-même comment il put travailler, reçu à plusieurs occasions dans ces habitations avec l’accord du chef de famille : « Certes, la présence d’un homme qui ne fait pas partie de la famille, et à plus forte celle d’un étranger, est contraire à toute bienséance. L’étonnement de ces femmes de me voir n’est pas moindre que le mien d’être au milieu d’elles, les observant du regard qu’on donne à de jolis animaux en cage, étudiant leurs allures comme si elles appartenaient en réalité à quelque race humaine différente de la nôtre » .









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