BEN S'ROUR avec sa gendarmerie toute neuve et moderne qui tranche nettement avec tous les autres batiments faits de torchis ou de pierres,
Entre la gendarmerie (trois gendarmes y habitent avec leur famille ) et notre campement, la Mairie-Mosquée. Le maire sert de liaison entre la population, la gendarmerie et l'armée. Son rôle est bien délicat en temps de guerre. Comme la population est très infiltrée par le FLN et que l'armée française est très présente, le maire se trouve en grand danger, lui et sa famille.
Il y a aussi un garde-champêtre ( adjoint au maire), un ancien combattant de 39/45 qui finira tragiquement d'une balle dans la tête, lors d'une embuscade sur des camions de la harka; on n'a jamais su de quel camp est venu la balle !
Et voici l'école. Nous en apercevons la cour et les appartements pour 2 instituteurs , appartements que l'armée requisitionne pour ses officiers et le PC ( transmissions et bureau ). Les 2 classes restent ouvertes pour les enfants du village .
5 ou 6 mechtas complètent le campement. L'armée a entouré le tout de murets et de barbelés ainsi que d'un haut mirador pour la garde .
Près de la route de Bou-Saada, à l'entrée du village, la SAS (Section Administrative Spécialisée ). En 1960, 700 SAS quadrillent entièrement le territoire algérien dans le but de construire des infrastructures, de soigner la population, de scolariser les enfants et de rétablir l'ordre. Cela fait partie de la " pacification ".
A BenS'rour en 1958 la SAS existe déjà, elle est commandée par un sous-lieutenant médecin( un appelé ), une vingtaine de harkis la garde, l'instituteur y loge aussi . Le médecin y tient une permanence et soigne la population qui vient le rencontrer. Il m'a invité à assister à ses rencontres avec la population :
je peux témoigner ainsi de l'importance de son rôle.
La principale ressource restait les troupeaux de moutons et de chèvres pour le lait, la viande et la laine qu'ils filaient. Les poules et les poulets étaient recherchés.
Pour le transport : un âne ou un dromadaire. Le maire possédait aussi un cheval. Il nous est arrivé de trouver des attelages du genre un mulet attelé avec un dromadaire pour tirer une charrue en bois le plus souvent. A la suite d'un orage, au printemps quelques ares de céréales ( blé, avoine ou orge ) étaient semés dans les bas entre les touffes d'alpha.
Hors des villages, les gens vivent dans les " Raïmas " : tentes en poil de chameaux ou de chèvres, entourés de palissades de branchages et herbes sèches pour se protéger des animaux. Grands-parents, parents et enfants nombreux vivent ensemble. Ce sont des nomades qui suivent leurs troupeaux en fonction des herbages et des sources .
Dès qu'il y a une source, on rencontre une oasis, aux pieds des massifs montagneux ou au fond d'un oued. Nous y voyons des sédentaires qui ont construit en pierres sèches des " Mechtas " avec des jardins autour et à l'ombre des palmiers des cultures de légumes ainsi que des arbres fruitiers. Souvent ils ont aussi un élevage de moutons et partout quelques poules et des chiens, sans doute pour éloigner les hyènes et chacals; mais ces chiens savent très bien alerter leur maître de l'arrivée des trouphions ce qui avait l'art de nous énerver .
Tous les jeudis matins, grosse animation au village : c'est le marché ! De tous les sentiers, nous voyons arriver des gens avec les dromadaires et ânes chargés au maximum et un peu plus ! Ils se donnent rendez-vous à la place du marché.
On y vend dattes, oignons, choux, patates, orge mais aussi chameaux, moutons, poulets et encore beaucoup de tissus, de la quincaillerie et tout ce qu'il faut pour tous les jours. Mais c'est tout autant le lieu de rencontres, d'échanges. Ce sont surtout les hommes qui sont là : on y boit beaucoup de cafés. Quelques femmes aussi mais furtivement, elles ne s'attardent guère : elles doivent être dans les cours intérieures à papauter comme partout ... ! ! !
Posté Le : 10/05/2009
Posté par : hichem
Source : aecobois.over-blog.com