Mostaganem - Andalous

Sara Nouara. Chanteuse de Hawzi et Malouf : « Ce n’est pas trahir que d’innover »



Brillante élève à l’institut d’Agronomie, Sara Nouara n’en finit pas de subjuguer les mélomanes par son irrésistible voix qu’elle met au service exclusif de la musique andalouse. Cette sociétaire du Nadi El Hillal ne désespère pas de repousser les horizons à cette musique qu’elle dit aimer envers et contre tout. Entretien.

Comment Sara Nouara est-elle venue à la musique ?
Dès l’enfance, j’ai été bercée par les chansons que mes parents écoutaient. Instinctivement, je reprenais certains refrains que je fredonnais sans discontinuer.
Mais cela ne suffit pas pour atteindre les sommets ?
C’est vrai, mais par la suite, au niveau du collège, je faisais partie de la chorale et nous avions la chance d’avoir avec nous Bathoul Ould El Bey, qui fréquentait assidûment le Nadi El Hilal. C’est elle qui allait m’ouvrir les portes de cette prestigieuse association. A l’âge de 12 ans, j’y faisais mon entrée. Je suis rapidement prise en charge par celui qui va devenir mon maître et mon principal mentor. Il s’agit de Djillali Benbouziane. Déjà, en classe d’initiation, ayant remarqué mes capacité vocales, il n’hésitera pas à me consacrer, à moi toute seule, des séances de vocalise et de maîtrise instrumentale. C’est ainsi que je franchissais toutes les étapes en un temps très court.
Vous parvenez à la classe supérieure alors que vous êtes encore adolescente ?
Oui, c’est à 16 ans que je me retrouve avec des musiciens et des solistes chevronnés dont certains ont derrière eux plus de 30 ans d’expérience. Ils m’adopteront très simplement. C’est ce qui fait la force du Nadi où le brassage des générations constitue un puissant levain.
Y’a-t-il un instrument pour lequel vous avez un penchant ?
Le luth, incontestablement ! Durant mes années d’apprentissage, j’avais accès à tous les instruments. C’est une liberté que mon professeur m’avait octroyé et j’avoue que j’en ai pleinement profité. Maintenant, j’ai définitivement porté mon choix sur le luth.
Y’a-t-il une explication, ou est ce par snobisme ?
Pour la douceur des notes et pour le calme et la sérénité que cela me procure. Ensuite, à cause de sa place particulière dans les Maquamates arabes qui sont pour moi la quintessence de la musique traditionnelle. Il permet les escapades vers toutes les autres musiques. J’ai aussi eu la chance d’avoir pour maître et pour modèle le professeur Boukraâ, qui est un grand virtuose du luth.
Avez-vous des projets en dehors de vos études d’agronomie ?
Mettre des couleurs et du rythme dans la Nouba. Rechercher les transitions entre les différents morceaux, sans rien renier, et produire une musique plus enlevée en introduisant par exemple une boite à rythmes dans le Khlass.
Vous ne craignez pas les gardiens du temple ?
Si on veut donner un nouveau souffle à cette musique, il serait judicieux de la faire partager à un plus grand nombre, en gardant l’interprétation classique aux seuls festivals ou aux rencontres entre les associations. Pour un public plus large, il serait judicieux d’éviter un M’ceddar, par exemple. Heureusement que le patrimoine est suffisamment riche pour offrir à chaque fois un bouquet aux multiples senteurs, en jouant plus de Hawzi et de Khlassate. Ce n’est pas trahir que d’innover.
Comment concilier la musique et les études ?
Sans la musique je ne sais rien faire ! Lorsque je m’absente, c’est l’andalous qui me stimule pour rattraper mes cours. J’y trouve une force intérieure qui me porte vers l’excellence. La perfection que je retrouve dans la musique, m’aide à mieux appréhender mes études. C’est très complémentaire chez moi et ça marche à la perfection.
Des projets ?
Persévérer dans l’apprentissage de ce patrimoine et le donner en offrande au public.


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