La coquette cité de Mazagran peut se prévaloir d’une certaine paternité sur Mostaganem, sans que cela puisse choquer outre mesure.
Pour les historiens, la cité de Sidi Belkacem a toujours eu un certain ascendant sur sa voisine qu’elle peut toiser d’en haut. Accroché à une falaise abrupte, qui lui donne une allure inhospitalière, Mazagran peut sans faire sourciller décliner une longue histoire de luttes et d’exubérance. Cette cité millénaire deviendra célèbre grâce à ses sources d’eau douce qui auront largement contribué à sa prospérité. Dans son « aperçu des relations commerciales de l’Italie septentrionale avec l’Algérie, au moyen âge », Louis de Mas Latrie la cite parmi « les ports d’Algérie où les commerçants italiens se rendaient le plus habituellement au XVe siècle…, pour y apporter des étoffes, des draps, de la verroterie, des ustensiles et autres objets fabriqués ; ils en rapportaient des grains, des fruits secs, de l’huile, du fenouil, des écorces tanniques, du bois d’aloès et des ouvrages de sparterie, principalement des corbeilles, des cabas et des nattes confectionnés avec les joncs d’Afrique. » Toutes ces richesses n’étaient possibles sans la présence d’innombrables sources qui feront la réputation de Mazagran. Avec l’aide d’un authentique « Mazagrani », nous sommes allés à la recherche des sources sans lesquelles cette falaise austère n’aura jamais eu le retentissement qui fut le sien. On peine à retrouver le réseau d’irrigation qui maintenait une agriculture prospère. En remontant vers les hauteurs, on aboutit sur la place de l’ancienne mairie. Une splendide masure coloniale que cachent sans peine de robustes Araucarias. La place est construite sur le principal réseau hydrique de la ville. En contrebas on retrouve intacts les anciens lavoirs, taillés dans une roche venue d’ailleurs. Et là, divine surprise, un mince filet d’eau, rebelle à toutes les négligences humaines, continue d’entretenir l’espoir. Ce n’est pas un gros débit, mais l’eau suffit à maintenir vivace cette légende qui fit de Mazagran un jardin d’Eden. Nos interlocuteurs sont convaincus que cette eau est encore là, enfouie dans les entrailles de la ville. Pour s’en convaincre, il suffira de creuser. Sinon, il ne faudra pas s’étonner si les vieilles maisons continuent de s’écrouler les unes après les autres.
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Posté Le : 13/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Ali tlemcani
Source : www.elwatan.com