Mostaganem - Port de Mostaganem

Mostaganem, L’ancien phare égaré. Cette sentinelle des mers



Mostaganem, L’ancien phare égaré. Cette sentinelle des mers

La place de Mostaganem a joué un rôle capital durant la résistance héroïque de l’Emir Abdelkader contre les troupes d’invasion. Avec Oran et Tlemcen, c’est incontestablement cette ville côtière qui jouera les tout premiers rôles dans le soutien et l’approvisionnement des troupes.

Ce n’est pas sans raison que les cohortes d’invasion mettront tout en œuvre pour faire tomber cette citadelle. Une première bataille opposera sur le plateau de Mazagran, une escouade de l’Emir à un détachement de l’armée coloniale. La victoire des Français sera aussi rapide que la bataille. Mais l’impact au niveau des états-majors parisiens sera considérable. Mazagran rentrera dans le lexique français pour ne jamais le quitter. La région est de tous temps connue pour la luxuriance de son arrière-pays où les fellahs pratiquent une agriculture performante, où prédominent les orges et les cultures maraîchères. L’abondance n’y est point une simple vue de l’esprit loin s’en faut. De tous temps, la province d’Oran dépendait en grande partie de Mostaganem pour son approvisionnement en fruits et légumes. Malgré tous ces atouts, la ville qui pouvait fort justement prétendre à d’excellentes relations commerciales avec l’Espagne toute proche s’en remettait toujours à Oran, sa voisine. Cette situation s’explique par l’absence de toute infrastructure portuaire dans le Golfe. Alors qu’Arzew continuait de bénéficier de la grâce de sa rade depuis le comptoir phénicien et qu’Oran s’enorgueillit d’avoir avec Mers El Kebir, la plus grande rade naturelle de la Méditerranée occidentale, la côte mostaganémoise affichait fièrement sa farouche et inhospitalière façade maritime. Il a fallu l’arrivée du corps expéditionnaire français, dès les premières années de l’occupation, pour pallier ce terrible handicap. Rapidement, la colonisation avait pris soin d’installer les infrastructures nécessaires à son expansion. Contrairement à l’Emir Abdelkader qui ne découvrira les vertus de la marine que lors de son voyage d’exil, les partisans du Duc d’Aumale avaient rapidement pris conscience qu’une occupation de l’Algérie ne pouvait se faire sans la maîtrise de la mer. C’est pourquoi, dans leurs projets, l’implantation d’un port entre Alger et Oran devenait une nécessité absolue et c’est pour cette raison que l’érection d’une jetée sera rapidement envisagée à l’endroit même où trônait le mausolée de Sidi Maâzouz El Bahri, dont les restes seront transférés vers les hauteurs de Tigditt. Rapidement, une minuscule jetée d’à peine une cinquantaine de mètres sera érigée. Devant l’ampleur du trafic, elle subira plusieurs extensions successives jusqu’à l’arrivée de Napoléon III. A la fin du XIXe siècle, le port de Mostaganem avait déjà fière allure. Cette rapide extension se fera sous l’œil vigilant d’un phare probablement érigé dès le lancement du tout premier abri. Lorsque le port aura sa configuration actuelle, ce premier phare sera totalement abandonné au profit de ceux balisant l’entrée du port. Rares sont les habitants de Mostaganem qui connaissent ce vieux phare délabré et totalement livré aux oiseaux marins qui n’hésitent pas à venir régulièrement s’y reposer. Erigé sur un rocher surplombant le port, il constitue une vieille relique dont on a du mal à se séparer. La maison du gardien, construite bien plus tard, continue d’abriter une famille qui, sans le savoir, aura permis à cet édifice rudimentaire d’échapper à l’usure du temps et des hommes. Ce petit joyau n’aura pas échappé au pinceau alerte du miniaturiste Hachemi Ameur, qui l’immortalisera en une superbe peinture exécutée en de chatoyantes couleurs. Récemment, l’œuvre fera l’objet d’une acquisition au profit d’un ambassadeur d’un pays européen, en visite dans la région. Pour les amateurs et les mécènes, le phare oublié est toujours visible au coin de l’immense belvédère qui prolonge la place de l’ancienne Caserne des douanes.




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