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Mostaganem, 1er Forum international sur l’Expression artistique et le Soufisme, Polémique autour d’un certain mysticisme



Au long de son élégante intervention, le professeur Eric Geoffroi de l’Université de Strasbourg articulera sa conférence autour du statut de la musique en Islam. D’emblée, il mettra en exergue l’absence de toute forme d’interdiction formelle de la pratique musicale dans le Coran.
Ajoutant que ce qui n’est pas interdit est implicitement autorisé. S’appuyant sur des textes de l’imam Ghazali Hojatou El Islam (1058-1111) pour qui toute musique prend la valeur de celui qui l’écoute, le conférencier ajoutera, citant encore une fois à l’imam Ghazali, que la musique peut élever l’âme et la rabaisser, soulignant avec force que pour cet exégète du Moyen-Age, il n’est point interdit d’écouter chanter une femme. Se référant à l’apogée de l’empire musulman sous le règne des abbassides, le chercheur strasbourgeois rappellera qu’à Baghdad, la musicothérapie servait à soigner les maladies psychiques. Ce qui l’amènera naturellement à aborder le rôle de la musique et du chant qui sont, dira-t-il, une nourriture spirituelle, en ce sens que la musique sacrée touche le cœur du musulman. Chez ce musulman occidental comme il aime à se définir, soumis à un environnement particulier, il n’y a pas de frontières entre les musiques sacrées. Invitant son auditoire à s’ouvrir aux autres genres musicaux, Eric Geoffroi parlera des sensations que lui procure l’écoute de Beethoven ou de Bach. Quant à la pratique du Samaâ, ou le chant en groupe qu’affectionnent la plupart des confréries religieuses, le conférencier n’omettra pas de rappeler les positions du cheikh El Akbar, Mahieddine Ibn Arabi (1165-1241), qui avait une préférence marquée pour la méditation silencieuse. Il en sera de même, dira-t-il, du cheikh Abou El Hassen Ech Chadily (1196-1258), le guide suprême de la tariqa chadilya, qui avait une certaine aversion du Samaâ, ce qui ne n’empêchera nullement ses nombreux disciples et descendants d’en faire une réelle mouture spirituelle. Concernant la danse, en islamologue de renom, Eric Geoffroi rappellera que, de son vivant, le Prophète n’a pas découragé Djaâffar, le frère de Ali, lorsque, apprenant une bonne nouvelle, il entama une danse salvatrice en sa présence.

Similitudes trompeuses
Il lui succédera le professeur Shankaré de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, dont la principale préoccupation consistera à trouver des analogies entre la mythologie hellénique — dont il est un fervent défenseur — et le Coran. D’emblée, cet intervenant n’hésitera pas à affirmer que le soufisme serait né dans la Grèce antique et que son appropriation par les exégètes musulmans du Moyen-Age ne serait que le fruit des traductions effectuées par les savants musulmans de tous les textes anciens. N’omettant pas de souligner au passage que c’est grâce à ces traductions des livres anciens par l’empire musulman que l’Occident aura retrouvé intacts des textes que les guerres et les rivalités en Europe avaient irrémédiablement ensevelis. En parfait connaisseur de l’histoire antique, ce chercheur au parcours original, n’aura aucune peine à décrypter un nombre considérable d’analogies entre les mythologies grecques de Platon, Plotin et Aristote et la révélation coranique. Analogies qui lui permettront sans détour d’affirmer que le soufisme serait né dans la Grèce antique et que le Coran serait truffé d’emprunts à cette civilisation où il aurait de profondes racines. Une thèse que ne partageront point les universitaires présents dans la salle. Intervenant au cours du débat, ni le docteur Mokhbi ni son collègue Djerradi ne manqueront de signaler les raccourcis ayant permis au professeur Omar Shankaré d’étayer sa théorie par des similitudes factices. Sans rien renier du patrimoine universel et ses apports à la civilisation islamique, ils souligneront l’inélégance du conférencier lorsqu’il met sur le pied d’égalité une mythologie rédigée par l’homme et un texte divin. Intervenant à son tour dans le débat, le professeur Geoffroi soulignera à l’intention de son collègue que le fait que l’Islam soit la dernière révélée, légitimait le recours à des situations humaines antérieures, par pur souci d’efficacité pédagogique. S’apercevant tardivement de sa méprise, le professeur Shankaré insistera sur le fait que le Coran est à juste titre un rappel des autres religions révélées, soulignant que le mot « dikr » est sans doute le terme le plus cité dans le saint Coran




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