Mila

Saïd Chelmouni, ingénieur en chef prévisionniste à l'ONM: Un déficit en pluviométrie attendu pour cet hiver



Pourquoi il pleut de moins en moins avec des étés de plus en plus chauds, marqués surtout par des inondations meurtrières qui ont frappé plusieurs wilayas du pays ?

Autant de questions auxquelles a répondu Saïd Chelmouni, chargé de mission et ingénieur en chef prévisionniste à l'Office national de la météorologie (ONM).

S'exprimant hier, sur les ondes de la Radio nationale, Saïd Chelmouni a expliqué que ce qui est constaté ces dernières années, est que «les quantités quotidiennes de pluies qui s'abattent sur le pays équivalent aux quantités annuelles, vu leurs intensités sur l'écosystème global».

Revenant sur les dernières pluies diluviennes survenues au mois de septembre dernier à Béchar, l'invité de la Radio, a indiqué, que «cette région a reçu un total de 105 mm, soit l'équivalent d'une année d'averses, comme d'ailleurs d'autres régions du Grand Sud algérien où la tendance à la tropicalisation se dessine d'une manière de plus en plus marquée, ce qui nous a amené à classer ce genre de phénomène naturel dans la catégorie d'événements extrêmes pour améliorer les prévisions», a-t-il souligné. «La répartition de ces pluies enregistre un déséquilibre selon les régions», a encore expliqué Chelmouni, affirmant que «ces averses pourraient être bénéfiques pour certains secteurs, mais pas pour d'autres comme l'agriculture qui nécessite tout un cycle pour retenir les eaux pluviales».

Au sujet des Bulletins météo spéciaux (BMS) émis par l'ONM, l'hôte de la Radio a indiqué que «ces systèmes d'information présentent certaines lacunes, comme la nécessité de faire parvenir l'information en temps opportun». Raison pour laquelle, «nous avons mis en place, en 2017, des cartes de vigilance avec trois niveaux d'alerte (Orange, jaune et rouge), avec une bonne visibilité sur le site de l'ONM et une application mobile accompagnée d'une interactivité immédiate grâce au système d'actualisation instantané», a-t-il indiqué.

Un système d'alerte contre les inondations

«Il est très difficile, aujourd'hui, de quantifier les orages, que ce soit en été ou en automne où ces phénomènes surprennent le plus, notamment dans le Grand Sud où il est difficile de localiser les endroits où ils surviennent ; vient ensuite le Now-Casting, c'est-à-dire les prévisions à court terme, qui nous permettent de prévoir un phénomène, une ou deux heures avant sa survenue qui nous permet de gagner du temps et de donner l'alerte aux autorités, mais aussi aux citoyens».

L'invité de la Radio a également précisé que «l'ONM déploie aussi des modèles de prévisions et prend en considération la climatologie. L'ONM déploie une veille météorologique permanente pour surveiller, à la minute près, chaque phénomène». A ce propos, Saïd Chelmouni, a indiqué que «le système d'alerte précoce, composé de trois phases importantes (avant, pendant et après chaque phénomène), est destiné aux autorités publiques, comme aux populations, et ce, en fonction de la nature du phénomène qu'on prévoit dans nos cartes de vigilance».

Des experts du climat parlent d'un hiver prochain qui sera le plus rude depuis les 30 dernières années. L'ingénieur en chef prévisionniste de l'ONM, a estimé que pour cette saison, on prévoit un léger déficit de pluviométrie par rapport à la normale sur trois mois (novembre, décembre et janvier) dans certaines régions du Nord, avec des probabilités de 50 à 70%. Idem pour le Grand Sud où on prévoit également des déficits similaires», ajoutant que «les températures seront saisonnières, avec une différence positive légère par rapport aux normes climatiques».

Pour prévenir les inondations dévastatrices, Chelmouni a, enfin, révélé la mise en place prochaine d'un «système d'alerte précoce de lutte contre les inondations». «Une commission mixte a été mise en place pour mettre en Å“uvre ce projet, avec la participation de l'ONM, l'Agence nationale des ressources hydriques (ANRH), l'Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau, en collaboration avec la Délégation nationale des risques majeurs», a-t-il conclu.




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