Mila - Tariqa Aissaouia

Mila. Festival national des Aïssaoua : Vue sur la littérature et la poésie soufies



Sans pour autant occulter les festivals « off » programmés par le département artistique du commissariat, durant la même journée, à Chelghoum Laïd et Ferdjioua, les feux des projecteurs sont braqués en ce deuxième jour du festival national des Aïssaoua sur la communication très attendue du docteur Lakhdar Aïkouss ayant pour intitulé « Lecture dans la poésie soufie », tout comme l’intervention remarquable et remarquée du docteur Abdellah Hammadi qui développera le thème relatif à « La littérature des confréries ». Deux interventions ayant valeur de témoignages et de repères indélébiles sur l’ancrage du soufisme, ce courant ascétique et mystique musulman très important, apparu au Xe siècle, dans lequel les initiés cherchent, sous la direction d’un maître, à parvenir à l’union spirituelle avec Dieu et à la connaissance de la vérité divine. Le docteur Hammadi fera une magistrale intervention d’une demi-heure dans laquelle il relatera assez fidèlement l’histoire du soufisme, la littérature des confréries et mettra en relief aussi le rôle des zaouïas en Algérie à travers l’histoire de l’Islam et leur portée dans le combat pour la préservation de l’identité islamique. L’orateur tentera donc une rétrospective ponctuelle sur la littérature et le parcours des confréries entre le Xle et le XVe siècle. Une rétrospective qui se veut un condensé de repères chronologiques d’une valeur historico-culturelle inestimable, car ayant le mérite de la clarté et la noblesse de la philosophie soufie et une dynamique cultuelle et insurrectionnelle portée à bras-le-corps par des figures emblématiques de la révolution algérienne, telles que l’Emir Abdelkader, Lala Fadhma n’Soumer, Cheikh El Haddad, El Khengui de la zaouïa de Khenguet Sidi Nadji et bien d’autres révolutionnaires. Dans la même veine, Omar Benaïcha, représentant du ministère de la Culture, souligne que « la tariqa aïssaouia est certes née au Maghreb à l’orée du Xe siècle, mais elle a trouvé un enracinement profond et un épanouissement en Algérie ». Non moins orfèvre en la matière, le docteur Lakhdar Aïkouss entraînera l’auditoire du cadre agréable de la salle des conférences (Maison de la culture) vers les tréfonds de la lecture et la poésie soufies en faisant un flash-back sur les poésies d’El Kindi, lbn El Arabi et Rabia à El Adaouia, cette « chanteuse dévergondée » qui se convertit à l’Islam après qu’elle eut épousé les thèses du soufisme. « La poésie soufie est d’essence spirituelle et puritaine, dès lors qu’elle est expurgée de toutes impuretés et est conçue pour l’évocation de Dieu », dira le conférencier. A la lumière de ces enseignements étayés par les témoignages d’historiens et d’illustres hommes de culture, il y a surtout lieu de retenir, contrairement aux jugements stéréotypés qui avancent l’idée que l’ordre des Aïssaoua serait un simple mouvement de chants et de transe nourrie, est, avant tout, une discipline religieuse qui place la contemplation, l’évocation et la grandeur de Dieu au-dessus de toute considération mondaine. Preuve en est que, de son vivant, le fondateur de l’ordre des Aïssaoua, Mohamed Ben Aïssa, « le cheikh El Kamel », ne faisait aucun usage de la musique et ne pratiquait aucune danse.




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