La situation à Mayotte, exacerbée par le cyclone tropical qui a ravagé l'île, met en lumière les failles structurelles d'un territoire officiellement département français, mais qui semble fonctionner sous un régime colonial de fait.
Voici une analyse des aspects les plus critiques :
1. Le contraste entre le statut et la réalité. Mayotte, devenue le 101I” département français en 2011, devait bénéficier des mêmes droits et services que les autres départements de la République. Pourtant, les conditions de vie sur l'île témoignent d'une marginalisation systémique : Absence d'infrastructures de base : La crise de l'eau est chronique, exacerbée par le cyclone, et révèle une gestion inadéquate des ressources. Précarité généralisée : La présence du plus grand bidonville de France (Kawéni) souligne l'ampleur de la pauvreté. Inégalités criantes : Les indicateurs sociaux (analphabétisme, chômage, coût de la vie) montrent un fossé avec les standards métropolitains.
2. Un modèle néocolonial. Mayotte est administrée comme une périphérie sans autonomie significative, où les décisions sont centralisées à Paris. Cela entraîne : Une dépendance économique vis-à-vis de la métropole, sans stratégie de développement local.
Une gestion inefficace des crises, où les priorités locales sont souvent ignorées. Une domination culturelle, avec une marginalisation des spécificités linguistiques et sociales mahoraises. 3. Les contradictions du « vivre ensemble ». Le slogan républicain « Liberté, Égalité, Fraternité » semble inopérant: Racisme et discriminations : Les Mahorais se plaignent de traitements inégaux dans les services publics et les politiques. Fractures sociales : Les tensions entre Mahorais, migrants comoriens, et autorités françaises aggravent le sentiment d'abandon. 4. Une situation économique intenable. Le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, et le coût de la vie (lié à la dépendance aux importations) maintiennent l'île dans un état de pauvreté structurelle. 5.
Les conséquences du cyclone. Le cyclone a mis en lumière la vulnérabilité extrême de Mayotte : Manque de préparation : Peu d'infrastructures sont adaptées pour faire face à de tels événements. Aide insuffisante : L'intervention de l'État est perçue comme tardive et insuffisante, renforçant la colère populaire. 6. Les perspectives nécessaires. Pour sortir de ce cadre néocolonial et répondre aux aspirations des Mahorais, plusieurs réformes sont indispensables : Investissements massifs dans les infrastructures : eau potable, routes, écoles et hôpitaux. Développement économique local : Encourager l'agriculture, la pêche et les petites entreprises pour réduire la dépendance. Autonomie locale accrue : Donner aux Mahorais une plus grande capacité à décider de leur avenir. Lutte contre les discriminations : Mettre en Å“uvre des politiques concrètes pour réduire les inégalités.
La visite d'Emmanuel Macron à Mayotte, accompagnée de nouvelles promesses face au désastre écologique et économique causé par le cyclone, s'inscrit dans une longue tradition de déclarations présidentielles qui, pour beaucoup de Mahorais, restent souvent sans suite. L'annonce de remplacer le plus grand bidonville de Kawéni par des logements décents soulève autant d'espoir que de scepticisme. Voici une analyse de cette situation. 1. Le poids des promesses non tenues.
Depuis des années, les gouvernements successifs ont multiplié les engagements à Mayotte, mais les résultats concrets tardent à apparaître : Infrastructures défaillantes : Les plans précédents pour améliorer l'accès à l'eau, l'éducation, et la santé se sont heurtés à des blocages administratifs et des moyens insuffisants. Bidonvilles persistants: Malgré des annonces similaires par le passé, Kawéni reste le symbole de la précarité à Mayotte. Ce décalage entre les discours officiels et la réalité nourrit un profond désenchantement parmi la population. 2.
Une stratégie de communication
? La visite de Macron peut être perçue comme un exercice de communication visant à montrer une réactivité face à la crise. Cependant, pour les Mahorais, ces annonces risquent d'être interprétées comme des paroles creuses si elles ne sont pas suivies d'actes concrets et rapides. 3. Les défis d'une reconstruction digne. Construire des logements « dignes des êtres humains » à la place des bidonvilles nécessite : Un financement massif : Or, Mayotte reste sous-dotée par rapport à d'autres départements français. Une planification à long terme : La construction de logements sociaux ou de quartiers structurés demande une coordination efficace entre l'État, les collectivités locales et les habitants.
La gestion des populations migrantes : Le bidonville de Kawéni abrite de nombreux migrants, ce qui complique la gestion de la situation sociale et économique. 4. Le cyclone comme révélateur des inégalités. Le cyclone a mis en lumière l'état d'abandon de Mayotte : Les infrastructures sont vulnérables face aux catastrophes naturelles. Les habitants vivent dans une précarité extrême, sans filet de sécurité efficace. 5. Pourquoi le scepticisme est légitime. Les Mahorais savent que les annonces présidentielles s'inscrivent souvent dans des calculs politiques ou électoraux. En outre : L'absence de suivi concret des promesses passées renforce leur méfiance. Les politiques publiques en direction de Mayotte semblent souvent paternalistes, voire néocoloniales, ignorant les réalités locales. 6. Ce qu'il faudrait pour regagner la confiance des Mahorais. Pour surmonter ce scepticisme, Macron devra aller au-delà des annonces : Un calendrier précis : Fixer des échéances claires pour les projets annoncés, avec des mécanismes de suivi transparents. Des moyens concrets : Allouer un budget exceptionnel pour la reconstruction et la modernisation de Mayotte. Impliquer les Mahorais : Associer la population et les élus locaux à la planification et à l'exécution des projets. Une stratégie à long terme: Inclure Mayotte dans un véritable plan d'intégration économique et sociale à l'échelle nationale.
Effectivement, les populations de Mayotte, tout comme celles d'autres territoires ultramarins, connaissent bien les discours coloniaux et leurs mécanismes, souvent déguisés sous des promesses de développement ou d'intégration. Ces discours, bien qu'adaptés à l'ère moderne, perpétuent des dynamiques de domination qui maintiennent ces territoires dans un état de dépendance et de précarité. 1.
Les mécanismes d'un discours colonial modernisé. Promesses de développement : Les annonces de constructions, d'infrastructures ou d'aides économiques sont récurrentes, mais souvent déconnectées des réalités locales. Discours paternalistes : Les autorités centrales parlent souvent de Mayotte comme d'un territoire « en retard » ou « à rattraper », ce qui infantilise les habitants et nie leur capacité à proposer des solutions adaptées. Absence de suivi concret : Les projets annoncés sont rarement réalisés dans les délais ou à la hauteur des attentes, alimentant un sentiment de trahison.
2. Une population consciente des dynamiques de domination. Les Mahorais sont bien conscients de la manière dont le pouvoir central instrumentalise leur situation : Exploitation des crises : Les catastrophes, comme le cyclone, deviennent des opportunités pour afficher une présence étatique, sans résoudre les problèmes structurels. Maintien de la dépendance : Les financements alloués sont souvent insuffisants et conditionnés, renforçant une relation asymétrique avec Paris. Récit du sacrifice républicain : On présente souvent l'effort de l'État comme une « générosité », alors que les droits des Mahorais devraient être acquis en tant que citoyens français. 3. La résistance à la rhétorique coloniale.
Les populations de Mayotte, comme dans d'autres régions marquées par un héritage colonial, développent des formes de résistance : Mémoires partagées : Les Mahorais ont conscience de l'histoire coloniale et de la continuité de certaines pratiques sous des formes modernisées. Revendications locales : Des mouvements sociaux, parfois réprimés, rappellent régulièrement que les habitants demandent non pas des promesses, mais des actes concrets et respectueux de leur dignité. 4. Le cyclone comme révélateur d'injustices structurelles. Le désastre naturel agit comme un miroir grossissant des inégalités systémiques : Préparation insuffisante: Le manque d'infrastructures solides témoigne d'une gestion négligente par l'État.
Conditions de vie indignes : Les bidonvilles et la pauvreté extrême reflètent une marginalisation qui ne date pas du cyclone, mais qui est le fruit de décennies de politiques inadéquates. 5. Un changement nécessaire. Pour sortir de ce schéma, il ne suffira pas de remplacer les bidonvilles ou de faire des promesses : Reconnaissance des torts historiques : Admettre que Mayotte, bien que département, est toujours gérée dans une logique coloniale. Souveraineté locale : Laisser les Mahorais décider eux-mêmes de leurs priorités, avec un soutien étatique adapté, mais non imposé. Investissements réels : Non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans l'éducation, la santé et l'économie locale.
La visite de Macron à Mayotte dans un tel contexte semble particulièrement controversée. Alors que des habitants dénoncent l'absence de secours depuis plusieurs jours et que des corps restent sous les décombres, le choix de mettre en avant des discours sur l'immigration clandestine et les expulsions peut apparaître comme décalé et indécent.
Ce genre de déclaration risque de détourner l'attention des besoins urgents de la population, comme le déploiement de secouristes, l'organisation des opérations de sauvetage et la prise en charge des sinistrés. En insistant sur les questions migratoires dans un tel moment, cela pourrait être perçu comme une tentative de politiser une situation dramatique pour des raisons idéologiques ou électorales, ce qui ne manquera pas de susciter des critiques. Il aurait été plus judicieux de centrer son discours sur la solidarité nationale et les mesures concrètes pour répondre à cette crise humanitaire.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : l'Histoire
Source : www.lequotidien-oran.com