Mila - Précarité

Débrouillardise enfantine à Mila: Les fleurs champêtres comme marchandise



Débrouillardise enfantine à Mila:  Les fleurs champêtres comme marchandise


Chaque week-end et les mardis après-midi, ces enfants descendent sur la route pour vendre des bouquets de narcisses, sacrifiant, besoin oblige, leur repos hebdomadaire.

Réduits à des conditions de vie précaires, des centaines d’enfants à Mila s’accrochent à la vie par de vagues attaches, en recourant à des activités harassantes et peu rentables. En ces journées ensoleillées, des dizaines d’enfants de familles démunies, des collégiens pour la plupart, occupent les bords de la RN27, entre Mila et Jijel, pour proposer des brassées de narcisses aux automobilistes. Objectif : se procurer de quoi se payer des vêtements ou de la nourriture.

Adam, Mouaâd et Akram sont quelques-uns de ces enfants de la localité de Sibaret, à l’ouest de la commune de Grarem-Gouga, qui, chaque week-end et les mardis après-midi, descendent sur la route pour vendre des bouquets de narcisses, sacrifiant, besoin oblige, leur repos hebdomadaire.

Et ces bouquets de fleurs qu’ils proposent aux usagers de la route, ils vont les chercher à des kilomètres plus loin: sur les montagnes de la commune de Chigara, située de l’autre côté du lac de Beni Haroun.

Lors de notre virée, samedi, sur la RN 27, les jeunes vendeurs de narcisses nous révèlent: «Nous devons partir tôt le matin à Chigara pour que nous puissions ramener les narcisses en milieu de matinée. Un aller-retour entre Sibaret et Chigara, c’est environ 14 kilomètres, que nous faisons à pied, et puis à Chigara, on doit quitter la route carrossable pour aller sur les reliefs où poussent les fleurs sauvages.»

L’un d’eux, Adam, élève en 3e année moyenne, souhaiterait réunir suffisamment d’argent pour s’acheter «une veste chaude à capuche». Avec son innocence d’enfant, il nous expliqua qu’il en avait acheté une, l’année passée, mais qu’il l’a abandonnée à sa cadette. Mais l’achat de nouveaux vêtements n’est pas la seule raison qui pousse ces adolescents vers les montagnes et sur les routes.

Beaucoup se livrent à la débrouillardise pour participer aux dépenses alimentaires de la famille. C’est le cas d’Akram. Ce dernier, emmitouflé dans une canadienne de taille adulte, espère plutôt aider sa famille à manger à sa faim.

«Je cède le bouquet de narcisses à 50 DA. Quand j’en vends plusieurs, j’achète du pain, du lait et de la pomme de terre et je rentre, j’abandonne le reste de mes fleurs à mes camarades».

Et c’est sur un ton de fierté, et sans y être interrogé, qu’Akram nous fera savoir qu’il a obtenu l’une des meilleures moyennes trimestrielles dans sa classe.

«J’ai eu 14,76 de moyenne au premier trimestre».

Nos jeunes interlocuteurs nous apprennent qu’ils pratiquent également la vente d’escargots, de déchets ferreux et de maïs grillé et des figues de Barbarie en été. Un lutte à bras-le-corps pour la survie!

Kamel Bouabdellah




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