1. Introduction
Médéa à l’instar de bonnes villes Algériennes, est une ville légendaire, remplie de culture et d’histoire, elle recèle un patrimoine considérable qui s’est manifesté à travers le temps en immeubles et en traditions, en se promenant à l’intérieur de sa vieille ville, dans ses rues moyennement sinueuses, en analysant ses façades harmonieuses et diversifiées, on peut facilement connaitre les différentes périodes qu’a traversées Médéa, et qui ont pleinement participé dans le façonnage de son paysage urbain, mais afin d’appréhender ce trésor dissimulé humblement depuis toujours derrière un mur d’enceinte qui n’est que virtuel.
1.1 Toponymie
Le nom de Médéa connaît des interprétations souvent contradictoires. Selon des sources historiques, la nomination fait référence à la fabrication de lemmdi par ses habitants qui veut dire le couteau. Cette appellation paraît être consolidée par le terme « Lemdani » qui décrit les habitants de la ville. Une deuxième, source considère que Le nom de Médéa provient du mot latin Médias, qui signifie le milieu de distance entre deux établissements humains. Selon Berbrugger A. "... appelée Medias, parce qu'elle était a égale distance de Tiniradi et Sufazare" . Quant à la troisième hypothèse, elle renvoie le mot au nom d’une reine romaine. Selon L. Cortès, La première version est la meilleure, car les arabes ont toujours appelé « Lemdani », les habitants de la ville .
1.2 Situation géographique de Médéa
Elle est située sur les flancs des montagnes du Titteri, et sur le versant sud du Djebel Nadhor, dans un territoire au relief très mouvementé. Elle est entourée par les Wilayas de Blida au nord, Ain Defla et Tissemsilt à l'ouest, Djelfa au sud, M'sila au sud-est et Bouira à l'est. Elle s’étend sur une superficie de 8.700 km², et est comprise entre les parallèles 35° et 36° N, et sur le méridien 2° E. Elle est à une distante du 40 km de Blida et de 89km d’Alg
2. PRESENTATION HISTORIQUE DE LA VILLE
2.1 Les Origines
Médéa est une ville millénaire, fondée par les anciens africains (les numides 202Av-JC – 49 Av-JC) . A l’arrivée des romains sur le territoire de Médéa . La présence fut marquée par la fondation d’un camp militaire et la construction d’un rempart défensif percé de plusieurs portes. Cet établissement fut relié à Berrouaghia et à Miliana, selon les parcours de crête secondaire. Le choix du site s'explique par son relief sécurisant et son emplacement stratégique qui permet de dominer l’ensemble de son environnement.
Au 10ème siècle Médéa fut renouvelée par Ziri Ibn Mennad, fondateur de la dynastie Ziride, décédé en 971 A.D., qui représentaient le califat fatimide . A l'arrivée des Ottomans, elle est devenue la capitale du Beylik du Titteri. En 1840, elle tomba entre les mains de l'armée française. Les sections suivantes donnent plus de détails sur ces époques successives.
2.2 La période Romaine
L’an 216 Ap-Jc, a connu l’arrivée des romains sur le territoire de Médéa selon le parcours du fond de vallée, ils se sont installés par la fondation d’un camp militaire et la construction d’un rempart défensif percé de portes totalement altérés. L’établissement fut relié à Berrouaghia et à Miliana, selon le parcours de crête secondaire. Le site de Médéa a été choisi paraît-il à cause de son relief défensif et stratégique, car il permet de dominer l’ensemble de son environnement.
Des indices matériels témoignent de l’emplacement de la ville de Médéa sur un établissement romain:
L’aqueduc qui présente les traces de construction antique situé à l’ouest de la ville, et qui fut utilisé pour son alimentation en eau. Une partie de cet aqueduc est conservée jusqu'a nos jours dans le lieu dit Bab Lakouas.
Des objets archéologiques : découverts lors de la construction de l’hôpital militaire en 1843: des médaillons, la photo d’une femme gravée sur un vase (croyant que s’est celle de la reine romaine), des œuvres, des tatoues de bronze, des poteries, et un fanal gris.
Le tunnel d’eau qui se prolonge sur une distance de 2.000 mètres sous la ville qui s’appelait El-madjine, dont les parois sont construites d’un mélange du gravier fin et du plâtre, et qui était utilisé à l’époque romaine
2.3 La période Musulmane
L'ère de l'Islam commença au 7ème siècle par l'arrivée des conquérants de la nouvelle religion dans la région du Maghreb. Cependant, Médéa ne paraît pas dans les sources musulmanes les plus reculées. Ce n'est qu’après 3 siècles que la ville a été rebâtie par le Zirides sous l’égide de Bologhine Ben Ziri Ben Menad en 972. Dés 1303, les mérinides ont construit sa citadelle et la mosquée Maliki.
A partir du 16ème siècle, Médéa était la capitale du Beylik de Titteri, lors de l'annexion du Maghreb al-Awsat a l'empire Ottoman. Pendant cette période 1530-1830, la ville connut des fortifications, la reconstruction de son enceinte et la réalisation de plusieurs portes telles que Bâb Lakouas, Bâb El-Ghort, Bâb Djzair, Bâb Ben Sidi Berkani et Bâb Sidi Sahraoui. En plus des deux forts, Bordjs (poternes), la ville a aussi connut la construction des mosquées Lahmar, celui de la caserne, El-Hanafi, et le fondouk.
2.4 La période coloniale
Malgré l'offensive de l'armée française qui a commencée en 1830, la ville ne tomba sous la domination coloniale que le 17 Mai 1840. Pendant cette décade de résistance, la ville est devenue, à partir de 1835 une ville de l'Etat naissant de l'Emir Abdelkader, d'où l’édifice qui porte son nom à ce jour.
Les révoltes des tribus des alentours lui firent perdre son importance et elle ne comptait guère plus de 4.000 habitants lors de la prise de possession en 1840 . Des travaux militaires de l'armée française furent entamés pour des soucis de défense. L'enceinte ottomane fut d'abord renforcée en même année d'occupation. Pour des soucis de défense, des issues qui permettaient de communiquer avec l'extérieur furent fermées. Une ligne de postes de control espacés fut créée.
A l'intérieur de la ville, des travaux de restructuration et de transformation de la ville commencèrent dés 1842. Une partie du tissu urbain fut rasée pour la construction de la caserne. Une autre partie fut percée par de larges rues et une place connue sous le noms de « place d’arme» fut créée. D'autres places, telles que: la place Sidi Sahraoui, la place des arcades, la place Mascara, la place du marché, la place Radon surgissaient en conséquences de ces percées. Ces opérations chirurgicales ont engendré de profondes séquelles dans le tissu historique et ont apporté des défigurations profondes à l’identité de la ville.
De nouvelles constructions ont aussi pris place. Un quartier européen au nord de la ville, fut crée selon deux axes perpendiculaires dont l’intersection forme la place Napoléon. La prolongation des deux axes reliait les portes El-Nadhor avec celle des jardins, et celle d’Alger avec celle des Arcades. L'identité européenne de la ville se renforça par la création de plusieurs édifices publics destinés à la nouvelle population tels que: l’hôtel, la mairie, la poste, l’église, et la synagogue.
En conséquence des extensions de la ville, ses portes connurent des déplacements et des reculements. Ainsi, la porte Bâb El-Ghort ou porte Mered fut déplacée vers le nord-ouest, et est devenue la porte Nadhor. Quant à la porte Bâb El-Dzair, elle fut déplacée vers l’Est, devenant la porte d’Alger. La porte Bâb Sidi Berkani, porte Neuve, fut déplacée vers le sud, devenue la porte des Jardins. Quant à la porte Bâb Sidi Sahraoui (porte du ravin), elle fut déplacée vers le sud tout en maintenant sa nomination.
Parmi les transformations physiques que connurent les édifices de la ville, nous pouvons citer la conversion de la mosquée Hanafite en église, ainsi que Dar El Emir en hôtel de subdivision. Quant à la mosquée Lahmar, elle fut démolit ne gardant que son minaret.
En 1915, Médéa connut la première extension extra-muros vers le Nord et l’Est. Des opérations de démolition de l'enceinte eurent lieu dès la 2ème guerre mondiale. Après l'indépendance, il ne restait du rempart que la partie ouest et une partie au nord, qui existe jusqu'aujourd'hui.
3. Les valeurs patrimoniales de la Vieille ville de Médéa
La vieille ville de Médéa, l’objet de ce dossier portant sa création en secteur sauvegardé, mérite sans aucun doute d’être protégée et classée patrimoine national.
Historiquement, elle est parmi les villes les plus anciennes de l’Algérie, une ville millénaire qui a joué un rôle très important dans l’histoire de l’Algérie. C’est une fondation romaine d’où vient probablement son actuel nom tiré du nom latin Lambdia, une ville refondue sous les zirides, puis, la capitale du Beylik du Titteri pendant plus de trois siècles de la gouvernance Ottomane. A l’époque coloniale française elle maintint son statut de chef lieu du département de Médéa. Aujourd’hui encore elle est le chef lieu de la wilaya de Médéa qui s’étend sur une superficie de 8700km².
Concernant sa richesse historique, elle est considérée comme un lieu de mémoire par excellence. Chaque coin de la ville nous révèle une vérité et nous rappelle un évènement tels que le tombeau de Sidi Slimane et son école coranique, la maison de l’Emir AEK qui était auparavant la résidence du dernier Bey du Titteri, Cheikh Boumezrag Mustapha, la maison de l’Emir Khaled, l’aqueduc romano-almoravide, le mur d’enceinte, la caserne/forteresse, etc. Médéa est aussi un lieu de ressourcement d’identité qui affirme l’attachement des Médéens à leurs traditions et leur culture.
Du point de vue urbanistique et architectural, ce centre historique recèle un patrimoine considérable facilement identifiable et aisément reconnaissable à travers la morphologie urbaine d’une part, et les différents styles qui caractérisent son paysage architectural d’autre part.
Le périmètre sauvegardé englobe deux tissus de natures différentes. Le premier, qui est le plus ancien est organique, et se caractérise par son homogénéité, sa densité et la silhouette de ses rues étroites et moyennement sinueuses. Le deuxième, purement colonial, est caractérisé par sa trame régulière et ses immeubles haussmanniens.
L’aspect architectural de ce centre historique est aussi diversifié marquent les différentes périodes qu’a connues Médéa. Outre le cachet Ottoman qui est omniprésent au sein de l’entité la plus ancienne, à savoir la ville précoloniale et traduit en plusieurs édifices de fonctions différentes, des mosquées, des ouvrages défensifs tels que le mur d’enceinte…, une gamme d’autres cachets marque le paysage architectural de cet ensemble urbain, qui n’est que le résultat de ce qui a subi la ville précoloniale et l’entassement de multiples phases de colonisation française. Il s’agit principalement du néo classique, style du vainqueur, puis du néo mauresque qui fut promulgué par Jonnart pour gagner la sympathie des autochtones, tout en appliquant l’ordre de Napoléon 3 lors de sa visite en Algérie dont Médéa faisait partie de son itinéraire, puis l’ art déco jusqu’à l’arrivée du style moderne.
elle a été créée en secteur sauvegardé par le décret exécutif n° 18-314 du 10/12/2018, après avis favorable de la commission nationale des biens culturels tenue le 30/06/2016.
la superficie du secteur sauvegardé est: 35hectares, 64 centiares et 39 ares.
Posté Le : 16/12/2023
Posté par : patrimoinealgerie
Source : cartes.patrimoineculturelalgerien.org