Chergui Habib s’en va à 92 ansChergui Habib, l’une des figures les plus proéminentes de la mémoire et patrimoine artistiques de la ville de Mascara s’en est allé comme il l’a toujours été, dans la dignité et la décence et pour rejoindre ses amis et complices, Meddah Kaddour, Benali Meghdir, Zahaf Mohamed. C’est lundi dernier que cet artiste et premier violon de la légendaire troupe «El Fen oua El Amal», est mort à l’âge de 92 ans. Parmi les nombreux précurseurs de la musique en harmonie ou en mélodie, le défunt Hadj Habib Chergui était le seul qui maîtrisait la technique de l’instrument musical qu’est le violon tant pour le solfège que pour le doigté. En juillet 1962, juste après la proclamation de l’Indépendance nationale de notre pays, c’est lui qui initia le premier gala musical en soirée sur la place de Baba Ali. Ce jour là, il chanta «Allah ou Akbar dina listiklal». Chergui Habib était un personnage sobre et sans écart. La musique, il la pratiquait en aristocrate, dans l’amour de l’art pour l’art car ce monsieur, avec ses grosses lunettes et son look d’instituteur de la vieille école, était commerçant en mercerie et en bonneterie, et là, encore en artiste. Les vitrines de sa boutique qui faisait angle entre «Trig El kebira» (rue Grande) et la rue Sidi Bousekrine, présentaient des articles en boutonnerie, en fil ou en paillettes collées à la mode et à la tendance du moment. Père de famille et citoyen de la médina de Baba Ali, Habib Chergui, avait le sourire rare pour cacher un humour brillant, celui des grands hommes. Le 8 juin passé, à l’occasion de la Journée nationale de l’artiste, le violoniste Hadj Habib Chergui a été honoré avec ses frères artistes, El Hendi Othmane et Arbia Zair. Bien que très fatigué, il se déplaça pour assister à la cérémonie organisée, en son honneur, à la Maison de la Culture Abiras Enaciri de Mascara pour recevoir des mains du chef de l’exécutif de la wilaya, M. Merzoug, la reconnaissance de sa ville Mascara. Un geste hautement symbolique. Chergui Habib s’en va et avec sa disparition un livre chargé de l’histoire musicale de Mascara se consume. Il était peut être temps que les mémorialistes et les chroniqueurs s’intéressent à ce registre. Plutôt que s’inventer des contes ronflants.
Posté Le : 04/10/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com