Laghouat - Revue de Presse

Hadj Nacer Aïssa. Président du bureau régional du CNDDC : «On réprime au lieu de dialoguer»


-La liste des bénéficiaires de logements destinés à  la résorption de l'habitat précaire à  Laghouat est largement contestée par la population locale. Peut-on dire qu'il s'agit là de l'unique raison qui cristallise la colère de la rue ' Situons d'abord les événements dans leur véritable contexte. En apprenant la distribution, en catimini, de logements à  des personnes qui ne sont pas forcément dans le besoin, des citoyens se sont tout naturellement rassemblés devant le siège de la wilaya pour exprimer leur désapprobation.
La manière avec laquelle a été établie cette liste a soulevé un vent de colère et de révolte aux quatre coins de la ville. La confusion entretenue quant à  la nature des logements distribués – logements sociaux ou destinés à  la résorption de l'habitat précaire – a alimenté les plus folles rumeurs. Il faut savoir que des milliers de Laghouatis, notamment ceux habitant le vieux bâti, attendent d'être relogés depuis des années.
Lorsqu'ils ont appris que la priorité en matière de relogement a été donnée aux occupants des bidonvilles ceinturant la ville de Laghouat, ils se sont légitimement sentis victimes d'injustice. Ce qui a donné lieu à  un mouvement de colère à  la fois pacifique et fédérateur. D'ailleurs, dès le premier jour de la contestation, les chômeurs se sont joints aux exclus du programme de relogement pour dénoncer cette hogra. -Quelle a été la réaction des pouvoirs publics ' Tous les responsables ont fait la sourde oreille, croyant que les contestataires finiraient pas se disperser au bout de quelques heures.Le wali de Laghouat, en tant que premier responsable, a été saisi par les représentants d'associations pour qu'il annule les listes des bénéficiaires. Nous lui avons demandé d'intervenir personnellement et de diligenter une commission d'enquête. Il a formellement refusé de revenir sur sa décision d'attribuer ces logements aux occupants des bidonvilles de M'hafir et Lafrane, malgré la gravité de la situation. Sur la place de la Grande-Poste, la foule grandissait de jour en jour. Mardi dernier, le wali a autorisé le recours à  la force pour disperser les manifestants après avoir refusé tout dialogue.C'est à  partir de ce moment-là que les affrontements ont débuté. La situation a dégénéré et les heurts ont duré de 8h jusqu'à midi. Comme seule réponse à  des revendications pacifiques, on nous a servi des gaz lacrymogènes et des coups de matraque. -Des dizaines de jeunes chômeurs ont été interpellés mardi dernier. Ils accusent la police d'avoir usé de «brutalité» et d'être à  l'origine des affrontements qui ont fait plusieurs blessés… Contrairement à  ce qu'on veut faire croire, les affrontements de mardi dernier ont été savamment planifiés pour faire avorter notre mouvement. Des baltaguia et des policiers en civil ont été mis à  contribution, incitant des jeunes à  s'en prendre aux édifices publics. Mais ils n'ont pas réussi à  faire sortir la contestation de son cadre pacifique. Comme preuve de ce que nous avançons, il n'y a qu'à consulter les vidéos publiées sur les différents réseaux sociaux. La mobilisation pacifique des citoyens de Laghouat a égratigné les responsables locaux. D'ailleurs, face à  la détermination des protestataires, qui ont campé plusieurs nuits sur la place de la Résistance, la solution qu'il leur restait était de procéder à  des arrestations arbitraires avant de tenter de déloger les manifestants par la force.
Sans aucune forme de discernement, les policiers ont tabassé tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Une plainte a été déposée, par le biais d'un avocat de Laghouat, contre les responsables de cette répression. Nous, nous n'avons jamais eu recours à  la violence depuis le début de la contestation. Si tel était le cas, les personnes arrêtées devraient àªtre poursuivies en justice. Aucune action en justice n'a été initiée contre eux, ce qui confirme le caractère arbitraire des arrestations, opérées tôt dans la journée de mardi. Et l'intention est toujours intacte de réprimer au lieu de dialoguer…
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