Laghouat - COMMUNES

GENEALOGIE DES GENS DE LAGHOUAT LAGHOUAT LIEU DE RENCONTRE ENTRE SEDENTAIRES ET NOMADES UNE VILLE OASIS OU LA LAINE EST TOISON D’OR



GENEALOGIE DES GENS DE LAGHOUAT  LAGHOUAT LIEU DE RENCONTRE ENTRE SEDENTAIRES ET NOMADES  UNE VILLE OASIS OU LA LAINE EST TOISON D’OR
« Passez dans un café de Laghaouat ou de Ghardaia ou dans un campement de nomades et dites : Gamr El Leïl et on vous répond Benkriou »

Belle contrée du grand barde Abdellah Benkriou et du résistant Bennacer Benchohra. Ces caravanes qui jadis faisaient leurs haltes, ville des sept ksours fleuris de palmiers comme pour annoncer l’entrée de ce désert verdoyant par ces oasis. Aux valeurs bédouines s’incrustent d’autres citadines attachées toujours à l’honneur de la tribu.

LES ALLEGORIES POETIQUES D’ABDELLAH BENKRIOU

Benkriou dira de lui mon ami Dr Boualem Bessaih qu’il était « un citadin paisible en proie à la passion ». La verve du poète a atteint « un degré de fécondité et d’imagination qu’il prend des allures de magicien illuminée ». Il a dans ses dessins dit-il encore des allégories dont seuls les poètes ont le secret.

Rien n’égale donc « Gamr El Layl » ce croissant de lune pour exprimer à la fois cette métaphore chère à la poésie anté-islamique d’El Djahilia. Obsédé par la lune, le voilà qu’il médite jusqu’à la prière de l’aube. On comprend que le poète fredonne ses poèmes comme des mélodies rupestres où la maitresse des lieux lui parée et drapée d’habits traditionnels en robes de couleurs vives rendant fascinante cette belle créature.

Les poèmes de Benkriou, dira encore Boualem Bessaih « sont emprunts d’une chasteté et d’une pureté remarquables. Seul l’hommage à la beauté se perpétue, se renouvelle et s’épanouit sans cesse ».

AÏN MADHI ET SES MED’H ET DU CHANT SACRE DE LA TIDJANIA

Mais dans cette contrée des saints il chante aussi le sacré en hommage au Prophète(QSSL), Aïn Madhi lieu de la Tidjanya n’est pas loin de cette ville pour versifier des med’h.

Comme dans toutes les régions de l’Algérie, on retrouve des vestiges préhistoriques et des ruines datant du temps des romains mais surtout berbères et arabes. La conquête française a eu du mal à s’installer.

Ce n’est qu’en 1852 après des combats meurtriers que Laghouat fut prise sous le commandement des généraux Du Baril et Margueritte. L’histoire de Laghouat fut racontée en 775pages par Kazi Hadj Mahmoud où Abdellah Benkeriou occupe une large place.

BENCHOHRA DANS LA RESISTANCE ANTI COLONIALE

Quant à Bennacer Benchohra qui est né en 1804 au village El Mekhreg Arch Ouled Si Aïssa de la tribu des Maâmra, elle-même faisant partie de la grande tribu de l’Arbâa. Ce résistant rejoint les rangs de l’Armée de l’Emir Abdelkader devenant un de ses meilleurs cavaliers.

Il s’allia avec Mohamed Benabdellah. Benchohra s’installe à Laghouat jusqu’au moment où il tomba entre les mains français en 1852. Il s’évade et rejoint la Tunisie pour revenir après en s’engageant dans la bataille de Makarine en 1854.

Il revient à Cheïkh Hamza Boubaker comme le rappelle notre ami Lazhar Labtar, d’avoir présenté l’œuvre d’Abdellah Benkriou, l’un des plus grands poètes du Melhoun du XIX s, qui avec Gamr El Leïl dépasse celle Hayzia de Ben Guitoun.

Benkriou est tombé amoureux d’une fille d’une grande beauté, de grande tente appelée Fatna Az Za’nounia, de la famille des Bensalem des Zaânin.

LAGHOUAT OU LE CODE D’HONNEUR DE LA TRIBU

La famille s’opposa à lui donner leur fille pour mariage. Il fut pour cela contraint à l’exil loin de Laghouat pour n’avoir pas respecter le code d’honneur. Dès la révolte des Ouled Sidi Cheïkh, Benchohra rallia la révolte de Bouchoucha en 1869.

Il persévère en adhérant à l’insurrection d’El Mokrani. Après l’arrestation de Boumazrag El Mokrani en 1872, Bennacer Benchohra mènera des combats depuis le Djérid(Tunisie).

Dès le 02 Juin 1875, il partit en compagnie de Cheïkh Mohamed El Keblouti vers Beyrouth, puis Damas où il mourra en 1884 après avoir livré une résistance plus de vingt-quatre années. C’est le texte du synopsis qu’Algérie poste lui a consacré en son hommage, un timbre oblitéré en 2018 sous le générique « La résistance du Cheïkh Bennacer Benchohra- Emission N°13/2018 ».

REPERES GENEALOGIQUES ET RACINES DES GENS DE LAGHOUAT

Revenons à l’aspect généalogique et les racines des Laghouatis. Il est clair que la cartographie de la répartition de la composante humaine dans ce territoire au portes du désert nous enseigne que la transhumance Nord/Sud puis Est/Ouest ont donné cette mobilité que nous allons présenter. Le côté géographique a polarisé les différentes tribus autour de Laghouat en tant que Cité.

Au niveau de l’actuel siège chef-lieu de la Wilaya nous retrouvons Arch El Arbaâ qui se compose des Maâmaras, Ouled Brahim, Ouled Salah, Al ‘Babda, Al Harazlia, Rahman, Al Mkhalif, Ouled Sidi Aïssa, Al Zakakza. 80% de la population appartiennent à l’Al Arbâa et le reste des Ouled Naïl.

Pour ce qui est de Hassi Rmel on retrouve les Mkhalif Djorb et Arch Al Hadjaj et Hassi Dlala. Quant à Kesr Al Hayran les habitants appartiennent aux Rahman connus du nom des Ouled Brahim dont une partie sont des Naïlis ainsi que ceux des Nacer Ben Chohra du Arch M’Amra, Zakakza et les Hrazlia.

En ce qui concerne Sidi Makhlouf se sont les Mkhalif Al Zarq qui occupent l’espace eu égard au djebel Lazrag suivi des M’asfia connus sous le nom des Mkazis sauf la partie comprise dans le quartier des Boudiaf qui sont des Naïlis.

LA TIDJANIA ET SES RESEAUX AU PLAN INTERNATIONAL

Pour ce qui est des habitants d’Aïn Madhi où se trouve le siège du khalifa de la confrérie de la Tidjania où sont installés aussi les Ouled Ziane. Par contre la contrée de Tajmout où se trouve la zaouia de Sidi A’talla où la majorité sont du Arch du même nom, ainsi que le arch Al Mkhalif Al Zarg et arch Ouled Salah.

Il existe dans la commune de Khang en majorité Arch Al A’babda. Alors que dans la commune de Tajrouna on retrouve les Ouled Sidi Mohamed Ben Youcef. Quant à la commune d’Al Houitta et la partie Nord de la wilaya il y a daira d’Aflou où vivent les Ouled Mimoun, Kaltat Sidi Saâd occupé par les M’ajlat , les Ouled Sidi Brahim où on peut citer les Ouled Sidi Yagoub Zrara.

Al Brida où se trouvent les Hmaza et les Ouled Sidi Nacer, Al Ghicha avec les Ouled Yagoub Al Ghraba et Oued Al Morra où se trouvent les Ouled Ali Ben Amer suivi des gens de Oued Mzi appelés Al Kamamta. A Sidi Bouzid on retrouve les Sbaqak, à Aïn Sidi Ali c’est les gens d’El Beïdha. Quant à El Hadj Mechri se sont les Taouila et ceux d’Oued Mzi. Il faut dire Laghouat et Aflou concentrent la plus forte densité de la population.

LES CHANTRES DU COURAGE NOMADE ET DE LA RÊVERIE

Pour conclure sur la généalogie des gens de Laghouat, on peut dire que les manuscrits et les poèmes nous ont renseignés sur de nombreux aspects de la vie et des traditions.

Se sont comme le dira Jacques Berque, ce fils de Frenda qui lui a offert toute sa riche bibliothèque personnelle en parlant des poète Melhoun « des Chantres du courage nomade et de l’éternel désir par ce message de demain et de toujours ».

Ces poètes qui ont chanté le courage des cavaliers lors des différentes insurrections contre les troupes coloniales, n’ont pas démérité aussi de vivre leur temps dans une conquête périlleuse où l’amour de la terre natale a toujours triomphé contre le mal.

Abdellah Benkriou en tant que poète citadin forgé dans les valeurs de la bédouinité et Benchohra en tant que résistant, sont attachés à l’honneur de la tribu où le bédouin et le citadin chantent en communion la liberté. Laissant « libre court à la méditation nocturne, égrenant pieusement les doux souvenirs de rêves et d’angoisse » Il n’y a qu’au champ d’honneur que tombent les héros.



Notes:

1-Cheïkh Hamza Boubaker : « Les trois poètes algériens-Med Belkheir-Abdellah Benkriou- Med Baytar » édit Maisonneuve et Larose Paris 1990.

2-Bachir Bediar : « Benkriou, sa vie, son amour, sa poésie » imprim Essalem Laghouat à paraitre.

3-Boualem Bessaïh : « Abdellah Benkriou-1899/1921 » Casbah editions-Alger 2009.

4- Rapport mouhafadha Laghouat sur la composante tribale de la population Année 2012.


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