Il n’y a pas de tourisme balnéaire, il y a juste de simples estivants fuyant la chaleur. A voir la débandade sur les plages et dans les villes côtières, l’on comprend que tout est livré à tout-va.
Conséquence du rush sur la Corniche, la saison estivale semble virer au cauchemar pour certains. Pour rouler en voiture, à Jijel, il faut avoir des nerfs d’acier, alors que pour se fraîchir en bord de mer, il n’y a pas d’autres choix que de mettre la main à la poche. Les plages ou les routes encombrées sont devenues un terrain de «racket» pour certains énergumènes qui n’hésitent pas à imposer leur diktat aux baigneurs.
Souvent, sans rechigner, ces derniers paient ce qu’on leur exige pour accéder à un espace public improvisé en parking par des squatteurs de tout bord. Des jeunes à la limite de l’adolescence, dictent leur loi à des estivants souvent démunis. Sur les plages, la cherté des prix est un autre constat relevé par le commun des amateurs de la grande bleue où chacun y va de son imagination pour renflouer ses poches.
Une simple bouteille d’eau minérale peut facilement coûter 50 DA, alors qu’un sandwich à base de frites est proposé dans des gargotes insalubres à 100 DA. Les marchands ambulants de produits alimentaires sans contrôle, pouvant être à l’origine de graves intoxications, est l’autre facette hideuse du « tourisme balnéaire » à Jijel.
Les petits métiers de l’été sont un moyen de faire vivre des familles entières, avouent certains. D’autres trouvent que cette situation a porté un coup à la quiétude des riverains, bousculés jusque sur les plages. «C’est vrai que les conditions sociales sont difficiles pour certains, mais de là à semer la pagaille sur des endroits censés procurer de la tranquillité, c’est inacceptable», réagit un citoyen que nous avons abordé sur un rivage.
L’incivisme, ajouté à l’absence d’hygiène, ont rendu certaines plages répugnantes. Des tas d’ordures et autres détritus sont abandonnés sur place par les baigneurs.
Agacés par ces comportements, des visiteurs de la célèbre Corniche préfèrent s’isoler et pique-niquer à l’ombre des arbres sur la route longeant la mer. Pendant que les plages font le plein de Kotama, jusqu’au dernier point frontalier avec la wilaya de Bejaïa.
Le transport est devenu l’autre casse-tête des estivants. Trouver un bus pour se rendre au Grand phare, au Rocher Noir ou encore plus à l’ouest, à El Aouana ou à Ziama Mansouriah, n’est plus une sinécure pour les jeunes de Jijel. Ceux qui viennent d’ailleurs et débarquent à la gare routière ouest éprouvent les pires difficultés à trouver une place dans un bus pour se rendre à la mer.
La situation semble empirer d’année en année lorsqu’on constate que les bus desservant les côtes ouest n’arrivent plus à combler la forte demande. Les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier de transporteur sont telles que certains ont tout bonnement abandonné leur bus. L’encombrement sur la route est un autre motif de désistement de ces transporteurs, qui peinent, avouent-ils, à faire un voyage dans des conditions normales.
Le tourisme balnéaire, dont on ne cesse de vanter les mérites à Jijel, n’est à l’évidence qu’un leurre dans ces conditions. «Il n’y a pas de touristes, il n’y a que de simples estivants qui viennent en bord de mer pour fuir la chaleur, mais qui n’y trouvent aucune commodité. Et puis quand on se bouscule dans un bus et qu’on achète un casse-croûte chez un gargotier qui exerce dans l’illégalité, est-on un touriste?» s’emporte un homme visiblement agacé par ces comportements.
L’inexistence d’infrastructures en mesure de jeter les jalons d’un véritable tourisme balnéaire dans cette wilaya aux atouts naturels encore à l’état vierge, est l’obstacle majeur à l’émergence d’une culture touristique. «Le tourisme, c’est d’abord un esprit d’accueil, un savoir-vivre et l’ouverture sur l’autre; les mentalités sont à changer si on veut se hisser au rang des villes touristiques», selon des avis recueillis auprès de plusieurs citoyens.
Zouikri A.
Posté Le : 26/07/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Zouikri A.
Source : El Watan.com du lundi 26 juillet 2011