Les scientifiques qui s’intéressent à la zone humide de Beni Belaïd, à une quarantaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de la wilaya de Jijel, ne sont pas au bout de leurs peines lorsqu’ils constatent avec dépit et amertume que ce lac est plus que jamais livré à l’abandon.
Les espèces d’oiseaux migratoires qui l’ont toujours privilégié pour nicher ou hiberner l’ont quitté.
“Il n’y a plus rien dans ce site, c’est désert, et il se désertifie davantage”, clame un chercheur biologiste qui a fait des thèses d’études sur cette zone.
L’irrémédiable avancée du sable par le fait d’un pâturage sauvage, mais aussi du braconnage et d’un empiétement dans sa zone, a rendu aléatoires les efforts préconisés par les scientifiques pour sa protection.
Dans l’espoir de le ressusciter, ces derniers se sont lancés dans un projet de peuplement de cette zone par une plante qui a fait ses preuves dans la fixation des zones humides. Ayant fait l’objet d’une thèse de master, ce projet consiste en l’utilisation de l’oyat, une plante scientifiquement appelée Ammophila arenaria, qui a bien existé sur ce site mais qui a disparu par le fait de son piétinement et du pâturage.
“Le site n’a pas été correctement protégé et il ne l’est toujours pas”, dénonce-t-on.
“Ici, dans ce site, toutes les espèces sont en dérangement, avec la disparition de cette plante, tout a disparu avec”, fait-on remarquer dans le sillage de ce cri de détresse des scientifiques qui s’intéressent au sort réservé à cette zone.
“C’est un patrimoine naturel national qu’on voit disparaître, de surcroît classé site Ramsar”, s’élève-t-on encore.
L’appel de protection de ce site est surtout lancé en direction des pouvoirs publics, interpellés pour le ressusciter et ensuite le protéger véritablement. Un grand travail de recherche mené dans ce lac naturel est au centre d’un projet scientifique qui nécessite l’implication des autorités.
“Sinon, ce site finira par disparaître”, avertit-on.
En moins de vingt ans, soit depuis 2003, année de son classement site Ramsar, le lac de Beni Belaïd a perdu 60% de son plan d’eau, dont on estime la superficie à 10 ha.
Ces avertissements sont ainsi lancés dans un contexte où l’Algérie a célébré, à l’instar des autres pays du monde, la Journée mondiale des zones humides, coïncidant avec le 2 février de chaque année, pour faire part de la menace qui pèse sur l’une des plus importantes réserves naturelles du pays.
Amor Zouikri
Posté Le : 05/02/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Amor Zouikri
Source : liberte-algerie.com du mercredi 5 février 2020