JIJEL - La protection de l’environnement dans la wilaya de Jijel, une région connue pour ses zones humides, c’est une affaire de sensibilisation, mais surtout de prise de conscience quant à la nécessité de préserver l’écosystème, estiment de nombreux écologistes.
C’est pourquoi des "portes ouvertes" sur la zone humide de Beni-Belaïd (sud-est de Jijel) figurent en bonne place au programme de la célébration de la Journée internationale des zones humides, célébrée le 2 février de chaque année.
Cette manifestation, mise sur pied par le parc national de Taza (PNT) et la Conservation des forêts, vise à faire connaître au public, notamment aux jeunes, l’importance de la préservation du milieu naturel, sujet, constamment, de dégradations multiformes dont le comportement de l’homme est toujours à l’origine.
Cette réserve naturelle classée Ramsar a bénéficié d’un programme de "mise à niveau" pour assurer la protection de ce site, sa sauvegarde ainsi que celle de la faune et de la flore qu’elle abrite, selon les responsables locaux des forêts.
Lutte sans répit contre le braconnage
Les travaux engagés ont notamment porté sur la réalisation d’une clôture afin de délimiter le périmètre du site, la mise en place de guérites de surveillance et d’observation pour lutter contre le braconnage et l’exploitation de la zone à des fins agricoles, le renforcement des capacités d’arrosage des riverains avec la création d’une dizaine de puits pour éviter d’utiliser les ressources hydriques de la zone et enfin le nettoyage et l’entretien des lieux.
La zone humide de Beni-Belaid (600 hectares), de par la richesse de son patrimoine faunistique et floristique, mérite, à bien des égards, une protection particulière, car elle présente un intérêt certain pour la biodiversité.
Le site se situe dans la partie Nord-est de l’Algérie, dans la daïra d’El Ancer (32 km de Jijel), dans le prolongement direct de la vaste plaine agricole de Belghimouz. Il est limité au Nord par la mer Méditerranée, au Sud par des terrains agricoles et à l’Ouest par l’embouchure de l’Oued El Kebir et par la route nationale (RN) n° 43 qui constitue l’accès à ce site.
Constitué d’un plan d’eau libre d’une superficie de 10 hectares, ce site est entouré d’une végétation lacustre composée de plusieurs espèces (Tamarix, Aulne glutineux, Fraxinus angustfolia, phragmites, typha...).
Un cordon dunaire qui sépare le lac de la mer est recouvert d’une végétation inféodée à l’écosystème dunaire, d’une zone inondable qui s’assèche entièrement en été, d’un espace agricole occupant une faible superficie lors de l’assèchement de la zone d’inondation, d’un oued et de son embouchure et, enfin, d’une plage et d’une zone marine.
Une diversité biologique exceptionnelle
La zone humide de Beni-Belaid est un site d’eau douce rare dans la région orientale du pays, selon des spécialistes de l’Environnement.
Elle renferme un nombre assez important d’espèces végétales rares et d’origines biogéographiques diverses, espèces méditerranéennes, paléotempérées, cosmopolites et tropicales. Le lac de Beni-Belaïd abrite, par ailleurs, une grande diversité biologique, une flore et une faune originales. La loutre y a trouvé un excellent refuge.
A propos de valeurs hydrologiques, le lac de Béni Belaïd, en période de faible pluviosité, assure l’alimentation des réserves en eaux souterraines, notamment celle de la nappe aquifère de Belghimouz et maîtrise les crues, en période de fortes pluviosités, tout comme il sert de dispositif de rétention des eaux excédentaires de l’Oued Adjoul.
Sur le plan floristique, Beni-Belaïd se distingue par des espèces rares. Sa faune est remarquable puisqu’on note la présence d’une avifaune riche et diversifiée comprenant de nombreuses espèces rares ou peu communes, selon des sources scientifiques. Ce lac possède également des espèces endémiques ou menacées.
Des dénombrements effectués par des ornithologues ont permis de relever le riche patrimoine faunistique composé d’espèces diverses dont nombre d’entre elles viennent des pays d’Europe pour y hiberner. Foulque macroule, grèbe huppé, râle aquatique, colvert, bécasseau, goéland brun, cormoran huppé, martin-pêcheur, mouette rieuse sont recensés parmi les hôtes de cette réserve.
La zone humide de Beni-Belaïd est située dans sa totalité dans une zone d’expansion touristique (ZET) portant le même nom. Selon des responsables de l’Environnement, cela ne peut constituer une contrainte, bien au contraire, cet espace naturel, très riche en flore et en faune, peut être très attractif pour une certaine catégorie de visiteurs, particulièrement les scientifiques, les universitaires-chercheurs et les ornithologues.
C’est pour cela qu’il est nécessaire de mettre en adéquation les différents aménagements à prévoir dans cette ZET avec l’écosystème de la réserve, considère-t-on.
Une batterie de textes pour sauvegarder les milieux naturels
Milieux productifs, les zones humides peuvent produire huit fois plus de plantes qu’une exploitation agricole intensive, de l’avis des spécialistes de l’Environnement qui soulignent que ces espaces assurent plusieurs avantages économiques à l’homme à travers la production halieutique, le maintien des aquifères pour l’agriculture, la stabilisation des côtes, la production de bois, sans oublier les loisirs ou la précieuse "bouffée d’oxygène" qui fait défaut dans certains grands espaces urbains.
Recherche, éducation, loisirs, détente sont autant de facteurs plaidant pour la valorisation des ressources biologiques que renferment les 600 hectares de réserve naturelle de Beni-Belaïd.
L’Etat, soucieux de l’importance capitale de ces grands espaces, a promulgué, ces dernières années, une batterie de textes réglementaires (lois relatives à la chasse, protection de l’environnement, espèces animales non domestiques protégées, classement des parcs nationaux et des réserves naturelles) pour la protection et la sauvegarde de ces milieux ayant un impact sur la vie de l’homme.
En outre, l’Algérie est membre actif de plusieurs organisations internationales s’intéressant à la protection et à la conservation de la nature (PNUE, CIPO, UNESCO).
Il demeure bien entendu que l’éducation, la sensibilisation et, surtout, la prise de conscience à propos de l’environnement restent les meilleurs facteurs pour prémunir ces espaces des menaces et des risques découlant, bien souvent, de l’incurie des hommes.
(Par Abdelhamid ZOUAD)
Posté Le : 03/02/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: APS ; texte: Abdelhamid ZOUAD du dimanche 2 février 2014
Source : aps.dz