En 1968, Jean Dherbey quitte son Vercors pour débarquer en Algérie dans la région de Jijel. Il aurait dû y rester seulement 18 mois, mais il rempile et ne quitte le pays qu'en 1973. Il raconte cette vie dans un livre, Rive sud ou le temps de l'espoir, paru aux éditions Bénévent. Récemment, après être parti en 2008 retrouver Jijel et ses élèves devenus pour certains des personnalités, il a fait un deuxième voyage, en ce mois de juin, quelques jours avant le cinquantième anniversaire de l'indépendance. Dans ses bagages, un deuxième roman, nourri de sa passion algérienne.
-Dans un premier roman, Rive sud ou le temps de l'espoir, vous aviez raconté vos années de coopération en Algérie. Un souvenir heureux '
Avec le recul, je me rends compte qu'il s'agit d'une période déterminante, totalement fondatrice. J'avais 22 ans lorsque j'ai rencontré ce pays et je ne connaissais rien du monde. Grâce surtout à mes élèves, j'ai découvert une autre culture, un autre regard, une sensibilité et une dignité qui m'ont profondément marqué. Je me retrouvais, naturellement, sur les valeurs essentielles qu'ils exprimaient avec une fraîcheur et une spontanéité rares. Même loin, des années plus tard, je n'ai jamais oublié ces moments intenses, durs quelquefois, mais enrichissants la plupart du temps. Je n'ai, qu'en de très rares occasions, retrouvé par la suite une telle qualité dans la relation avec mes élèves, que ce soit des collégiens, des lycéens ou des étudiants à l'université. Je dois à ces années-là l'adulte que je suis devenu.
-Grâce à ce livre et un article qui lui était consacré dans El Watan (le 23 juin 2008), vous avez redécouvert cette Algérie qui vous avait tant ému et vos anciens élèves. Vous en parlez dans un deuxième roman, Le vent ne doit pas te toucher. Comment sort-on d'un tel voyage '
Il est toujours très difficile de retourner sur des lieux qui nous ont fortement marqués autrefois et de retrouver des hommes, après avoir quitté des adolescents. Le moment de découverte d'un nouveau décor, sous lequel on peine à reconnaître l'ancien, peut être redoutable. Le danger des souvenirs est qu'ils sont sélectifs et qu'ils idéalisent parfois un peu trop la banalité. Bien sûr, Jijel a beaucoup changé, mais j'ai très vite perçu chez les adultes qui me recevaient la complicité qui nous réunissait alors. J'ai surtout été conforté dans l'idée que je ne m'étais pas trompé il y a quarante ans dans le regard que j'avais porté et dans l'analyse que j'avais conduite.
-Pourquoi ressentez-vous la nécessité d'écrire, alors que publier n'est jamais très facile '
J'avais écrit Rive sud au moment charnière de ma «retraite». J'avais écrit pour moi, exclusivement, comme un exutoire parce que mes mots, lorsque je racontais mon expérience algérienne à des oreilles non averties, se heurtaient immanquablement à des incompréhensions majeures, nourries de clichés. Ensuite, je me suis pris au jeu pour assouvir une passion qui ne m'avait jamais quitté. Mes voyages, la découverte d'autres cultures et d'autres histoires ont été des sources d'inspiration. Ecrire, c'est se mettre un peu à nu et affronter le regard critique de l'autre. C'est à mes yeux beaucoup plus difficile que de se changer dans un vestiaire ! Et puis, comment pourrais-je regretter cette démarche, puisqu'elle m'a permis, en partie, de vivre des moments exceptionnels en Algérie.
-Aujourd'hui retraité, vous avez fait un deuxième déplacement en juin vers ce point de votre existence. Est-ce un pèlerinage ou un ressourcement '
Je retourne voir des amis de toujours. Le cinquantième anniversaire de l'indépendance ajoute une note presque officielle, comme si l'histoire me donnait rendez-vous, moi qui, très modestement, ai contribué à la construction du pays. Ce pays qui m'a aidé à me construire aussi, me le rappelle avec cette célébration qui a été l'occasion d'évoquer des moments douloureux dont nous sommes convenus qu'ils appartiennent aujourd'hui à l'histoire de nos deux peuples et que, sans jamais les oublier, il s'agit maintenant de regarder l'avenir. La confiance totale que nous avons les uns dans les autres nous a permis d'aborder en toute franchise les thèmes les plus difficiles : la politique, le radicalisme religieux, les conséquences des printemps arabes et les attentats en Kabylie, le tourisme envahissant qui détruit les plages et l'environnement, les projets, l'économie et j'en passe...
Bien entendu je me souviens tres bien de Mr Jean Dherbey . Je me souviens aussi d'un autre professeur Mr petit qui nous avait quitte un peu top du fait qu'il etait gravement malade et je me rappele aussi que vous nous aviez dit qu'il avait grandit une barbe pour camoufler son cancer. 1 ou 2 mois plutard vous nous avez annonce sa mort. Vous nous avez dit qu'il voulait qu'on sache qu'il nous a beaucoup aime
Omar Boukhediche - Medecin - Mount Laurel, Etats-Unis
15/02/2019 - 396806
vous avez aimer l'algerie plus que n'importe quelalgerien.l'histoire vous seras reconnaissnte pour votre sincerite et votre devouement .vous avez a travers votre contribution soigner les sequelles du colonialisme.vous avez sus nous guider vers le progres et la joie de vivre.merci et merci et que dieu eclaire vos chemin
allel abderrezak - conseiller - alger, Algérie
16/01/2013 - 62837
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Posté Le : 01/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Walid Mebarek
Source : www.elwatan.com