Les habitants de la ville de Djanet, dans la wilaya d'Illizi, célèbrent la Sbiba, une fête annuelle puisant son origine dans l'histoire ancienne de la guerre que se livraient les deux principales tribus touareg du Tassili N'adjjers et le pacte de paix qu'elles signeront après des années d'affrontements. Une enveloppe budgétaire de 3 millions DA a été allouée par le ministère de la Culture pour l'organisation de cette fête traditionnelle qui se tient depuis le premier jour de l'an de l'hégire (moharrem) jusqu'au jour de l'Achoura, à l'initiative de l'Office du parc national du tassili (OPNT) et de la commune de Djanet, a indiqué le directeur de la culture de la wilaya d'Illizi.
Cette manifestation, qui regroupe les deux ksour dominant la ville de Djanet, se traduit par des joutes amicales entre leurs habitants et des danses sur les rythmes des tambourins. Des guerriers en grand apparat reproduisent les affrontements qui, il y a des siècles, déchiraient les tribus de la région.
Dans chaque camp, on s'entraîne, on lustre les armes d'apparat, on prépare les costumes de guerre aux couleurs bigarrées, on espionne aussi l'adversaire. Ensuite, les sages, au moment où la tension atteint son paroxysme, interviennent pour arrêter les affrontements entre les deux camps et finissent, après de longues palabres, par reconduire le pacte de paix signé par leurs ancêtres.
Une table ronde sur le patrimoine immatériel de la région d'Illizi au centre culturel d'Ifri, la projection d'un court métrage sur la Sbiba et des émissions radiophoniques sur la thématique du patrimoine immatériel du Tassili figurent également au programme de cette fête. La Sbiba est l'une des nombreuses fêtes locales du Sud algérien connu pour ses ziaras (fête en hommage à un saint patron). Pour la seule wilaya de Tamanrasset, on peut citer les ziaras de Moulay Abderrahmane, de Tazrouk et de Aoulef. Pour Adrar, le nombre de fêtes est encore plus important. C'est toute une saison qui est dédiée aux ziaras. Chaque village, chaque ksar sur la route des
oasis a son saint et sa fête dont la plus importante est la ziara de Reggani, à Reggane. Ces fêtes sont un véritable patrimoine qu'on gagnerait à préserver et valoriser, en faisant, cependant, attention à ne pas les dénaturer en les exploitant commercialement comme on l'a fait avec tant de fêtes locales.
R. C.
Posté Le : 17/08/2014
Posté par : hoggar
Ecrit par : Reda Cadi
Source : Publié dans La Tribune le 05 - 01 - 2009