La ville de Guelma perd d’année en année son cachet architectural. Des immeubles démesurément bâtis en hauteur ont poussé dans des quartiers de la ville, qui avaient jusque-là gardé leur homogénéité.
Devant cette urbanisation anarchique et choquante à plus d’un titre, des voix se sont élevées pour dénoncer cette situation, et certains même n’ont pas hésité à saisir la justice.
«Nous habitons une ruelle du centre-ville de Guelma dont la largeur ne dépasse pas les 3,5m. Notre voisin a vendu sa maison. Jusque-là rien de particulier. Mais le nouveau propriétaire a décidé de construire un immeuble à plusieurs étages. Nous nous y opposons fermement. Nous avons saisi la justice», a déclaré un plaignant à El Watan.
«Malheureusement, nous avons été déboutés par la justice, qui a déclaré notre plainte non fondée. Aujourd’hui, nous avons même perdu les rayons de soleil qui inondaient la ruelle», regrette notre interlocuteur.
Mais qu’en est-il au juste ? Y a-t-il des lois qui régissent ces cas de figure ? Peut-on construire des bâtisses à plusieurs étages dans des quartiers où la plus haute des maisons ne dépasse guère un étage avec terrasse accessible.
A entendre les professionnels du secteur, le décret exécutif n°91-175 du 28 mai 1991, définissant les règles générales d’aménagement, d’urbanisme et de construction, est justement un instrument pour faire obstacle à toute demande de permis de construire en porte-à-faux avec la réglementation.
«En effet, les articles 21, 22, 23 de la section n°2 du décret exécutif n°91-175, intitulés implantation et volume des constructions, sont à mon avis interprétés au cas pas cas. Et pourtant le décret est clair», tient à préciser un fonctionnaire des services de l’urbanisme et de la construction, qui a souhaité garder l’anonymat.
«A Guelma, il y a des situations ambiguës, comme tout le monde peut le constater», poursuit-il.
Ainsi, techniquement parlant, si l’on se réfère à l’article 23 dudit décret, ce dernier stipule que «lorsqu’une bâtisse doit être édifiée en bordure d’une voie publique, sa hauteur ne doit pas dépasser la distance comptée horizontalement entre tout point de celui-ci et le point le plus proche de l’alignement opposé». En clair, si la largeur de la rue fait 6 mètres, la hauteur de la construction doit être égale à la même distance, ce qui n’est visiblement pas respecté.
«Nous avons beaucoup de choses à dire en matière d’interprétation de cette la loi dans la ville. L’APC ne joue pas son rôle. Elle ne protège pas les vieux quartiers et les quartiers résidentiels de la ville, en délivrant des permis de construire. Elle se contente de jouer le rôle de boîte aux lettres, alors que les prérogatives du maire sont conséquentes. L’avis technique est donné par la SUCH (subdivision de l’urbanisme) ou la DUCH», déclare dans ce contexte Rafik Chabane, président du CLOA (Conseil local de l’ordre des architectes) de la wilaya.
«Je peux vous dire qu’il y a des incohérences dans l’application de ce décret. L’interprétation des textes se fait à la tête du client. Nous avons adressé une correspondance à la Direction de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction (DUAC) de la wilaya pour justement activer le comité d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement conformément au décret exécutif n°95-370 du 15 novembre 1995 fixant l’organisation et le fonctionnement de ce comité. Ce dernier est composé d’un représentant de la direction de l’architecture et de l’urbanisme, de l’agriculture, de la culture, trois (3) élus locaux, un représentant local du Conseil de l’ordre des architectes et enfin deux (2) représentants d’associations élus, dont l’objet est la préservation du patrimoine architectural, la protection et la valorisation de l’environnement bâti. Mais contre toute attente, nous n’avons reçu aucune réponse à ce jour», conclut-il.
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Photo: Aucune règle ne peut s’appliquer dans ce décor absurde (photo: El watan)
Karim Dadci
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Posté Le : 22/12/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Karim Dadci
Source : elwatan.com du jeudi 19 décembre 2018