Guelma

Il y a 70 ans, Badji Mokhtar tombait au champ d'honneur



Il y a 70 ans, Badji Mokhtar tombait au champ d'honneur
Les immenses sacrifices consentis par les Algériens pour leur liberté, leur indépendance et leur affranchissement du colonialisme français sont inscrits, pour l'éternité, en lettres d'or dans l'histoire de la lutte pour le recouvrement de la souveraineté nationale. Parmi les pages immortelles, il y a celles qui racontent la vie et l'héroïsme de l'un des planificateurs et des initiateurs de la glorieuse Révolution dans la région de Guelma, en l'occurrence le Martyr Badji Mokhtar (1919-1954) dont le 70e anniversaire de la mort (le 19 novembre 1954) est célébré cette année.
Le héros Badji Mokhtar, membre du groupe historique des 22, est considéré comme le premier chef de la lutte armée à tomber sous les balles des soldats de la France coloniale.
Des témoignages confirment, en effet, qu'il n'a vécu que les 19 premiers jours de la Révolution avant de tomber au Champ d'honneur à l'âge de 35 ans au cours d'une bataille épique dite «bataille de Regagma», dans la région de Draâ Chouaf dans les montagnes de Beni Salah dans la commune actuelle de Medjez Sfa qui a également vu naître et mourir, le même jour et les armes à la main, l'héroïne Chaïb Dzaïr.
Une brochure consacrée au parcours militant et combattant de Badji Mokhtar, fruit d'un travail conjoint entre la direction des Moudjahidine de la wilaya de Guelma et le secrétariat local de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), indique que les témoignages des compagnons de ce héros confirment qu'il s'agissait d'un homme aguerri, réunissant toutes les qualités d'un grand combattant, prêt au sacrifice, qui commanda le premier groupe armé qui fit exploser la glorieuse Révolution dans la région du pays située entre Souk Ahras et Guelma.
Selon le secrétaire de wilaya de l'ONM, Messaoud Rekik, le Chahid Badji Mokhtar est né le 17 octobre 1919 au milieu d'une famille instruite, à Annaba, où il avait suivi ses premières leçons à l'école « indigène » avant de s'installer avec son père à Souk Ahras.
M. Rekik, rappelant que le Martyr Badji Mokhtar «n'était pas une personne ordinaire», a souligné que ce héros de la première heure a légué aux jeunes générations l'amour de l'Algérie, lui qui s'était engagé très tôt dans les rangs de Scouts musulmans algériens et dans le mouvement national, entre 1940 et 1941.
En 1944, il parvint à se soustraire du service militaire obligatoire au sein de l'armée française après avoir délibérément jeûné pendant une longue période au point où il maigrit de manière spectaculaire, obligeant sa famille à le transporter sur une charrette pour qu'il effectue la visite médicale préalable à son enrôlement. Un stratagème payant puisque la commission médicale décida, vu son état, à l'exempter du service militaire.
Selon des documents d'archives, Badji Mokhtar, une fois débarrassé de «l'épée de Damoclès» que représentait sa conscription sous le drapeau français, se consacra corps et âme à son militantisme contre l'occupant et rejoignit, ainsi, en 1947, l'Organisation spéciale (OS) pour se charger de la formation des premiers groupes militaires, en collectant des armes et en formant les jeunes à leur maniement.
Les mêmes documents soulignent que Badji Mokhtar a été arrêté le 1er avril 1950, après la découverte par l'occupant français de l'Organisation secrète, pour être jugé et condamné par le tribunal d'Annaba à trois ans de prison. Transféré à la prison d'El Asnam (actuellement Chlef), il y rencontra ses frères révolutionnaires qui devinrent, plus tard, des dirigeants de la glorieuse Révolution.
Selon les informations recueillies par l'ONM dans la commune de Hammam N'bails (Guelma), le groupe de Moudjahidine dirigé par Badji Mokhtar a choisi de lancer la lutte armée dans la région Est du pays en portant des coups douloureux à l'administration coloniale, à l'exemple de l'attaque de la mine d'Antimoine de Hammam N'bails, 7 novembre, suivie d'autres opérations, notamment la destruction du pont ferroviaire dans la zone de Tahmimine à Medjez Sfa, et du pont d'Ain Senour entre Guelma et Souk Ahras.
Aujourd'hui, au moment où l'Algérie célèbre le 70e anniversaire de la glorieuse Révolution, il convient de relever que la patrie du million et demi de Martyrs, reconnaissante envers les héros qui ont planifié, préparé, déclenché et mené la lutte armée contre l'occupant de français, a mis le nom de Badji Mokhtar au panthéon de l'Histoire. Une wilaya de l'extrême-sud du pays et une grande université de l'est algérien, celle d'Annaba, en l'occurrence, portent en effet, dignement et avec fierté, son nom. Le 19 novembre de chaque année, les wilayas de Guelma et de Souk Ahras commémorent, conjointement, l'anniversaire de la mort du héros Badji Mokhtar au pied du monument érigé dans la commune de Medjez Sfa, à hauteur des limites administratives séparant les deux wilayas. Une commémoration qui donne lieu, chaque année, à une cérémonie de recueillement en présence des autorités locales, civiles et militaires, ainsi que de Moudjahidine, d'enfants de Moudjahidine et de Chouhada, et de nombreux citoyens des deux wilayas.
R.C.  


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