El-Tarèf - Eglise d’El Kala 	(Commune de El Kala, Wilaya d'El Tarf)


L’église Saint Cyprien d’El Kala oubliée
Sa tournée le conduira à El Kala pour voir «le Fortin», dit «Le Moulin», qui n’a pas livré tous ses secrets et qui surplombait les restes d’une nécropole punique détruite et disparue avec l’aménagement d’une placette. Il se rendra après cela à Ksar Fatma, à El Aïoun, au pied du Djebel Om Skek, dont la crête fait frontière avec la Tunisie. Il y a là un imposant vestige romain qui a la particularité d’avoir été à la fois un centre de production agricole et un centre de vie.

Bien entendu, un arrêt s’impose à l’arboretum du Tonga pour lui montrer le plus beau du Parc national d’El Kala. Puis, la bibliothèque d’El Tarf et enfin à Dréan pour inaugurer un cinéma. Il ne verra pas les sept autres sites proposés au classement, encore moins ceux déjà classés comme la Vieille Calle (le Bastion de France) ou l’église d’El Kala. Ces deux derniers ont subi les pires dommages, dégradations et mutilations depuis une trentaine d’années.

Les ruines de la Vieille Calle, témoin des premières implantations françaises du XVIe siècle, ont été vandalisées dès l’ouverture intempestive en 1987, dans le cadre d’une précédente relance du tourisme, par les estivants certes, mais également par les pouvoirs publics qui ont cru bien faire en balayant au bulldozer une partie des ruines pour faire passer la route qui n’avait pourtant qu’à suivre le tracé de la piste ancestrale.

C’est là que fut érigée Sainte Catherine, la première des églises européennes d’Afrique. Ce qui a été fait à l’église d’El Kala, Saint Cyprien, celle qui trône sur le Cours de la Révolution et dont les deux clochers et leurs longues flèches ont servi de repères à des générations de pêcheurs, est un crime contre l’histoire et contre la beauté et l’art.


C’est à en pleurer. Ce magnifique édifice a été construit en 1880. Il était convenu entre les deux populations que la première mosquée de la ville Radjel El Bhar serait un véritable petit chef-d’œuvre d’architecture. C’est pour cette raison que 50 ans à peine après sa construction, en 1930, elle est classée monument culturel.

Avant elle il y a eu une petite église sur la presqu’île de la Calle (ex-El Kala), appelée Eglise des corailleurs, érigée dès 1633 avec le déplacement des habitants du Bastion de France vers l’actuelle El Kala. Cette dernière a été détruite avec tout le pittoresque village maltais qui surplombait le port. Une nuit de 1985, les fortes pluies ont fait tomber quelques murs et les autorités de l’époque ont trouve le prétexte de tout raser pour le proposer à des promoteurs dans le tourisme qui ne sont jamais venus.

L’église d’El Kala, ses clochers jetés à terre parce que certes ils menaçaient ruine, a commencé par être donnée à des commerçants avec le rajout sur ses côtés d’échoppes qu’on voulait à l’époque pour l’artisanat. À l’intérieur on a fait des modifications, toujours visibles pour en faire une salle de spectacle pompeusement appelée centre culturel, mais où il n’y a jamais eu la moindre manifestation dite culturelle. En revanche elle a servi de lieu pour les foires commerciales pendant les saisons estivales.

Ce qui a contribué à la dégrader encore plus avec les petites fantaisies des uns et des autres. Elle est maintenant fermée depuis une bonne vingtaine d’années et on peut y pénétrer sans risquer d’y laisser la vie tant les chutes de pierre, des vieilles tuiles ou les boiseries de la charpente sont courantes. Il n’y aucune initiative pour la récupérer. Pas de plan, pas de programme, pas d’action concrète et à la longue elle va finir par s’effondrer en partie et on aura alors le prétexte tout trouvé pour la démolir complètement.



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