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Journée mondiale de l’environnement à El Tarf: Un écolo tente de se suicider pour sauver le lac Oubeïra



Journée mondiale de l’environnement à El Tarf:  Un écolo tente de se suicider pour sauver le lac Oubeïra




Lassé par ses appels sans écho aux autorités publiques, Bachir Ameur, président d’une association de protection de l’environnement, a décidé de changer de méthode.

Hier, dans la grisaille de ce matin de 5 juin 2016, Journée mondiale de l’environnement, que l’écolo a judicieusement mise à profit, il s’est installé sur le haut du pont-vanne du lac Oubeïra (El Kala) avec une corde autour du cou, un bidon d’essence et un briquet.

Il a ensuite appelé la gendarmerie, la Protection civile et la presse pour les informer de son intention de se donner la mort en s’immolant et en se pendant aux armatures du pont pour dénoncer l’indifférence des autorités devant la dégradation constante de ce plan d’eau de 2.500 ha, réserve intégrale du Parc national d’El Kala et l’un des premiers sites algériens classé Ramsar.

«On a volé une vanne du pont-vanne qui régule, lorsqu’elle fonctionne, les écoulements du plan d’eau. Maintenant le lac est en train de se vider. Comment a-t-on pu voler la vanne de plusieurs centaines de kilos soudée à son axe de relevage?» s’insurge Bachir Ameur.

Cette vanne, réalisée pendant la période coloniale, laissait entrer l’eau des crues dans le lac et la retenait ensuite le plus longtemps possible pour l’irrigation. Elle n’a pas été utilisée pendant des décennies et a même été refaite en 2013, elle n’a pas fonctionné et c’est tant mieux, car les vannes fermées retenaient l’eau.

Ce n’est plus le cas avec l’une des trois vannes en moins. L’eau coule sous le pont et le lac se vide.

Le défenseur du lac Oubeïra parle aussi de l’abandon de ce plan d’eau aux braconniers. Il y aurait quelque 200 nasses pour anguilles (en fait des verveux) qui y sont installées. Ce lac, autrefois concédé à une exploitation privée, est délaissé depuis le retrait de cette dernière pour des motifs contractuels.

Ce sont aussi les eaux usées de la zone éparse de Demt Rihanna, au nord, de celles de Meridima, au nord-est et de l’agglomération d’El Frin, au sud, qui se déversent dans le lac.

«Autrefois, nous raconte l’écologiste de 68 ans, et même après l’indépendance, on se baignait dans cet oued et dans le lac et l’eau était d’une limpidité cristalline. Aujourd’hui, vous voyez elle est noire et nauséabonde.»

L’entreprise, qui a été chargée de curer l’oued, allez savoir pourquoi, a cassé la conduite qui déversait les eaux usées d’El Frin dans un bassin de lagunage avant qu’elles ne rejoignent l’oued. Cela dure depuis des années et on n’a rien fait pour y remédier.

Comme on n’a également rien entrepris pour arrêter les agriculteurs qui ont labouré le bourrelet sableux qui marquait la limite entre leurs parcelles agricoles et le domaine public de l’hydraulique qu’ils ont fini par s’approprier, explique encore le protecteur du lac Oubeira.

De passage pour inaugurer de nouvelles réalisations à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement et de l’ouverture officielle de la saison estivale, le wali s’est arrêté pour l’écouter attentivement, nous dit encore Ameur Bachir qui l’a également entendu donner des instructions pour que des enquêtes soient ouvertes.

Bachir Ameur n’est pas un inconnu dans la région, c’est une figure de proue de la communauté du village d’El Frin (commune de Aïn El Assel). Ses combats l’ont mené en prison en 2012 pour 9 mois parce qu’il avait été accusé à tort d’être à l’origine du mur construit en une nuit en travers de la route nationale entre El Tarf et El Kala.

Un mur édifié par les populations qui réclamaient que l’on prenne en charge leur village devenu le ghetto des mal-aimés de la commune. 

Slim Sadki







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