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Elle a été la wilaya la plus touchée par les feux de forêts: Des pertes inestimables pour la biodiversité à El Tarf



Elle a été la wilaya la plus touchée par les feux de forêts:  Des pertes inestimables pour la biodiversité à El Tarf


Avec 2.725 hectares emportés par les flammes, la wilaya d’El Tarf a été la plus touchée par les feux de forêt qui ont décimé l’été dernier, entre le 1er juin et le 20 août, près de 32.000 ha (8% du domaine forestier national) dans 10 wilayas, principalement dans l’est du pays.

C’est également la wilaya la plus boisée, avec 176.000 ha de forêt sur les 3.340.000 que compte la superficie d’El Tarf. Des chiffres qu’il faut cependant prendre avec précaution, car la dénomination «forêt», est en fait un vrai patchwork qui rassemble tout ce qui est végétal et quoique qu’on ait fait appel à l’Agence spatiale algérienne (ASAL) pour mettre de l’ordre, cela reste un inextricable maquis.

Le Conservateur des forêts d’El Tarf, Lazhar Rahal, a précisé que du 1er juin au 12 août, date de la fin de l’épisode incendiaire, on a relevé 198 foyers dans les communes frontalières, avec une concentration qui a atteint 30 foyers par jour entre le 18 juillet et le 12 août. Pour Lazhar Rahal, les dispositifs mis en place et leur organisation ont permis d’éviter le pire.

On ne signale en effet aucune perte humaine ou destruction d’habitation. Les effets sur les activités économiques sont relativement minimes dans la même période. Le feu a détruit 1.707 arbres fruitiers, 1.141 oliviers et 36 pieds de vigne. Les éleveurs ont déclaré 24 têtes d’ovins, 1 tête de bovin et 125 ruches pleines. Si on les compare aux autres régions du pays, les dommages ont peu d’incidence sur les activités économiques existantes.

La cause, ce sont les massifs forestiers éloignés de l’exploitation agricole et des agglomérations qui ont été les plus touchés. Il s’agit de 1.174 hectares de chêne-liège, 155 ha d’eucalyptus, 21 ha de chêne zen et 2 ha de pins maritimes pour les arbres proprement dits.

Un hectare de chêne-liège donne théoriquement 60 quintaux de liège vendu à 600 DA le quintal, et un hectare d’eucalyptus donne 90 quintaux de bois de trituration à 1.000 DA/q. Ainsi, les pertes seraient de l’ordre de 56 millions de dinars.

Ce qu’on ne comptabilise jamais

Les pertes sont cependant plus importantes si on considère à leur juste mesure tous les bénéfices économiques de la conservation de la biodiversité, de l’esthétique des paysages, et leur utilisation durable quoique cet attribut soit aujourd’hui employé à toutes les sauces, ce qui lui fait perdre l’essentiel du concept qu’il porte. Calculer ces bénéfices et avantages fournis gratuitement par la nature est un exercice qui se fait aisément de nos jours. De nombreuses méthodes ont été mises au point et appliquées, avec des résultats très satisfaisants.

Mais pas encore chez nous, du moins en dehors des rares expériences menées dans les laboratoires universitaires. Les espèces animales et végétales dépendant de la forêt disparaissent lorsque celle-ci est détruite et sa superficie réduite. Nul n’ignore aujourd’hui que chaque espèce vivante est une banque de connaissances dans laquelle se trouvent les solutions pour l’avenir de l’humanité. Plus concret, le tourisme, que l’on clame être l’alternative aux hydrocarbures, se fonde essentiellement sur les paysages.

Combien coûteraient les pertes de cet été ?

L’écart entre la superficie incendiée déclarée à El Tarf, soit 2.725 ha, et celle des arbres détruits, 1.352 ha, est constitué en grande partie par les maquis qui sont des forêts (arbres) dégradées. Ils sont utiles, car, même moins riches que la forêt, ils contribuent encore à la réduction de l’érosion des sols. Mais pas seulement, nos maquis comme les sous-bois de chêne sont riches en plantes médicinales et aromatiques (PMA). Pour des besoins individuels et commerciaux, beaucoup d’entre elles sont récoltées.

De nombreuses tentatives pour la production d’huiles essentielles ont été également menées, mais sans dépasser le stade expérimental. Ces productions ne sont jamais comptabilisées dans les bilans des incendies de forêt. La cause, une vision obsolète de l’inestimable patrimoine que constitue le domaine forestier national.


Slim Sadki


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