EL-TARF: Un emploi à tout prix

Ils sont nombreux, des jeunes sans niveau scolaire conséquent, à peine celui de la 9e année scolaire, éjectés du système éducatif et dont le souci principal est de travailler pour se prendre en charge.

En dehors des circuits en vigueur dont la priorité est accordée à ceux qui ont un diplôme universitaire, comme le pré-emploi ou le filet social qui touche la frange des démunis et des sans ressources, ces jeunes, sans attendre l’âge majeur, commencent à s’initier à des menus travaux jusqu’à trouver le profil du métier qui leur sied le mieux.

A défaut, le plus souvent d’une formation professionnelle, ils se jettent sans prendre de gants dans les chantiers où ils accomplissent des travaux de manoeuvres en maçonnerie ou d’apprentis dans des locaux de mécanique, soudure, menuiserie ou électricité. D’autres deviennent, l’espace de quelques semaines, cafetiers ou receveurs dans un quelconque moyen de transport. L’un d’eux nous confiera qu’il travaille comme receveur de bus avec son cousin de 05h à 17 h, pour quatre mille dinars par mois. Juste le temps de s’occuper, dira Hamid, car il a déposé son dossier pour s’engager dans l’armée comme djoundi. Nasro, son cadet de deux ans, soit à peine dix-neuf ans, ne connaît pratiquement pas de répit et fréquente assidûment depuis quatre ans, le souk. Ayant débuté comme vendeur avec un marchand de tissus, il a fini par devenir patron après avoir acheté une place de trois mètres carrés dans un souk qui a la cote, auprès d’un autre jeune qui a donc cédé sa place. En effet, les endroits dans les souks les plus rentables de la wilaya d’El-Tarf comme ceux de Bouhadjar et El-Kala, se négocient au prix fort. Nasro s’est spécialisé dans la vente des nappes qu’il achète au prix de gros à El-Eulma, dans la wilaya de Sétif. Maintenant qu’il s’est fait une petite clientèle et que ses affaires marchent bien, il a acheté un véhicule de marque Renault. Ce n’est pas le cas du jeune «Titi» qu’un contrôle de douane l’a dépossédé d’une marchandise importée d’une valeur de huit millions de centimes. Titi dira qu’on a exigé de lui le «D3». «Ce n’est pas normal! On n’est pas des grossistes» et d’ajouter avec beaucoup d’amertume, «j’ai même dit au capitaine des douaniers: «considérez-moi comme votre fils. Je ne vole pas, je gagne juste ma vie pour aider ma famille. Il n’a rien voulu savoir». Et d’entendre ce capitaine répondre: «mon fils ne fera jamais un métier comme le tien». Sans se décourager, l’infortunité Titi va emprunter de l’argent et semble déterminé à remonter la pente.

D’autres jeunes, pour éviter les vicissitudes d’un quotidien souvent dur à supporter, sont constamment à l’affût et travaillent par à-coups en guettant une dalle qu’on va couler, décharger une marchandise au marché des fruits et légumes ou garder des voitures sur une artère fréquentée. Ces jeunes se retrouvent même dans les champs pour travailler.