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«Non à l'oubli, non à l'impunité» Dossier : les autres articles


«Non à l'oubli, non à l'impunité»                                    Dossier : les autres articles
A l'heure où l'on s'interroge sur «l'absence algérienne» de la chaîne des révoltes arabes qui a chassé les dictateurs de Carthage, de Syrte et des terres d'Abou Simbel, à l'heure où l'on épilogue sur la supposée «apathie» révolutionnaire des Algériens, s'autorisant parfois des insinuations sur la vaillance de nos pères et la légendaire bravoure des fils des Aurès, du Djurdjura et de l'Ouarsenis, survient le 23e anniversaire de la révolution d'Octobre 1988 pour rappeler qu'il y a bientôt un quart de siècle, la jeunesse algérienne avait inondé la rue de son sang, aux cris de «Algérie démocratique», faisant de l'Algérie la première nation arabe à s'engager dans la démocratie.
Souvenons-nous d'Octobre 1988, nos Bouazizi s'appelaient Ras El Kabous, Sid-Ali Benmechiche et autres noms incandescents qui portaient l'imberbe République face aux chars des ténébreuses casernes, Algérie seule et solennelle, sauvée par les amours adolescentes, c'était il y a 23 ans, le jeune homme épuisé dans Bab El Oued, une honorable goutte de sang sur son sourire et le poète qui lui disait : «Sois seul et en éveil entre tous les morts et que le sang tombe sur toi comme la pluie.»
Ce fut l'Octobre de cette aube muette où gisait, nue et éternelle, la dépouille de la jeunesse sacrifiée, quand un orage noir annonçait le dernier râle de la dictature. Ils ont ouvert le chemin céleste de la liberté, la liberté de la presse, la liberté politique, la liberté de dire, d'écrire, de penser... Ils avaient juré de n'être à jamais que les enfants de toutes les mères libres de ce monde, héritiers d'une Algérie trahie de ses blessures...
Ils étaient là, mère martyre, face aux chars de Chadli, à te bénir, de Bab El Oued à Tébessa, de Ouargla à Nédroma, cet Octobre que nous avons passé à pleurer nos chairs calcinées, à pleurer Sid-Ali fusillé, à pleurer notre jeunesse amputée, oui, à pleurer et à nous battre. A quel appel avions-nous répondu ' sinon à celui des mères de Novembre et des fils du Printemps 1980 ' nous qui arpentions les ruelles ensanglantées d'Alger, seuls et en éveil entre tous les morts, le sang tombant sur nous comme la pluie ' «Ne refuse rien à la République, ne refuse rien à la liberté, vis pour l'amour et meurs pour la liberté !»
Nous nous souviendrons toujours d'Octobre pour qu'aucun de nos martyrs ne finisse finir en martyr oublié, son nom à peine gravé sur une pierre tombale, offert à ceux qui auraient su s'en servir. Nous nous souviendrons d'Octobre parce que, nous le savons, les morts ont tort si après leur mort il n'y a personne pour les défendre. Oui, nous exigeons et nous exigerons toujours le jugement des assassins et des tortionnaires d'Octobre 1988. Non à l'oubli ! Non à l'impunité ! Nous exigeons et nous exigerons toujours la reconnaissance officielle et effective du statut de martyrs de la démocratie avec ce que cela suppose comme prise en charge des blessés et des ayants droit. Nous nous souviendrons d'Octobre pour que jamais on n'oublie ce prix qu'il a fallu payer pour arracher la terre des mains des vautours.

Hamou L'hadj Azouaou
Vice-président de l'association AVO 88
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