El-Oued - Piqure de Scorpion

L'envenimation scorpionique : Fatalité ou laisser-aller coupable '



Tout autant que les accidents de la circulation, l'envenimation scorpionique est devenue une fatalité que tout le monde semble admettre comme une chose inéluctable.  S'il est vrai que ce phénomène morbide se cantonnait jusque-là dans le Sud et les Hauts- Plateaux, il n'en est pas moins que c'est un problème de santé publique, ce qui ne veut pas dire qu'il détient l'exclusive médicale. L'état d'esprit qui a toujours prévalu, a fait que les fâcheuses conséquences des insuffisantes environnementales sont mises sur le « dos » du Système national de santé. Le meilleur exemple illustratif a été pendant longtemps la prédominance estivale des maladies transmises par l'eau. Il aura fallu près de vingt ans, pour réduire drastiquement l'incidence des pathologies à genèse hydrique. La commission intersectorielle nationale de lutte contre les M.T.H, présidée par le ministère de l'Intérieur est pour beaucoup dans la prise de conscience collective. En serait-il ainsi pour la lutte contre le scorpion tueur d'hommes ' Nous l'espérons ardemment. La piqure accidentelle de scorpion, interpelle toute la communauté nationale dans ce qu'elle a de dramatique dans sa survenue. Son vécu, souvent tragique, a pour cibles principales la femme et l'enfant surpris à l'intérieur même du domicile familial. La transition culturelle sociétale est pour beaucoup dans l'évolution de l'accident venimeux. Le récent article publié le 7 août sur El Watan concernant cette neuro-intoxication dans la wilaya d'El Oued, renseigne si besoin était sur l'implication directe ou indirecte de tout le tissu social. El Oued, n'étant pas seul, malheureusement, à vivre cette tragédie. Les événements relatés pour cette wilaya sont saisonnièrement vécus par celles de Biskra, Ouargla, M'Sila ou même El Bayadh plus au nord. Elles seraient dix huit (18) à vivre le scorpionisme. Par leur passivité, les services de santé en ont fait un problème exclusivement sanitaire.On semble dire aux victimes : « Faites vous piquer, nous tenons à votre disposition l'antidote ! ». Ce généreux discours, était valable quand nous produisions le meilleur sérum antiscorpionique du monde et quand nous en produisions assez pour en exporter vers les USA et l'Arabie Saoudite. La demande pressente de stalles par le Dr Kobi, médecin vétérinaire et ex-chercheur à l'Institut Pasteur d'Algérie, n'a, malheureusement, pas été suivie d'effet. Il réclamait plus de chevaux pour plus de sérum. Il partait à la retraite sans voir, pour autant, son « rêve » se réaliser. Il lui est même arrivé d'élever des asticots de farine, nécessaires à l'alimentation des scorpions de laboratoire, dans son propre réfrigérateur.Originaire du Sud, il faisait de cette lutte, un sacerdoce. L'article en question, rapporte que faute d'ambulance, le temps pris pour évacuer Theldja agée de 21 ans lui aurait été fatal. Il a été de même pour Karima âgée de 11 ans qui a, pourtant, disposé de l' ambulance. Le mieux pour les deux victimes expiatoires, aurait été de leur éviter de rencontrer la mort chez elles.La responsabilité de leur mort est partagée aussi bien par l'homme de religion qui n'aura pas su sensibiliser les fidèles sur cet arachnide mortel, que l'élu qui n' a certainement pas veillé à la salubrité publique, qu'au médecin qui n'aurait pas pris les précautions d'usage pour parer à toute éventualité. La transition culturelle de la société a fait que les attributs de la vie traditionnelle tendent à la dissolution si ce n'est à l'extinction. La disparition progressive, en milieu rural, de l'élevage familial du gallinacée, poule et pintade, a cédé le terrain à l'infestation du milieu domestique par le scorpion, favorisée par les gravats et les déchets solides. Connus (gallinacée et hérisson) pour être les prédateurs naturels du scorpion, ces animaux, jadis domestiques, ont disparu le l'espace familial. Le réseau d'assainissement moderne, notamment au Sud, est le lieu de prélidiction des rongeurs et autres arthropodes. Il leur assure la sécurité, la pitance et l'humidité. En plus des moyens de lutte biologiques cités plus haut, les usages des anciens faisaient barrage aux nuisances, par des moyens physiques simples : colmatage des trous dans les murs, pose d'un sac de jute mouillé au pas de la porte. Très sensible à la chaleur, le scorpion s'immobilise volontiers sur les surfaces humides.Le saupoudrage des recoins à la DDT, même si l'insecticide n'a qu'un effet tout relatif, joue un rôle répulsif capable d'éloigner l'insecte. Le fuel, appelé communément mazout aurait le même effet. La literie n'était jamais mise à même le sol ; on utilisait en été, la « sedda », panneau de bois sur des tréteaux. On ne laissait pas les chaussures à l'extérieur, même dans le cas contraire, elles étaient toujours secouées pour vérifier qu'elles ne contiendraient rien de désagréable. Produits du matracage informatif, les sens étaient constamment en éveil ; il n' y avait aucune place à la désinvolture. Le scorpion, très craintif ne s'aventure que très rarement en plein jour. Aimant la pénombre, il se tapit dans les recoins. Le meilleur moyen de le débusquer la nuit, c'est d'éclairer les ruelles. L'éclairage public dans le contexte est du ressort des services de l'urbanisme, tout autant que la pintade de celui des services forestiers. Le Mexique, grand pays endémique a trouvé depuis longtemps, la parade. Tous les murs extérieurs des logis sont ceints d'une bande céramique, ce qui empêche l'escalade de ceux-ci par l'insecte. Les décès qui suivent la piqure de scorpion ou de vipère, sont toujours mal vécus. Imprévisibles, ils sont un véritable déchirement pour les familles. De jeunes lauréats au baccalauréat en étaient victimes, le jour même de la déclaration des résultats, de jeunes mariées disparaissaient la nuit de leurs noces. La liste est, malheureusement, trop longue pour être déroulée. S'attarder à faire des observations à travers des statistiques morbides, ne peut isolément suffire, il faut agir pendant qu'il est encore temps. Il n'est pas dit que le Nord, ne sera pas touché un jour, les leishmanioses sont encore là, pour porter la contradiction à ceux qui tenteront de rassurer.


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