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L'Algerien Abdelhak Bouda revient de loin



L'Algerien Abdelhak Bouda revient de loin
Miraculeusement rescapé du traquenard libyen, le jeune Algérien Abdelhak Bouda, la trentaine à peine entamée, a pu, avec un extraordinaire concours de circonstances, parcourir presque tout l'ouest de ce vaste pays et traverser la frontière tunisienne, du côté de Ras J'dir, puis descendre vers le sud, avant de se retrouver dans son pays, à El Oued plus exactement.
Cet Algérois, à peine remis de ses émotions et de ses peines aussi, a tenu à apporter son témoignage qu'il considère le plus fiable et le plus sûr. Contrairement au battage médiatique des chaînes de télévision étrangères, Abdelhak Bouda, Belcourtois d'origine, tiens à démentir ce qui se dit sur le régime de Kadhafi, considéré, à tort ou à raison, comme sanguinaire alors que les rebelles sont inconditionnellement soutenus par un Occident va-t-en-guerre. Qui croire maintenant ' Les images rapportées par ces chaînes de télévision ou par ce poignant témoignage d'un jeune Algérien rescapé de l'enfer. Témoignage. Parti gagner sa croûte loin des siens et du pays qui l'a vu naître, Abdelhak Bouda est revenu traumatisé par ce qu'il a vu et entendu. Témoin oculaire d'une guerre fratricide, il tient obstinément à relater les faits tels qu'il les a vus. Il a également entendu des Libyens raconter le cauchemar vécu par les femmes, les enfants et les vieillards au passage des rebelles, les opposants de Kadhafi. Il refuse l'idée de se taire sur les atrocités commises sur des civils et se dit même prêt à témoigner devant des instances internationales. Résidant depuis dix ans à Zaouia, une ville située à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli, où il travaille dans un lavage, Abdelhak Bouda est marié à une marocaine et père deux enfants. Durant cette longue période, il n'a connu que le bonheur aux côtés des Libyens et même d'autres ressortissants de différents pays. Pendant toute une décennie, il nageait dans ce bonheur sans jamais avoir le moindre pressentiment qu'un jour tout allait basculer dans l'horreur au mois de février dernier. Le dix-sept de ce mois, les Libyens sortent dans la rue, armés de gourdins et d'épées. A Zaouia, qui compte presque trois cents mille habitants, ils étaient environs trois cents personnes à braver le régime pour exprimer leur ras-le-bol. Divisés en deux groupes, l'un brûle tout sur son passage et l'autre se dirige droit vers les locaux des différents services de sécurité pour s'emparer des armes, étrangement abandonnées et laissées sur place, à la portée des manifestants. Comme si quelque chose se préparait et que ce soulèvement n'était, en fait, que le prélude d'une guerre programmée à l'avance. Abdelhak en est convaincu, «l'intervention avec des bombes lacrymogènes pour ramener le calme a dégénéré, puisque les manifestants tiraient à balles réelles sur les agents des services de sécurité». A partir de là, c'est le chaos dans une ville désertée par ces mêmes services et tombée entre les mains d'hommes armés appartenant à la famille Bouzriba qui a bénéficié des prébendes du pouvoir. Depuis ce jour, la terreur régnait dans la ville. Des femmes sont kidnappées et violées, des citoyens, soupçonnés de soutenir le régime, sont abattus à bout portant. Une véritable terreur où une chasse aux Algériens est organisée, à peine la rumeur de l'existence de mercenaires algériens sur le sol libyen a circulé. «J'ai beau essayé de dénicher un seul Algérien dans le rang des kataeb de Kadhafi à Zaouia ou même d'en entendre parler, mais sans résultats. Aucun élément de preuve mettant en cause des Algériens n'est disponible», répète sans cesse Bouda, fortement ébranlé par ces accusations contre son pays. Au contraire, celui-ci affirme que des Algériens, peu nombreux, dont un certain Samy de Bab-El-Oued, vivant depuis très longtemps en Libye, combat aux côtés des rebelles et est fort connu dans ce pays. «Il est tireur d'élite, mais aujourd'hui, il est en détention à la prison de Bouslim», affirme Bouda, fermement décidé à démonter en pièces les accusations portées par les rebelles contre l'Algérie. «Des fuyards de Mesrata, Brigua, J'dabia et même de Benghazi nous ont confirmé qu'aucun Algérien ne combattait aux côtés des Kataeb». Abdelhak Bouda, bien au fait des dessous de ce conflit armé, accuse les rebelles d'exactions contre les populations et les privent même des aides alimentaires expédiées de Tripoli par le Croissant rouge international. C'est une forme de les asservir et de les obliger à s'aligner à leurs côtés. L'armée libyenne, en revanche, se montre disponible à aider les citoyens et, le cas échéant, à voler à leur secours. «Ce que raconte Al-Jazeera, France 24, Al-Arabya et bien d'autres chaînes étrangères n'est que pur mensonge», renchérit Abdelhak, dont l'envie de vider le sac et de dire les quatre vérités est bien ostensible. Il affiche sa ranc'ur aux rebelles qui traitent les Algériens de traîtres et de renégats sans la moindre preuve. Pire encore, il accuse ces rebelles d'avoir dépouillé les Algériens de leurs biens, leurs commerces et tout le fruit de leur labeur économisé de longues années durant. «C'est une man'uvre pour amener notre pays à les soutenir ouvertement», dira Bouda qui garde un très mauvais souvenir de ces rebelles qui, selon lui, visent à détruire un pays qui leur a tout donné. Mais il reste convaincu qu'ils n'atteindront pas leur objectif, puisque le peuple libyen est toujours derrière le guide de la révolution, Maâmmar El-Kadhafi. Pour illustrer ses allégations, il ne trouvera mieux que le soutien apporté à Kadhafi par la plus grande tribu du pays, les Ourfella, en l'occurrence, sans oublier les Gdadfa, dont il est originaire, les Terhouna et bien d'autres tribus, toutes acquises à la cause du guide. «Elles sont prêtes à se sacrifier pour maintenir Kadhafi au pouvoir et même le défendre au prix de leur vie.» Abdelhak Bouda ne reste pas là et se dit prêt à témoigner devant n'importe quelle instance pour rétablir la vérité déformée par les rebelles, les chaînes de télévision et les Occidentaux. Mieux encore, il soutiendra mordicus que Kadhafi jouit encore d'une grande popularité et aucune puissance au monde ne pourra le détrôner. «Je vois mal comment il pourra l'être alors qu'il a tout un peuple derrière-lui». Le jeune Algérien, dont le témoignage surprendra certainement, a beaucoup d'autres choses à raconter sur l'enfer libyen, mais il se tient à l'essentiel. Kadhafi est toujours debout, prêt à défendre son pays et même à faire des concessions rien que pour le bien de la Libye, mais les rebelles, militairement soutenus par l'Otan, cachent leur vrai visage. Celui de l'horreur dans un habit de sauveur. Rien que pour ça, Abdelhak montre une ténacité inébranlable et une opiniâtreté sans commune mesure pour dire toute la vérité. Rien que la vérité dans une guerre fratricide que beaucoup ont tendance à mettre sur le dos du guide de la révolution, alors que les rebelles ne sont pas exempts de reproches et pourraient, eux aussi, être accusés des pires exactions. De toute manière, l'avenir lèvera le voile sur cette guerre où, selon Abdelhak, la victime est traitée de coupable et le coupable est élevé au rang de héro. Abdelhak s'en va avec le sentiment du devoir accompli, et pour régler sa dette auprès des Libyens qui, avant de fuir l'enfer, l'ont conjuré de dire au monde ce qui se passe dans leur pays.


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