El-Oued

El-Oued, la nouvelle « Mecque » des psychotropes



La wilaya d'El Oued, capitale du Souf, surnommée la vile aux mille coupoles, est en train de subir les conséquences aléatoires graves de la situation géopolitique qui prévaut dans la région du Maghreb et aussi du Sahel, où les multi-crises politiques et militaires qui planent et persistent en Libye, au Tchad et au Niger, ont causé la naissance et l'émergence du trafic des drogues, en tous genres, faisant d'El-Oued, une plaque tournante du trafic des psychotropes, cocaine et cannabis. El-Oued est devenue, en un laps de temps, depuis l'année 2017, le nouvel Eldorado, voire la nouvelle « Mecque » des narcotrafiquants des drogues.Située à 100 km au nord-est de Touggourt, à 220 km de Biskra, à 210 km au nord-est d'Ouargla et à 630 km au sud-est d'Alger, la wilaya d'El-Oued est à proximité de la frontière algéro-tunisienne, et la vaste commune d'Oued Souf jouxte plus de 250 kilomètres de bande frontalière avec la Tunisie, une zone régulièrement ciblée par les réseaux criminels de trafic des psychotropes et drogues de synthèse. Depuis 2017, l'année où le trafic des substances de psychotropes avait sérieusement pris de l'ampleur dans la ville frontalière d'El-Oued, le nombre des capsules chimiques saisie par les services de sécurité, tous corps confondus y compris les Forces de l'Armée nationale populaire (ANP), a dépassé les 50 millions d'unités, ce qui signifie largement que la ville aux mille coupoles est la cible privilégiée des narcotrafiquants internationaux et locaux et une porte indispensable pour leurs activités criminelles. El-Oued semble être devenue un poste de transit important pour le trafic international de drogue et son positionnement géographique, jouxtant avec la Tunisie et se trouvant non loin de la Libye, ont été des facteurs intéressants pour les narcotrafiquants étrangers. La wilaya frontalière d'El-Oued fait face à un envahissement sans précédent des psychotropes, le nombre des saisis durant ces dernières cinq années parle de lui-même, où l'on dénombre plus de dix millions de substances narcotiques mainmises pour une valeur marchande dépassant les 3.000 milliards de centimes.
Pis, l'apparition de nouvelles générations de psychotropes (qui agissent plus fortement et principalement sur l'état du système nerveux central) tels que « Pregabaline », « New Erica », « double signature », « Facebook », « Milka » et bien d'autres, dont la plupart sont des drogues de synthèse, fabriquées dans des ateliers, voire des laboratoires clandestins en activités hors du territoire algérien, a brusquement augmenté le nombre des narcotrafiquants puis l'apparition de nouveaux jeunes barons, ce qui a entraîné, par ailleurs, l'évolution du trafic des psychotropes et autres drogues de synthèse dans les quartiers. La sonnette d'alarme est déjà tirée que ce soit par la DGSN tout comme la Gendarmerie nationale ou, également, les services des Douanes, révélant tous une hausse très considérable du trafic des psychotropes à El-Oued.
Pas plus loin qu'hier, une nouvelle saisie de drogue a été réalisée par les éléments de la brigade mobile de la commune de Still dans la wilaya d'El-Meghaier relevant de l'inspection divisionnaire des services des Douanes d'El-Oued (à 140 km au Nord du chef-lieu de ladite wilaya), lorsqu'une quantité estimée à 1,2 quintal de kif traité a été découverte par les douaniers. Cette opération qualitative, commentent les services des Douanes, a été menée lors d'une patrouille d'inspection et de contrôle effectuée par les agents de la brigade polyvalente au niveau d'un barrage dressé sur la route nationale (RN3) reliant la wilaya d'El-Meghaier à Biskra, a précisé l'inspecteur divisionnaire Salah Rebai. Suite au contrôle de véhicules au niveau du barrage, un camion suspect a été immobilisé pour procéder à sa fouille, à l'issue de laquelle une quantité de 1,2 quintal de drogue a été retrouvée dissimulée sous les sièges avant de ce camion de remorquage de véhicules. Suite à quoi, le conducteur du camion, un trentenaire, a été arrêté et interrogé puis déféré devant les juridictions compétentes qui ont ordonné son placement en détention provisoire jusqu'au procès.
Psychotropes, la sonnette d'alarme tirée en 2019
La sonnette d'alarme avait été tirée en 2019 par de hauts responsables des services de sécurité, lorsque le nombre des psychotropes saisies à travers le pays avait battu tous les records. Célébrant la Journée mondiale de la lutte contre le trafic de drogue, en fin juin 2019, le chef de la lutte contre le trafic illicite des stupéfiants à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), le Commissaire divisionnaire Djamel Guessoum, avait révélé que les quantités de psychotropes saisies ont enregistré une «hausse» durant les dernières années, tirant ainsi la sonnette d'alarme. Les psychotropes sont introduites de partout que ce soit par voie maritime, aérienne et surtout par voie terrestre notamment sur le long des frontières du Sud, l'Ouest et de l'Est du pays, où le trafic ne cesse de s'amplifier.
Rien qu'au niveau de la capitale, 162.000 substances de psychotropes avaient été saisies par la Sûreté nationale durant l'année 2019. Les Sûretés de Wilayas de l'Est du pays avaient signalé la saisie de 934.783 comprimés psychotropes durant l'année 2019, avait déclaré en janvier passé le contrôleur de police, Daoud Mohand Chérif, inspecteur régional de police de l'Est (Constantine), faut-il le rappeler. Pour sa part, un Commandement de la Gendarmerie nationale et un autre haut gradé des services des Douanes avaient annoncé, à la fin de l'année 2019, avoir saisi plus de 1,2 million de substances de psychotropes et ce, dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants. Quant aux forces de l'ANP, ces derniers avaient mis la main sur de grosses quantités de psychotropes atteignant les 470.758 comprimés durant l'année 2019. Face à ces saisies records, il est très clair que le trafic de psychotropes est en train d'évoluer durant ces dernières années, une évolution qui est le résultat escompté d'une crise géopolitique qui frappe la région.


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