El-Bayadh - 01- Généralités

la plus haute et la plus grande commune, capitale de l'alfa(1852-1962)



Ville singulière, ville haute en altitude, parmi les plus hautes, elle culmine à 1376 mètres (carte Taride 1958) et dépasse ainsi Briançon la plus haute cité d'Europe avec ses 1316 mètres (Guide Michelin). Poste militaire fondé en 1852, sur ordre du Général Pelissier, avec la construction d'un fort, par le lieutenant du Génie, futur Général Segretain.
extrait de " Pieds-Noirs d'hier et d'aujourd'hui, juin 99, n°102 "

Ville singulière, ville haute en altitude, parmi les plus hautes, elle culmine à 1376 mètres (carte Taride 1958) et dépasse ainsi Briançon la plus haute cité d'Europe avec ses 1316 mètres (Guide Michelin). Poste militaire fondé en 1852, sur ordre du Général Pelissier, avec la construction d'un fort, par le lieutenant du Génie, futur Général Segretain.

Plus vaste que la Belgique et le Luxembourg
La lère pierre fut posée le 25 novembre 1852 et le poste a failli s'appeler Lignyville du nom du Lieutenant-Colonel Deligny, directeur des Affaires Arabes de la région. En décembre 1853, alors que les travaux étaient fort avancés et le lendemain de la prise de Laghouat, le Général Pelissier dans une lettre au lieutenant Segretain, ordonnait " Je décide que le poste que vous construisez s'appellera Géryville, et la Tour détachée se nommera Deligny." Et c'est ainsi qu'est né Géryville, du nom du Colonel Gery, qui avait fait une incursion avec une petite colonne en 1843 à El-Bayadh, point d'eau avec quelques mines de ce qui fut un Ksar. C'était le point le plus méridional qu'on eut atteint. Après avoir été Poste, Annexe, Commune Mixte, Commune et sous préfecture en 1962, ElBayadh est aujourd'hui chef lieu d'une willaya (département).
Pays des grands espaces, sa commune avec ses 50 000 km2 était plus vaste que la Belgique et le Luxembourg réunis (32 000 km2). Elle s'étendait du Chott Ech Chergui à l'Erg occidental avec seulement une population rurale de 46 000 nomades d'origine arabe, 7 000 ksouriens berbères et de 7 500 à 10 000 à Géryville centre dont un grand nombre de militaires.
Singulière aussi, la ville se situe à 106 km de sa gare, sise à Bouktoub. Après la traversée de la mer d'alfa, elle s'étale, enserrée entre les 2 oueds El-Bayadh Ghabi et El-Bayadh Chergui dont le confluent forme les " Gorges", point de passage obligé pour y parvenir, avec son fameux "Pont Cassé", pont emporté par une crue dans les années trente.
Elle est dominée par ses trois Monts du Djebel Amour de la chaîne Atlas saharien.
- Le Bouderga 1873 m, majestueux par sa masse avec ses vestiges du poste optique.
- El-Bayadh Ouastani 1878 m, petit frère du grand et altier Ksell (2008 m) avec tous trois, leur sommet enneigé en hiver et parfois jusqu'au printemps pour le Ksell.
Ses écoles communales avec leurs cours complémentaires ont donné de brillants résultats jusqu'au niveau universitaire. Ses hommes ont donné de valeureux soldats, d'honnêtes gens de toutes catégories sociales et de tous les corps de métiers.

Trois communautés
Enfin et surtout Géryville a été le creuset où trois communautés ont vécu, se sont appréciées, estimées, respectées. Où les peines et les joies se partageaient comme se partageaient le pain azyme, (rekaka) la Mouna ou la Kesra, où des familles catholiques faisaient la Zerda, la Ouada, une fois l'an pour le saint Patron Sidi Cheikh ou Sidi Abd-el-Kader, le salon d'une vieille famille
israélite s'ornait de portraits des grands chefs des Ouled-Sidi-Cheikh du début du siècle et la fin du siècle dernier. Ces tableaux se trouvent encore dans cette famille rapatriée en 1962.
Les lois de Vichy, ne nous ont pas épargnés. C'est ainsi que les enfants israélites furent expulsés des écoles et les fonctionnaires révoqués à la stupéfaction de toute la population. La solidarité s'est alors manifestée spontanément un exemple parmi tant d'autres, un vieil instituteur, chargé de famille, révoqué s'est trouvé dans la gêne. Aussi, en hiver, des bûches de bois, du sucre, de l'huile, étaient déposés chaque soir, par certains de ses élèves. Paradoxe aussi, son fils est mort pour la France et après le débarquement en Afrique du Nord, c'est lui qui nous apprit le "God save the King". La Marseillaise, nous la chantions déjà. Sous Vichy, seul le couplet " Amour sacré de la patrie" était chanté tous les lundis matin. Un père de famille fort épicurien à Géryville, a retrouvé une sagesse inattendue après 1962. Il s'adonna à l'étude rabbinique et ouvrit une modeste boutique, rue des Rosiers, pour articles et livres religieux. La théière ronronnait à longueur de journée. C'était le lieu de rendez-vous des Géryvilois de passage, de là-bas ou de l'hexagone. A l'annonce du décès d'un membre d'une famille amie, il récita d'un trait un verset du Coran, verset du Trône de la Sourate de la Génisse, sublimant la puissance de " l'Éternel" et la vanité de l'homme. C'était stupéfiant.

Une capitale de l'alfa
Les grands stratèges de l'équipement, à l'époque, ont fait passer la voie ferrée Oran-Béchar, bien au large de Géryville, effrayés peut-être, par les Djebels Amours et les monts des Ksours. Cela n'a pas été une tare, bien au contraire, nous étions, bien, à l'écart. Grâce à nos conducteurs de diligences, puis de cars et de camions, nous étions bel et bien reliés au reste du monde.
C'est ainsi que Géryville eut la visite au moins, d'un ministre de la guerre, Monsieur Etienne vers 1904 ou 1905, d'un Gouverneur Général, en 1940, L'Amiral Etienne, défenseur de Dunkerque, les camions et cars Berliet de la croisière Berliet franco-musulmane, avant la Grande Guerre. L'alfa des hauts plateaux a fait la prospérité de la cité entre les deux guerres, en effet, elle en fit le centre alfatier le plus important d'Afrique du Nord. Arrachée avec méthode, cette plante bien singulière, parce qu'unique, donnait un papier de qualité de renommée mondiale, fabriqué, hélas en Angleterre. L'importance de cette ressource alfatière a fait qu'un exploitant local a eu maille à partir avec un certain Blachette et un certain Borgeaud, bien connus de la finance dans l'Algérois. Ils voulaient en avoir le monopole. Notre concitoyen eut gain de cause, après un long procès, c'était avant guerre.

Bien d'autres richesses
Cette mer d'alfa avait aussi une autre richesse, le mouton, qu'exploitaient les nomades élevant aussi leurs superbes chevaux, leurs dromadaires indispensables à la transhumance et les méhara pour les grandes randonnées dans le sud de l'Atlas Saharien. L'élevage du mouton, a eu sa prospérité accrue avec l'amélioration de la race et les soins prophylactiques, c'est ainsi que le mérinos a été introduit dans le Géryvillois.
Il y eut, hélas, aussi des grosses pertes avec la sécheresse et parfois dans certains points à cause des intempéries, pluie et crues d'Oued où paissent les troupeaux et enfin le froid et la neige, les nomades ne connaissant pas de granges. En 1954, " ce pays de mouton", comptait 600 000 ovins, 200 000 caprins et 20 000 camélidés.
Il y eut, hélas, la révolution agraire, qui a sédentarisé les populations et les troupeaux. C'est ainsi qu'on a vu des troupeaux de moutons, dans des enclos, nourris avec du fourrage importé de Hongrie. C'est ainsi qu'a commencé le déclin de l'élevage, avec la fuite des troupeaux au Maroc, en contournant le barrage électrifié au large de Béchar, mais c'est une autre histoire. Le cheptel se reconstituait après chaque calamité et le dernier moutonnier a quitté le port de Mostaganem à destination de Marseille en 1948, avec à son bord des touques métalliques, conservant le beurre de brebis, spécifique à notre région. Ces touques métalliques étaient soudées hermétiquement par le père de notre futur Chevalier de la Légion d'honneur (cité plus loin). Autre richesse de Géryville, ses tapis de haute laine du Djebel Amour, rouge et noir avec une croix Svastika comme motif, venue dans cette contrée on ne sait comment, et des tapis ras, des coussins, il faut noter que les tapis rouge et noir sont tissés essentiellement dans la tribu de Stitten par la fraction des Geramna (pluriel de Germani).A noter qu'en Allemagne existe une ville Stettin avec son camp militaire dit "la Petite Sibérie" en raison du froid qui y sévissait. Stitten, Stettin, Geramna, Germani, mystère ! Un peu plus au sud existe le village Ksar ou Oasis, portant le nom de Brezina, Berezina, curieux, ce qui fit dire a un garçon quelque peu espiègle, lors d'un cours d'histoire sur Napoléon nous avons, nous aussi, notre " Berezina". C'est bien, à l'école de ce village, que notre agrégé de l'université de France apprit son alphabet. Il en sera question un peu plus loin.
Nos chevaux de race, agiles, vifs et de belle robe se distinguaient dans les comices. Ils étaient retenus pour la remonte et fournissaient l'essentiel des montures de nos régiments de Spahis. Une fois l'an, le lendemain de ces comices que présidait le chef d'annexe (officier du grade de Capitaine ancien ou Commandant) assisté d'officiers de spahis, de médecins et vétérinaires militaires et juges civils, se disputaient les courses au pied du Bouderga, au Mrires.
Avant la dernière course, apparaissaient au loin, les méhara blancs, dans la poussière, après une longue randonnée de plus de quarante kilomètres. Enfin la journée se terminait par une fantasia que donnait chacune des vingt tribus après un beau défilé, caïds en tête, tous anciens officiers ou sous-officiers.
Le jeudi se tenait le marché aux bestiaux, avec ses centaines de moutons et de chèvres, ses dromadaires, ses méhara, ses mulets et le fidèle bourricot. Se vendaient aussi les blocs de sel gemme, les dattes pétries dans les peaux de moutons aromatisées au thym sauvage, aliment préféré des troupeaux, les dattes sèches rouges et translucides du Gouarara ; les fagots de bois de chauffage, de chêne débité pour les foyers aisés, de taga pour les classes moyennes et de brindilles pour les autres, les poteries en argile rouge cuite, tajines, kanouns, encensoirs, du charbon de bois, du goudron qui en est tiré et qui servait à imperméabiliser les outres (guerba pour l'eau) tout en produisant un goût particulier à l'eau transportée. De plus, très bon désinfectant, ce goudron servait aussi de remède à la teigne.
Et nos nomades, arrivés la veille, envahissaient la rue commerçante, dite rue de Stitten, en fin de journée, pour faire leurs emplettes, tissus, café, sucre, thé et accessoires divers tels que harnais et selles de chevaux, deux artisans spécialistes se distinguaient par la beauté de leur travail, broderie or et argent sur cuir rouge, cuir souple et cousu main. Un passage chez le maréchal-ferrant s'imposait. Enfin, visite était faite aux bijoutiers de la ville, tous de confession israélite originaires du Mzab ou du Tafilalet. Les autres commerçants étaient des mozabites ou des kabyles et de gros commerçants israélites ou berbères des Ksours mais tous Géryvillois

Nos écoles
Ses écoles communales de filles et de garçons ont vu le jour bien avant le siècle. Le premier directeur, a eu son fils, enseignant comme lui, tué au champ d'honneur en 1916. Son portrait existait encore en 1962, accroché au mur au-dessus de la chaire du maître dans ce qui fut sa dernière salle de classe.
Ses cours complémentaires, existaient déjà dans les années 20. En sont issus les premiers instituteurs du cru, un avocat, un agrégé de l'université de " France" comme il se plaisait à le préciser un médecin général inspecteur (trois étoiles), (certificat d'études en 1929) et son frère colonel de cavalerie, certificat d'études en 1930. D'autres officiers et sous-officiers suivront, supérieurs et subalternes.
Après guerre, les cours complémentaires ont repris avec le retour des enseignants et le palmarès s'est encore prolongé jusqu'en 1962. Nos élèves quittaient ces cours complémentaires pour le collège de Mascara, le lycée ou l'Ecole Normale d'Oran et par la suite les universités, les grandes écoles ou les écoles militaires et même plus tard le CNRS. L'un des derniers issus de ces cours complémentaires est en activité comme patron, précisément au CNRS. 3 autres jeunes" recensés sont universitaires, enseignants ou chercheurs. Un autre enfant de Géryville est mort à Los Angeles en 1984 lors des Jeux Olympiques. Il représentait la ville de Paris dont il était conseiller municipal, arrivé en 1962 avec ses seuls titres d'enseignant. Du côté algérien, un chercheur, directeur du CNRS algérien, fut victime de la barbarie il y a deux ans.
Le dernier ambassadeur d'Algérie à Berlin en RDA fut aussi un Géryvillois, précédemment consul à Grenoble. Il y rencontra une famille nombreuse repliée depuis 1962. C'est avec émotion que les retrouvailles furent célébrées. A noter que cette famille a compté une championne de haut niveau parmi ses jeunes. El-Bayadh a toujours fourni un fort contingent de hauts fonctionnaires à l'administration centrale à Alger. C'est ainsi que deux ministres dont le dernier ministre des affaires étrangères avant la tourmente, figuraient au palmarès.

L'armée
Alors que la conscription n'existait pas dans les Territoires du Sud, donc à Géryville, bon nombre d'Escadrons du Régiment de Spahis d'Oranie, comptaient dans leurs rangs des Gérvvillois du centre ou des ruraux et c'est ainsi qu'on a vu partir en guerre en 1914 ou 1939 des unités avec leurs officiers, sous-officiers, spahis et chevaux tous originaires de Géryville. Et il faut signaler, hélas, un acte de bravoure sans pareil, de désespoir, un peloton de spahis a chargé sabre au clair, sur des chars allemands. Cela s'est passé en mai 1940. C'est ainsi, que partout où les armées françaises furent engagées et l'armée d'Afrique présente, les Géryvillois payèrent un lourd tribut comme tant d'autres douars, villages et villes d'Algérie. Le livre d'or de l'Algérie, édition 1937, fait mention de 40 personnalités, notables ou simplement fonctionnaires, commerçants, totalisant 10 chevaliers de la Légion d'honneur, 6 Médailles Militaires et de nombreuses Croix de Guerre, de 14-18 et des expéditions sahariennes et extérieures. Enfin une anecdote, illustrant bien le géryvillois. A la reprise de la houillère de Kenadza, bon nombre de Géryvillois s'exilèrent à Béchar et Kenadza, dans les années 40. Ils y trouvèrent un emploi, surtout dans les bureaux. Un candidat se présenta à l'embauche
- Question : Avez-vous votre certificat d'études?
- Réponse : Oui.
- Question : Savez-vous conduire une voiture ?
- Réponse : Non.
- Question : Savez-vous monter à vélo?
- Réponse : Non.
- Question : Alors que savez-vous faire ?
- Réponse : Piloter un planeur et un avion de tourisme."
En effet, Géryville possédait un aéro-club sans aérodrome, mais avec des avions de type Norecrin et Stamp et des planeurs, avec comme animateur et fondateur, un Père Blanc, capitaine d'aviation de réserve, héros de la RAF et des Ailes Françaises à la libération. Alors que ronronnaient sur notre route nationale n0 6, à peine goudronnée, les derniers camions à chaîne et le dernier Lancia, camion italien, récupéré en Tripolitanie, dans le ciel bleu de Géryville, vrombissait le Spitfire, avion de combat du pilote Père Blanc, effectuant des loopings, chandelles et autres rase-mottes. Maudit était ce camion Lancia, par les prisonniers italiens, il était la cause de leur capture, en raison du temps qu'il lui fallait pour démarrer le moteur et leur permettre la fuite.
Un accident, malheureusement, endeuilla le club et toute la cité. Le plus jeune des adhérents se tua à son premier vol. Nous n'étions pas à Pavie, mais un quart d'heure avant sa mort, il était plein de vie, pétillant de santé et de joie, à l'idée de voler en autonome. Il avait à peine 18 ans . Au moins deux des membres de ce club peuvent arborer l'insigne de pilote, lors de nos réunions annuelles.., longue vie à eux.
Géryville eut, aussi, ses marins, quatre de ses enfants ont servi dans la " Royale", deux avant guerre dont l'un fut un grand mutilé dans la brève empoignade au Levant entre les FFL et les troupes fidèles à Vichy, et deux après guerre. Une famille comptait 4 frères aviateurs dans les années 30.
Sur le plan sportif, Géryville n'était pas à la traîne. Nous avions deux équipes de Football, la Vaga (Vie Au Grand Air) et l'Étoile du Sud. Des manifestations d'athlétisme se déroulaient avec les élèves des écoles et leurs maîtres. C'est ainsi qu'un jour, nous vîmes s'envoler un sauteur au bout d'un long morceau de bois. C'était le premier saut à la perche dans le sud algérien, réalisé par un instituteur originaire de Normandie et qui s'est distingué par la suite en créant les écoles nomades chez les Touareg. Cela se passait au stade municipal, qui portait le nom de son créateur, le chef d'annexe. Ce nom avait une forte consonance arabe, il était pourtant un pur provençal, originaire d'Arles la Romaine et il avait pour prénom, celui d'un empereur. Sa fille avait comme camarades de classe, deux de nos mamies encore en bonne forme. Longue vie à elles.

L'aspect culturel
Sur le plan culturel et associatif, Géryville a eu ses louveteaux, ses scouts et ses routiers. Certains d'entre eux participèrent au premier Jamboree d'après guerre à Colombes. Les années scolaires se terminaient par des représentations théâtrales montées par nos enseignants et leurs élèves. Tous en gardent un souvenir ému, n'est-ce pas nos vénérés maîtres?
En métropole et aujourd'hui, existent encore, et Dieu merci, un couple d'enseignants, arrivés en 1940 à Géryville, retraités paisibles dans leur Poitou natal. Une fois l'an, ils sont entourés avec affection et respect de leurs élèves, tous sexagénaires, lors de leur réunion des Géryvillois dans le Bourbonnais. Ils sont plus de la centaine avec leur progéniture et la progéniture de la progéniture et l'ambiance y est. Existe encore et aussi un Père Blanc, le Père Duvollet, mémoire vivante du passé de l'Algérie, il en est à son 20ème volume. Il y était en 1940. Sans oublier un ancien officier des Affaires Indigènes, le dernier avant le statut de l'Algérie et l'arrivée des administrateurs civils dont un sous-préfet replié dans sa belle région d'Alsace. Ces personnalités représentent les derniers maillons d'une lignée où l'enseignant dispensait savoir et éducation, dans les classes de 40 à45 élèves dont le français n'était pas la langue maternelle. Le médecin soignait et arrivait à éradiquer des maladies telles que le trachome le religieux respectait les autres croyances. A souligner que seules trois conversions au christianisme furent enregistrées en plus d'un siècle et une seule juive à l'Islam, c'était par amour. Une autre idylle, digne du dernier des Abencérages, eut lieu dans le milieu des années 40. Elle n'eut pour d'autres conséquences que l'exil, dans le Tell, des 2 amants et le soupir de quelques jeunes témoins d'une aussi belle histoire d'amour. Les uns et les autres ont accompli un travail qui fait honneur à leur pays, à leur corps de métier et qui a amplement mérité la reconnaissance de toute la population. Autre anecdote pour rendre hommage à nos enseignants, deux compères, candidats au certificat d'études, révisaient leur texte de récitation à la veille de l'examen, le soir au frais dans le jardin public
"Heureux qui comme Ulysse..." Un officier et sa femme témoins de la scène, médusés applaudirent et encouragèrent le récitant qui enchaîna "France, mère des Arts, des Armes et des Lois." Du Bellay, à Géryville, par un soir d'été, dans la bouche de deux gamins. Le français n'était pas leur langue maternelle, au cours élémentaire, ils le parlaient déjà et La Fontaine ne leur était pas inconnu. Au cours moyen 2ème année, ils avaient, déjà, entendu parler de la Pléiade et l'imparfait du subjonctif était dans le programme du certificat d'études primaires, comme dans toutes les classes de France et de Navarre, à l'époque. Qu'en est-il aujourd'hui, ici et là-bas? Et quel beau diplôme que ce Certificat d'Etudes Primaires et plagiant le poète, l'on peut dire que notre certificat était plus beau que vos diplômes ronflants d'aujourd'hui. Un Géryvillois s'est vu décerner, il y a moins d'un an, la Légion d'honneur à titre militaire comme tant d'autres concitoyens, ses anciens ou ses camarades. il était issu d'un milieu fort modeste et sur sa poitrine cette haute distinction est bien portée.

Nos personnalités
Nous avons eu à déplorer, récemment, le décès d'un ancien médecin militaire qui s'était distingué, assisté de ses deux fidèles infirmiers du cru, lors de l'épidémie de typhus dans les années noires de guerre, de misère et de froid de l'hiver 43-44. Mention spéciale pour ces deux infirmiers, connus de plusieurs générations d'enfants des écoles soumis aux soins prophylactiques contre le trachome.
La lettre du diocèse de Laghouat a relaté l'an dernier, la disparition d'un Géryvillois resté au pays. Il était l'ami, le soutien des Sœurs Blanches, les dernières qui s'y trouvaient. Singulier, ce Géryvillois, il n'avait qu'un oeil pour conduire un camion, l'autre oeil étant plus que fatigué. Singulier aussi, parce qu'il était un virtuose de l'harmonica. En effet Géryville, pendant la guerre, a été incidemment un haut lieu de cet instrument de musique les prisonniers de guerre allemands échangeaient leur harmonica Honer, contre un paquet de cigarettes. C'est ainsi que s'est constitué un corps de joueurs d'harmonica avec quelques virtuoses pouvant porter ombrage au trio Ressner. Les morceaux les plus joués étaient - une fleur de Paris , Étoile des Neiges, la Houlillah, et tant d'autres.
Particulier, aussi était le camp occupé par les prisonniers de guerre, Italiens et Allemands. Occupants, ils le créèrent et vaincus, ils l'occupèrent. En 1940, quelques bâtiments étaient réservés dans la grande caserne à quelques réfugiés venus d'Europe. En 1941, fut dressée une enceinte de barbelés, pour enfermer des prisonniers de guerre britanniques. Enfin après le débarquement, le camp s'est agrandi et y furent internés les prisonniers de la campagne de Tunisie et de Libye, Allemands et Italiens. Il faut signaler quelques tentatives d'évasion lamentablement échouées, en effet, il y avait une prime accordée pour la récupération de tous prisonniers évadés. C'est ainsi que fut ramené à la mairie, bien ficelé sur un âne, un géomètre, en plein labeur vers le Ksel. Au cimetière, reposait un prince allemand, mort de mort naturelle et rapatrié bien après guerre sur un vaisseau de la marine allemande.
Tous les faits relatés et les personnages décrits ont bien existé, même notre ancien et dernier maire adjoint, Bachagha de son état et descendant de l'illustre Sidi-Cheikh. Il avait le pouvoir de changer dans sa bouche la gorgée d'anisette bien fraîche en gorgée de petit lait aussi frais. Si ses adeptes le croyaient, ses amis et tous les Géryvillois le croyaient aussi. C'était un saint homme.
Et comme il faut de tout pour faire un monde, Géryville eut, aussi, son gangster de haut vol. Un chanteur auteur-compositeur de renommée nationale, voire internationale est né de père géryvillois.
Et puisqu'il s'agit de progéniture, parlons en, l'aînée de nos enfants, née à Géryville est enseignante, d'autres ont suivi. La réussite, la leur, est due peut-être aux facilités trouvées en France, mais due surtout aux sacrifices des parents qui tous ne roulaient pas sur l'or en 62. On y trouve Polytechnique, Normale Sup., une poignée de doctorats mais curieusement pas en médecine, c'est trop courant ou tout simplement des artisans, des commerçants, des fonctionnaires. Le droit du sol étant de rigueur à Géryville, tout être né, tout être qui a enfanté, tout être qui a aimé, tout être qui a séjourné en cette cité est réputé Géryvillois, d'office et de cœur. C'est ainsi que nos "pièces rapportées", épouses ou époux, en sont tellement persuadées, tellement imprégnées, qu'elles ne peuvent ignorer ce qui a été relaté ci-dessus et en rajoutent parfois... au point d'être plus Géryvillois que les Géryvillois. Ce n'est pas un reproche, c'est un éloge. Enfin une pensée pour les nôtres qui sont restés de l'autre côté, amis ou parents vivants ou disparus. Et ultime pensée, avant de conclure, pour ce qui fut notre symbole la Mahboula "la folle". Source à l'entrée de la ville. Captée et aménagée par leur service du Génie, elle coulait à flot, est-ce son débit, hors du commun, qui est à l'origine de son appellation ? Eau, limpide et combien fraîche, elle a servi d'abreuvoir pour les chevaux de spahis, de lavoir, mais surtout d'eau de consommation en été dans bon nombre de foyers. Elle ne coule plus de nos jours, et... c'est ainsi que les Géryvillois naissent et demeurent égaux mais inégalables, il faut le dire, dut leur modestie en souffrir!
Et à tous, présents et à venir, Salut et Fraternité.

Colonel Boualem LAOUFI




ADOHA TANGER LE 28 aout 2010 OUSMANE WILLIAM GNINGUE TEL 00212679640761 OBJET : DEMANDE D INFORMATION MONSIEUR Je viens solliciter au pres de votre hauteveillance des informations pour acceder dans les grandes ecoles militaires . Je suis titulaire dun bac S senegalais en 2008/2009avec mention ABIEN . Pour l annee 2009 je me suis inscris a la faculte de science et technique de tanger . Je compte faire des concours des la deuxieme annee et mon choix porte sur vos grandes ecoles . Je vous prie d agreer Mr l expression de mes sentiments les meilleurs .
OUSMANE WILLIAM - etudiant au maroc - DAKAR
28/08/2010 - 6237

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