El-Bayadh - ksar Bent el Khass	(Commune de Brezina, Wilaya d'El Bayadh)



La légende nous apprend que Bent Al Khass fut une souveraine juste, exerçant son autorité avec sagesse. Il est vrai que beaucoup d’hommes n’appréciaient pas d’être gouvernés par une femme mais comme elle se montrait très juste, ne méprisant personne, ne tenant compte ni de la fortune ni du rang des gens, ils se résignaient.
Elle disait : «Vous êtes tous égaux, comme les dents d’un peigne !» Un jour, un sultan du Gharb, séduit par sa grande beauté, s’est épris d’elle. Il lui rend visite -chargé de présents- et demande sa main. «Nous unirons nos deux tribus, lui dit-il, et nous formerons un royaume puissant. Que dis-tu de ma proposition ?»
Bent Al Khass ne lui répond pas. Il prend cela pour de la timidité et insiste. Alors la jeune femme lui répond poliment : «Je suis honorée par la proposition d’un sultan aussi fort et aussi valeureux que toi, mais je n’ai pas l’intention de me marier ! -Faut-il comprendre que ton cœur est déjà pris ?- Non, non, je ne veux pas me marier, ni avec toi ni avec un autre !».
Le sultan se sentant offensé par ce refus, lui livre aussitôt la guerre. Retranchée dans une forteresse, la jeune femme et sa tribu doivent subir un siège long et épuisant. La nourriture et surtout l’eau viennent à manquer et la population est menacée de mourir derrière ses forteresses...
On vient retrouver Bent Al Khass
«Tu dois te rendre», lui disent les notables, venus la voir en délégation. La jeune femme répond : «Si j’accepte sa proposition sous la contrainte, il ne manquera pas de nous dominer !
— Mais si le siège continue, nous allons tous mourir de soif !
— Faites-moi confiance, dit la jeune femme, je saurai vous débarrasser du tyran !»
Bent Al Khass demande alors aux femmes de réunir les burnous de leur mari et, avec le peu d’eau qu’il reste, de les laver. Les hommes voyant les femmes lavant les burnous s’insurgent contre ce gaspillage d’eau.
«Quoi ! s’écrient-ils, nous manquons cruellement d’eau et vous, vous lavez des burnous. Arrêtez donc !»
Les femmes répondent : «C’est Bent Al Khass qui nous a demandé de faire ainsi.»
On les laisse donc continuer. Elles étendent, toujours sur ordre de Bent Al Khass, les burnous sur les murs de la forteresse pour que l’ennemi les voie.
Le sultan du Gharb et ses hommes les voient, en effet, et ils s’écrient : «Les réserves d’eau de Bent Al Khass seraient donc abondantes au point de laver les burnous de ses hommes ?»
Le jour-même, le sultan lève le siège. Ainsi, la jeune femme, une fois de plus, a pu se sortir d’une mauvaise passe, et surtout, est parvenue à avoir raison d’un tyran.


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