El-Bayadh - 01- Généralités


L'architecture à Chellala
Les détails d'architecture caractéristiques, en réponse aux contraintes imposées par les matériaux disponibles sur place, abondent.
Fondations

Les murs du Ksar ne présentent nulle part les fondations paléoberbères caractéristiques (rangées parallèles de dalles plantées de chant, remplies de blocaille) ; on les trouve par contre dans les vestiges de certains murs de défense des jardins

Appareillage

Les murs, édifiés en pierre pour la plupart, sont maçonnés de terre ou de chaux locale. L'appareillage est varié ; le plus souvent les moellons sont posés à plat en lits superposés, ou alignés de biais les uns contre les autres, dans un sens ou dans l'autre, et parfois disposés en arête de poisson. Dispositions qui peuvent se retrouver toutes par lits dans le même mur. Dans les murs des remparts, on rencontre des poutres de genévrier, incluses, comme de pseudo-colombages. Les maçons savaient jouer de la disposition des pierres pour un effet décoratif : rangées de petites dalles dont les coins dépassent en écaille, empilement de dalles de taille croissante à la base d'un support de poutre, bandeaux saillants à hauteur des terrasses, décor ajouré de losanges et de triangles (minaret)...

Portée des poutres

Le problème fondamental qui se posait au constructeur était celui de la faible portée des poutres en troncs de palmier ou de genévrier, qui variait entre 1,65 et 1,95 m, et n'exédait guère 2 m. Pour pallier la difficulté, et augmenter la largeur des rues couvertes et la dimension des pièces, on eut recours à deux artifices souvent conjugués : les piliers et les corbeaux (supports en saillie).

Piliers et contreforts

Les piliers, constructions de plan carré, de 55 à 75 cm de côté, solidement fondés, s'élèvent souvent sur deux niveaux, jusqu'à 5 ou 6 m de hauteur. Dressés au centre des pièces, ou accolés au mur comme des contreforts, ils supportent, grâce à des corbeaux sur lesquels s'appuient les poutres, les planchers des étages et les terrasses des maisons. Ils permettent de doubler (1 pilier), ou tripler (2 piliers) la largeur d'un local (fig. 11).

Corbeaux

Les corbeaux sont des supports en saillie sur un mur ou un pilier. A la base, une dalle épaisse avance de 10 à 15 cm, et porte un ou deux rangs de moellons. Au-dessus, 5 ou 6 gros rondins de genévrier, enfoncés dans le mur, ressortent de 25 à 30 cm et portent à leur tour quelques rangées de moellons. Sur ce support en saillie de 35 à 45 cm, on posait l'extrémité de la poutre (fig. 12 et 13). Deux corbeaux se faisant face, permettaient de gagner de 70 à 90 cm. Une poutre de 1,80 m suffisait pour couvrir une rue de 2,2G m de large.

Ce dispositif rendait possible les avancées en balcon dans les encoignures de rue, les passerelles enjambant la rue et permettant de passer de maison en maison (femmes), et la construction de pièces au-dessus de la rue, comme la salle du Tribunal.

Arcades

L'utilisation de la technique, de l'arcade semble réservée anciennement à la Mosquée (arcs outrepassés ou lancéolés des travées, du mihrab et de la porte), et à ses dépendances (arc ogival contigu ou mina ret). Les constructions plus récentes en comportent davantage, toutes outrepassées ou lancéolées.

Couverture

La couverture des pièces de la maison était réalisée en disposant orthogonalement sur les poutrelles, une litière végétale susceptible de supporter une couche de 25 à 30 cm de terre, surmontée d'un mortier de chaux dé quelques centimètres.

Plafonds

Cette garniture végétale formant plafond, était constituée, soit de ramilles et brindilles, soit de palmes (jrid), soit de bases de palmes (kornaf) placées tête-bêche, soit de roseaux ou de tiges de laurier rose. On pouvait obtenir avec les roseaux un décor géométrique, et avec les tiges de laurier rose écorcées et teintes de différentes couleurs, un décor géométrique polychrome du plus bel effet .

Voûtes et coupoles

La technique de la voûte en berceau n'a été employée qu'une fois. La coupole est réservée aux édifices religieux (Mosquée, Koubbas).

Écoulements d'eau

L'écoulement des eaux pluviales des terrasses était assuré, soit par des gouttières saillantes, creusées dans des demi-rondins de peuplier ou de palmier, grâce auxquelles l'eau tombait loin de la base des murs ; soit par des rigoles maçonnées à la chaux le long des murs, qui canalisaient la descente des eaux.

Portes et fenêtres

Les portes du Ksar étaient à double battant. A Tichrafine, chaque vantail se composait de 6 madriers verticaux en palmier, reliés par 3 entretoises clouées. Les poutres extérieures, plus longues que les autres en haut et en bas, servaient d'axe de pivotement. A la base de cet axe, une cuvette était prévue dans le sol, pour le recevoir. En haut, l'axe était engagé entre deux poutres du linteau ; un vide était ménagé dans la maçonnerie, pour permettre de soulever et de sortir au besoin la porte de son logement. Un madrier supplémentaire servait de couvre-joint sur le vantail de droite. Un système de barres assurait la fermeture. Les portes des maisons étaient de même type, mais à un seul battant. A noter que beaucoup de familles utilisaient en guise de cuvette supportant l'axe, les restes des boulets turcs éclatés, provenant du siège de 1786. Ces portes étaient munies de serrures à chevilles, en bois. A part de rares arcs de décharge en pierre, les linteaux étaient en poutres de palmier ou de genévrier. Les fenêtres, rares et étroites, ont des linteaux en bois ou en dalles de pierre, exceptionnellement en arcade. Les meurtrières sont fréquentes sur les remparts.

Escaliers

Les escaliers, accotés à un mur, s'appuyaient sur une culée de pierre, et atteignaient l'étage par une volée supportée par des poutres en palmier. Eq encoignure, ils pouvaient être à deux volées. Celui du minaret, à marches très hautes, est en colimaçon.

Cheminées

Les cheminées, toutes en angle, ont un âtre et une hotte maçonnés en moellons et dalles de pierre. Le conduit de fumée est fait de matériaux identiques.

Bancs de pierre

Rues, cours et salles, peuvent être dotés dé bancs de pierre (doukkanes) maçonnés à la base des murs.

Niches

Les murs intérieurs des maisons sont fréquemment creusés de niches de formes et de dimensions variées, parfois constituées de poteries incluses dans la maçonnerie.

Resserres à provisions

Pour la conservation des provisions, certaines maisons ont des silos creusés dans le sol ; toutes ont une pièce réservée à cet effet, munie de bacs maçonnés et de grosses jarres.


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