A supposer que l'arsenal juridique mis actuellement en débat puisse
voir le jour, quels en seraient les dividendes escomptés par le commun des
citoyens ? Se sentira-t-il interpellé pour apporter sa pierre à l'édifice
commun à construire ou continuera-t-il à tirer au flanc comme à l'accoutumée ?
Dessaisi de sa responsabilité communautaire et historique, ce quidam ne croit
plus en rien, même à son propre labeur qu'il considère contraignant et inutile.
La plus grande des thérapies que l'on puisse appliquer à la machine administrative
oppressive, serait la
méthode médiévale qui consistait à cautériser les parties
malades. On la
subissait avec des contorsions douloureuses, mais on en
guérissait.
A l'instar de la
cheminée, l'institution ne peut être ramonée que de
l'intérieur. L'école, ce panthéon du savoir a été transformé au fil des
générations en mouroir de l'esprit. De ce proviseur de lycée qui reçoit une
injonction de sa tutelle locale pour transgresser les règles pédagogiques
établies, à cette professeure de collège qui brise la main d'une de ses élèves, à
cet économe pédophile à qui on confie le sort d'enfants assistés ou encore à ce
collégien qui séquestre son enseignante, l'on est en droit de se demander si
cette même école n'est pas entrain de se dévoyer en foire d'empoigne.
Ce bon vieux directeur que l'inconscient infantile a classé parmi les justes, n'est que l'ombre de lui-même.
Lui qu'on ne voyait, fréquemment, arpenter la cour pour se rendre dans
les classes, n'est plus visible. Il croule présentement, sous le poids d'un
capharnaüm paperassier. Il passe le plus clair de son temps à rendre compte et
à quémander de menus besoins à un maire aussi insaisissable qu'un spectre
sidéral.
Ce maire que le sort a placé à la tête d'une collectivité qu'il considérait, avant
son élection, comme l'éden où il fait bon vivre, va vite déchanter sous
l'emprise tutélaire. Il se rendra compte et vite que ses rêves d'antan ne sont
en fait qu'une chimère. Il fera fréquemment antichambre, pour accéder à des
agents administratifs subalternes espérant ainsi régler, quelques problèmes de
son électorat. Sa dignité, mise à mal, peut être sacrifiée pour la bonne cause. Il sera
souvent indigné par le peu de cas que fera sa tutelle, de choses qu'il aura
jugées vitales. Ruminant ses dépits un à un, il se surprendra à jouer le même
jeu dont il a été l'objet : louvoiements et exercice éhonté de la force d'inertie.
Sa tutelle locale, n'est pas mieux lotie. Elle subit, elle aussi,
des pressions verticales qu'aucune logique ne peut transcender. Elle peut, sous
le feu de la
précipitation, recevoir une injonction et son contraire. Les
relations tendent de plus en plus à l'oralité, les
traces matérielles d'une instruction sont souvent absentes ; elles se fondent
dans des orientations générales édictées lors de réunions formelles sans
écrits. Il faudra encore demander des avis ici et là, sans garantie de
conformité avec la
réelle pensée du décideur. Les textes réglementaires
régissant la chose
publique ne sont instrumentalisés que pour sévir, presque
jamais pour protéger l'agent public. Il est fort à
parier que le bras de fer qui a, récemment, opposé deux entités régaliennes et
révélé par la presse à
la wilaya de
Naama, connaîtra l'épilogue que les us administratifs ont, de tout temps,
consacré. Le déchu s'entendra dire : « Oui ! Vous avez raison, mais on ne peut
créer de précédent… il y va de la crédibilité de l'Institution. » Quant à
l'instance immédiatement supérieure, dont certains en ont fait une principauté,
elle demeure, cependant, fragilisée par son environnement psychologique.
Elle n'arrive toujours pas à se départir du rôle qui lui colle à la peau de gardien du temple
légué par la défunte,
mais néanmoins, vivace pensée unique Elle sécurise, emploie, éduque, soigne,
loge et offre des intermèdes festifs. Telles sont ses obligations
institutionnelles ; faut-il encore qu'elle ait les moyens de les assumer
toutes. On évoque pour ce faire, les énormes moyens financiers mis à
disposition ; est- ce encore suffisant pour faire changer les mentalités de
comportement ? Le cas de la
polémique partie de Djelfa, est révélateur de la fragilisation de la mission publique.
Il est certain que si des gardes fous avaient préalablement,
jalonnés ces sentiers étincelants, on ne laverait pas, aujourd'hui, à l'air libre. Qui a déclenché le jet de ce pavé dans la mare ? L'opacité est,
assurément, là à chaque
fois que l'urgence est décrétée. Il est devenu, fréquemment, admis que les
visites de travail et d'inspection annoncées à l'échelon suprême de l'Etat,
génèrent par ricochet des dépenses imprévues et difficilement évaluables. Sous la contrainte de
l'événement, l'ordonnateur de la dépense publique, peut allégrement fouler les
règles d'orthodoxie budgétaire à la satisfaction générale,
mais il en subira, seul, les désagréments dès que les clameurs se soient tues.
Une multitude d'opérateurs publics réclamera à cor et à cri les créances
détenues sur les collectivités territoriales au crédit desquelles, elle a
résolument cru. Certains services centraux qui ont, quant à eux, opté pour la politique de la canonnière pour
dissimuler leurs tares et manquements vis-à-vis de leurs prolongements
territoriaux, scrutent d'autres horizons. Ils font de la coopération
internationale un gisement inépuisable, pour que les mêmes,
comme toujours, aillent s'aérer sous d'autres cieux. Ceux ci, ne se feront
presque jamais violence pour se faire l'obligation, de rendre compte de ses
virées grassement rémunérées. En ce qui concerne la Mission officielle
encadrant le «hadj» aux Lieux saints de l'Islam, il y bien longtemps que le ver
a investi le fruit. Allah yaqbal In Chaa!
Toute institution est réputée être une personnalité morale ; à ce
titre, elle doit faire de l'honneur et de la parole donnée, un
sacerdoce qu'aucune contingence ne doit profaner ou parjurer. Ce n'est qu'à ce
prix et à ce seul prix que les esprits chauffés à blanc par les dénis, les
passes droits et l'incurie pourront être interpellés quand il s'agira de
mobilisation citoyenne et d'édification communautaire nationale. Songe-t-on,
quelque part, à l'après pétrole ou bien
continuera-t-on à importer, niaisement, notre petit déjeuner fait de café, de
lait, de sucre et de pain de farine ? Cette équation, tellement simple, résume
toute la problématique
d'un développement socioéconomique pertinent qu'aucune
agitation, ni déclaration d'intention ne peuvent résoudre à moyen terme. S'il y
a refondation, c'est celle de l'esprit qu'il faut vite entamer.
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Posté Le : 08/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com