Djelfa - Habits traditionnels

Djelfa - Messaad mise sur la Kachabia et le Burnous pour son développement économique: Plaidoyer pour la protection d’un produit local de qualité



Djelfa - Messaad mise sur la Kachabia et le Burnous pour son développement économique: Plaidoyer pour la protection d’un produit local de qualité


Savoir-faire local et développement, une combinaison gagnante qui nécessite l’adhésion de tous les acteurs pour fonctionner. Déceler les atouts d’une région et les valoriser pour en faire une source de revenus pérenne est au cœur de la problématique du développement local.

La commune de Messaad, dans la wilaya de Djelfa, a fait l’exercice en misant sur le savoir-faire ancestral de la fabrication de la kachabia et du burnous à base de poils de dromadaire, pour en faire un produit emblématique et un atout majeur en vue d’un essor économique certain, bénéficiant à toute la région. L’inscription de ce produit au patrimoine universel de l’humanité serait le premier pas vers la concrétisation de cet objectif.

L’association Tamkeen, sélectionnée dans le cadre du projet Capdel, initié par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, le Programme des Nations unies pour le développement et l’Union européenne, a organisé une rencontre nationale autour de la kachabia et le burnous, une identité du territoire de Messaad et un savoir-faire local à protéger et valoriser pour un développement économique durable.

Outre l’aspect purement culturel de ces produits, la fabrication de ces manteaux traditionnels de haute qualité représente la principale source de revenus pour les ménages à Messaad. Les femmes sont la cheville ouvrière au cœur de ce métier, partant du nettoyage de la matière première, à son traitement pour constituer des fils et sa transformation en étoffe prête à être cousue.

Les hommes interviennent à ce stade de la couture et du montage qui, selon la tradition, doivent se faire à la main et en utilisant des matériaux nobles.

Au bout de la chaîne arrivent les intermédiaires, qui eux sont les principaux bénéficiaires de ce processus, en mettant en vente les produits finis sortis tout droit des ateliers des artisans à des prix dérisoires et vendus sur les étales à des prix de très loin plus onéreux pouvant dépasser les 200.000,00 DA. Ceci alors que la marge bénéficiaire réservée aux artisans est très minime et même dérisoire.

Une étude effectuée par des chercheurs de l’INRA démontre que les femmes de Messaad sont des acteurs économiques clés pour la région, mais ne gagnent qu’une infime part du fruit de leur labeur.

«La kachabia représente la principale source de revenu pour les ménages et Messaad est un pôle de confection par excellence de ce produit…» explique Amel Kanoune, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie.

Elle relève l’effet destructeur de la qualité Ouabri local, du fait de l’importation d’une matière première souvent synthétique et de piètre qualité. La population cameline allant en diminution, a poussé des importateurs locaux à aller chercher de la matière première en Irak ou en Chine.

«Il faut savoir que la manipulation de la matière première a un effet certain sur la santé des artisanes, qui souvent souffrent de malformations ou d’allergies. La matière première importée est traitée au préalable et arrive prête à être utilisée. Il y a lieu de faire des analyses poussées sur les produits utilisés pour traiter cette matière», souligne la chercheuse en expliquant que le vieillissement des artisanes, la difficulté de la tâche et le faible bénéficie tiré de la confection de ce produit de luxe menacent de disparition un savoir-faire ancestral.

«Il est important que la taxe d’importation de la matière première soit élevée afin de favoriser l’utilisation de l’authentique poil Ouabri local, notamment la Aiguiga, représentant le poil du jeune dromadaire. Il est aussi impératif de renforcer la population cameline à travers l’encouragement de l’élevage de dromadaires à Messaad et Djelfa», recommande Mohamed Kanoune, chercheur à l’INRA, car il faut savoir qu’il y a de moins en moins de dromadaires dans la région, ce qui impacte directement la fabrication de ce produit très prisé.

L’étude de l’INRA souligne une concentration de l’espèce cameline dans les territoires présahariens et sahariens.

«Il faut améliorer la disponibilité de la matière première et entamer une procédure de reconnaissance officielle du produit traditionnel comme étant étroitement lié à une aire géographique», souligne la même étude, en plaidant pour le développement des élevages de dromadaires sur les territoires steppiques, l’amélioration des pratiques commerciales des produits du tissage Ouabri et encourager la formation et la transmission du savoir-faire.




Photo: Le Capdel au chevet du développement local à Djelfa

Messaad ,Djelfa
De notre envoyée spéciale Nadjia Bouaricha



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