Constantine - Gestion, récupération et recyclage des déchets

Violences à Zighoud Youcef (Constantine): La population rejette le CET, la police réprime



Violences à Zighoud Youcef (Constantine):  La population rejette le CET, la police réprime




Les habitants exigent la fermeture du centre d’enfouissement technique (CET) de Daghra, que la wilaya a implanté contre l’avis de la communaut

De violentes émeutes ont secoué, mardi, la paisible commune de Zighoud Youcef (30 km au nord de Constantine), où de nombreux manifestants ont été blessés et une vingtaine d’autres arrêtés. Un mouvement qui s’est prolongé hier, mais dans le calme. Motif: la population exige la fermeture du centre d’enfouissement technique (CET) de Daghra, que la wilaya a implanté contre l’avis de la communauté.

Les habitants de Zighoud Youcef, échaudés par l’expérience amère de la commune de Ben Badis, ont tenté, dès l’annonce du projet, d’en dissuader le wali, Hocine Ouadah, en lui signifiant verbalement, lors de sa visite en novembre dernier, que le projet constitue une menace. A sa manière toujours sèche et autoritaire, Ouadah a opposé un niet catégorique à la revencication populaire.

Le conflit est né, mais la population, à travers une vingtaine d’associations locales, tente un dernier recours en écrivant au président de la République, le 12 mai, pour solliciter son intervention «afin d’alléger le fardeau quotidien qu’ils endurent et mettre fin aux déclarations provocatrices et irresponsables du wali à l’adresse de la population locale». Les rédacteurs du document saisissent l’occasion pour expliquer le contexte de leur action pauvreté et chômage, marginalisation administrative et faibles ressources de la commune qui ne peut compter que sur l’agriculture, menacée par la pollution que générera le CET.

Mais devant le mutisme des autorités et leur persistance à réaliser ce CET, la population est sortie mardi dans la rue, pacifiquement, pour signifier son attachement au rejet du projet. Mais les renforts des forces antiémeute ont répondu violemment en chargeant les centaines de citoyens venus protester devant le siège de la daïra.

«Le chef de daïra a refusé de nous parler et est resté dans son bureau jusqu’à la venue des policiers. Là, il est descendu et s’est mis à provoquer les manifestants avec des gestes vulgaires. En réaction, certains ont commencé à crier et tout de suite la police a chargé violemment les manifestants», témoigne Zakaria A.

Un autre citoyen, Nabil B. a confié à El Watan que les manifestants n’ont rien cassé en dépit de la répression et que, bien organisés, ils n’avaient pas l’intention de recourir aux actes de sabotage. Les accrochages ont duré jusqu’à une heure tardive et la police a eu recours aux gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers, qui répliquaient par des jets de pierres après avoir bloqué des rues avec des pneus enflammés.

Pour rappel, en août 2014, la commune de Ben Badis a été secouée par des événements similaires, suite au refus de la population du CET de Bougharb. Le centre, ouvert en 2010, crée la psychose dans la population qui le tient pour responsable de pathologies graves et la destruction de l’environnement. Des enquêtes du ministère de l’Environnement avaient confirmé les reproches de la population: déversement du lixiviat («jus» d’ordures), un produit hautement toxique pour la nappe phréatique et les terres de la région ; incinération des déchets à l’air libre et non-respect total des normes de traitement.

Ces émeutes avaient occasionné des dégâts estimés à 35 milliards, beaucoup de blessés et des arrestations.

A souligner le rôle insignifiant joué par la direction de l’environnement qui a brillé par son manque de discernement dans le choix des sites, sa responsabilité dans le mauvais fonctionnement du premier CET et son retrait de la gestion des conflits avec les populations.

Nouri Nesrouche



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