Constantine - Téléphérique

Téléphérique de Constantine: Le gâchis



Téléphérique de Constantine: Le gâchis


Réalisé pour 1,10 milliard de dinars, le téléphérique de Constantine, qui n’aurait servi que 10 ans, soit de 2008 à 2018, nécessite encore une enveloppe de 1,8 milliard de dinars pour l’achèvement des travaux de rénovation de toutes ses installations y compris ses 3 stations et toutes les pièces du système. Aujourd’hui, le chantier est abandonné, la présence du personnel a été réduite au strict minimum et les responsables à tous les niveaux refusent de se prononcer sur le sort de ce projet.

Profitant de la visite du Premier ministre Aïmene Benabderrahmane le 29 septembre dernier à Constantine, le directeur des transports de wilaya Farid Khelifi, sous l’œil vigilant du nouveau ministre des Transports Aïssa Bekkai, a soumis une demande d’autorisation exceptionnelle d’une valeur de 1,8 milliard DA, dans le cadre du Fonds spécial pour le développement des transports publics, afin de parachever le projet de réhabilitation du téléphérique de la ville.

Le directeur local des transports a précisé, lors de son exposé sur le secteur au niveau de la ville des Ponts, que les travaux de réhabilitation du téléphérique sont à l’arrêt, après avoir atteint un taux d’avancement de 85%, pour «manque de financement», insistant pour dire qu’il s’agit d’un moyen de transport important pour la ville et non un outil touristique.

Le Premier ministre et ministre des Finances n’a pas souhaité faire un commentaire sur le sujet, laissant ainsi cette demande en suspens.

Selon certaines sources proches du dossier, une enquête a été ouverte au niveau du ministère des Transports et en haut lieu sur les modes d’attribution du marché du téléphérique et sa gestion durant les dix dernières années.

L’ex-ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf, qui était wali de Constantine à l’époque, a été auditionné à ce sujet à plusieurs reprises.

Il est à savoir que le téléphérique est à l’arrêt depuis le 2 avril 2018 au grand désarroi des milliers d’utilisateurs car il était considéré comme un moyen de transport indispensable pour les habitants des quartiers nord de la ville.

À travers ses deux lignes, il reliait en moins de 10 minutes l’axe rue Tatache-CHU Ben-Badis à la cité Émir-Abdelkader sur une distance de 1.091 m, avec une capacité quotidienne de 10.000 passagers.

Selon l’annonce faite en 2018 par l’Entreprise de transport algérien par câbles (Etac), l’arrêt de ce moyen de transport a été indispensable pour une grande rénovation qui touchera toutes les pièces du système et une mise à niveau.

Selon un ingénieur exerçant au niveau du chantier, les travaux sont suspendus au niveau de deux stations sur trois, ainsi que l'installation des câbles pour les cabines pourtant réceptionnés par l’entreprise. Le taux d'achèvement du système électromécanique se situerait entre 60 et 70%, tandis que les travaux de génie civil et de restauration au niveau de la station du CHU Ben-Badis ne dépassent pas les 50%.

Les travaux de maintenance et de réhabilitation générale de tout le système électronique, y compris celui les stations ont été programmés en 2017 lorsque le système avait dépassé les 22.000 heures d’exploitation. 3.000 heures supplémentaires ont été accordées par l’entreprise Verital, seule habilité à délivrer les autorisations d’exploitation.

La situation actuelle n’est guère rassurante pour les 60 travailleurs inquiets quant à leur avenir professionnel. « Nous sommes au chômage technique depuis près de deux ans et c’est dur à supporter», explique l’un des agents de sécurité sur le site.

Les appréhensions se font sentir de plus en plus en l’absence de répondant et après les rumeurs colportées ces dernières semaines sur une éventuelle fermeture de ce moyen de transport après juste dix ans de service (2008-2018).

Du côté de l’Entreprise de transport algérien par câbles, l’on insiste pour dire que les raisons de l’arrêt prolongé de ce chantier et les chances de sa reprise sont purement d’ordre financier, alors que le projet de rénovation entamé en avril 2018 devait être réceptionné au mois d’août 2019.



Ilhem Tir


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