Constantine - Téléphérique

Rénovation du téléphérique de Constantine: L’arrêt prolongé du chantier suscite des inquiétudes



Rénovation du téléphérique de Constantine: L’arrêt prolongé du chantier suscite des inquiétudes


Située à quelques encablures du rond-point de la cité Emir Abdelkader, la station du téléphérique est complètement déserte par cette journée nuageuse du mois de septembre. Le chantier de rénovation des installations est à l’arrêt depuis plus d’une année.

L’ambiance poussiéreuse domine les lieux transformés en dépôt des équipements et des tas de ferraille entreposés sur un terrain envahi par la broussaille. Le chantier clôturé n’a même pas de porte d’accès. Au milieu des gravats et des bordures inachevées encerclant une fontaine solitaire et quelques palmiers qui résistent encore, on distingue ce qui devait être l’entrée réaménagée de la future station, laissée en l’état depuis des mois. Sur les lieux, un agent de sécurité descend l’échelle de son poste érigé en hauteur pour nous recevoir. Il nous dirige vers la direction installée dans une cabine, alors qu’une autre a été réservée aux archives.

Des cabines de l’Entreprise de transport algérien par câbles (ETAC) qui gère cette structure portant une phrase attirant l’attention «Le téléphérique – prenez la hauteur.» Fait curieux pour un moyen de transport cloué au sol. La présence du personnel a été réduite au strict minimum. Pas plus de trois personnes.

«La presse s’intéresse beaucoup à ce projet. Des journalistes sont passés ces derniers mois pour en avoir des nouvelles. Nous-mêmes, on ne sait pas grand-chose; nous sommes là pour gérer ce qu’il faut gérer; comme vous le constatez, le chantier est à l’arrêt pour des raisons financières; cela dure depuis des mois», nous a-t-il répondu avec courtoisie.

Une réponse tout à fait attendue pour un responsable qui nous invite à prendre attache avec la direction de l’ETAC à Alger.

Le décor est le même dans les deux autres stations situées l’une à proximité du CHU de Constantine et l’autre dans le quartier d’Echaraâ près de la rue Tatache Belkacem. Des murs démolis, une structure qui attend une reprise des travaux et des tas de ferrailles réparties sur les environs, alors que les lieux sont entourés d’une clôture sommaire.

. Des travailleurs inquiets

Mais pour des travailleurs que nous avons pu aborder, la situation n’est guère rassurante. On parle d’une soixantaine d’employés mis au chômage technique.

«Un chômage technique depuis près de deux ans qui demeure dur à supporter, surtout que nous sommes tous des pères de famille», nous lance un agent technique.

Un agent de sécurité soutient que les salaires ont été sérieusement affectés.

«La majorité d’entre nous touchent en moyenne entre 20.000 et 22.000 DA; car nous n’avons plus de primes; c’est la galère», avoue-t-il.

«On se démerde ailleurs pour boucler nos fins de mois, sinon ce sera difficile pour prendre en charge les besoins de nos familles», poursuit-il.

Les inquiétudes sont devenues plus sérieuses après les rumeurs colportées ces dernières semaines sur une éventuelle fermeture de ce moyen de transport après juste dix ans de service (2008-2018).

Des regrets aussi pour la population de la banlieue nord de la ville, notamment les cités Emir Abdelkader, Sakiet Sidi Youcef (BUM), Ziadia et Djebel Ouahch, dont le téléphérique était le moyen de transport le plus prisé et surtout le plus pratique et le plus rapide qui permettait de rallier la station de l’Emir Abdelkader à partir de celle de Tatache Belkacem (ex-rue Thiers) en une dizaine de minutes, avec une halte au CHU Benbadis.

Une aubaine qui permettait aussi d’éviter les longs embouteillages sur le parcours routier à partir du centre-ville.

Des inquiétudes qu’on tente de dissiper du côté de la société qui gère cette infrastructure, l’Entreprise de transport algérien par câbles (ETAC).

Contacté pour avoir plus de détails sur les raisons de l’arrêt prolongé de ce chantier et les chances de sa reprise, le directeur général adjoint (DGA) de l’ETAC, Larbi Boumediène, a avancé le problème financier, notamment en cette période marquée par une crise financière suite aux chutes des cours du pétrole, alors que le projet de rénovation entamé en avril 2018 devait être réceptionné au mois d’août 2019.

«Les travaux de génie civil ont atteint un taux d’avancement qui avoisine 80 % en moyenne dans les trois stations, alors que l’acquisition des équipements et la poursuite des travaux d’installation et de rénovation restent tributaires d’un financement, c’est tout ce que je peux vous dire pour le moment», a-t-il déclaré à El Watan sans vouloir donner plus de détails sur une éventuelle reprise des travaux.

Une réponse qui renseigne sur la situation critique dans laquelle s’est retrouvée cette infrastructure dont l’arrêt a été décidé dans une période marquée par des turbulences à l’échelle de l’État qui sera suivie par l’avènement du hirak et les bouleversements qui ont accompagné la chute du régime de l’ancien président et toutes les conséquences du démantèlement de la «issaba».

Ceci explique aussi, selon certaines indiscrétions les informations qui font état d’une enquête menée en haut lieu sur les modes d’attribution du marché du téléphérique et sa gestion durant les dix dernières années. Des circonstances qui semblent retarder encore une éventuelle reprise du chantier pour une structure qui connait un triste destin.

«En tant que moyen de transport urbain, le téléphérique sera toujours maintenu et l’État ne pense pas l’abandonner, ce n’est qu’une question de financement qui sera réglée, c’est juste une question de temps», tente de rassurer le DGA de l’ETAC.


Photo: Le problème financier est toujours avancé comme explication (Photo el watan)

S. Arslan


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