Constantine - Revue de Presse


En effet, si beaucoup d'amateurs et mélomanes se sont juste contentés d'écouter de la bonne musique au gré de soirées chaleureuses et conviviales, certains, plus avertis, se demandent quel bénéfice a pu tirer la musique locale, en l'occurrence le malouf, de ce festival du même nom ' Une caractéristique qui n'est guère propre à  cette édition, mais l'on a bien assisté à  de semblables dérives lors des précédents rendez-vous. Un artiste local, ayant requis l'anonymat, dira: «Un festival qui ne retentit pas positivement sur les musiciens de la région, ne peut, à  mon humble avis, àªtre considéré comme réussi. Qu'avons-nous apporté au malouf après quatre éditions internationales ' Ce festival est un acquis pour la ville, et il n'est pas question pour moi de chercher à  le dévaluer. Mais je crois que nous devons nous poser les bonnes questions, entre autres, si nous sommes en train d'avancer comme certains de nos voisins ou au contraire de reculer.»
Notre artiste fait naturellement allusion à  la maîtrise artistique, dont savamment font montre les Marocains venus de Tanger et de Fès, qui a laissé perplexes, voire envieux, beaucoup de musiciens. Habitués à  l'autosatisfaction et à  la suffisance, certains «artistes  locaux», narcissiques, se gargarisant habituellement de leurs maigres exploits, ont été réduits au silence par des musiciens marocains humbles, généreux et surtout ingénieux, se permettant le luxe de titiller quelquefois la musique locale par des phrasés apparentés au malouf, sans pour autant en jouer vraiment. Le violoniste Brahim Idrissi émerveillera l'assistance en exécutant des solos d'une rare magnificence. En outre, si l'on prend en compte l'intitulé du festival et son objectif, on peut très bien se demander ce qu'y font des groupes orientaux versés plutôt dans les mouashahat (poésie), ou encore ceux marocains qui, bien qu'immensément talentueux, se trouvent à  mille lieues du malouf. Ceci est de l'aveu même du chanteur marocain, à  la voix d'or, Abdelfatah Bennis, qui pense que cette dissemblance est radicale. Invitée de marque de cette édition, l'Espagnole Bigonia Olivida a fait une timide apparition avec un ensemble marocain conduit par l'inimitable Metioui. On avait l'impression que c'était la «star» espagnole qui accompagnait le groupe, et non le contraire, Metioui et son luth ayant été la véritable attraction de la quatrième soirée.
Il est vrai que l'on peut accorder à  la chanteuse espagnole son timbre de voix spécial et nouveau dans le cercle du festival, mais nous n'avons pu constater son génie musical sur son «Kanun», qui nous a livré un ton bien ordinaire. Avouons que Metioui aura réussi à  introduire cette artiste qui, en plus d'être gracieuse, aura eu juste la particularité d'être une Sévillane. Notons que la soirée de clôture a été confiée à  l'ensemble national de musique andalouse, conduit par Guerbas, dont on ne compte plus le nombre de passages dans la Ville des Ponts. Il est vrai que c'est à  Constantine que cet orchestre est né, comme se plaît à  le rappeler Guerbas lui-même. Oscillant entre répertoire classique puisé des trois écoles de musique andalouse, à  savoir Sanaâ, Gharnati et Malouf, et quelques compositions propres au maître Guerbas, l'ensemble a gratifié l'assistance d'une prestation enjouée, enchaînant un genre à  un autre avec une rare délicatesse.              


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