Constantine - Dinanderie


L'art de la dinanderie consiste à exécuter des pièces en utilisant exclusivement une simple feuille de métal plat, et à la refermer sur elle-même en la battant au marteau pour former un vase, un plat, une verseuse, sans découpe d'aucune sorte, soudure ou rajout. Plusieurs opérations successives sont nécessaires pour aboutir à la pièce finale : la mise en forme qui est une opération extrêmement délicate, le planage et, pour finir, le décor.

Pour la mise en forme, la surface du métal devant être utilisée est bien évidemment fonction de la pièce à réaliser. Pour monter au marteau un vase de 30 cm de haut, Jean Dunand indiquait qu'il utilisait une plaque de 40 cm de diamètre. Généralement, les feuilles de cuivre ou de laiton utilisées ont 12 à 15 dixièmes de millimètres d'épaisseur. Ce disque de métal, qui est le point de départ de toute dinanderie, s'appelle un flan. La première opération consiste à emboutir cette feuille de métal à l'aide d'un maillet de buis qui, tout en étant extrêmement dur, n'endommagera pas l'épaisseur du métal. On pose d'abord le flan sur un billot de buis creux pour lui donner la forme d'une coupelle en frappant uniquement la face intérieure de la plaque. Puis, par frappes successives, on accentue cette cuvette en la faisant de plus en plus profonde jusqu'à en faire une sorte de bol élargi. Une fois accomplie cette déformation par l'intérieur, on procède alors au martelage par l'extérieur en retournant la pièce et en la posant sur un bras de fer, la potence, qui présente à son extrémité un trou destiné à recevoir une pièce d'acier de forme appropriée au travail désiré, appelée tas. Cette frappe par l'extérieur, exécutée en utilisant la panne allongée et arrondie d'un marteau spécial, se nomme retreinte. L'élasticité moléculaire du métal permet, petit à petit, après plusieurs passes menées en spirale autour de la pièce, de diminuer son ouverture jusqu'à pratiquement la refermer au diamètre désiré. Malheureusement, après chaque passe, sous l'effet des coups répétés, le métal a perdu de sa souplesse naturelle et est devenu extrêmement cassant. On dit alors que le métal est recroué. Pour éviter tout risque de brisure, il convient alors, avant de commencer une nouvelle passe, de chauffer le métal au rouge afin de lui redonner sa souplesse d'origine. Cette opération, que l'on appelle le recuit, ne doit être effectuée que sur la face extérieure de la pièce. Ainsi, par opérations successives de retreintes et de recuits, on finit par obtenir la forme et le diamètre désirés (photo des différents stades).

Si ces opérations sont simples à décrire, elles nécessitent toutefois une grande habileté car, indépendemment du fait qu'il faut toujours avoir prévu de laisser suffisamment de métal à pousser pour arriver sur le bord extérieur, il faut aussi toujours garder à l'esprit qu'une certaine épaisseur doit être maintenue, celle-ci étant fonction du travail que devra supporter la pièce à cet endroit. Certains points devant être renforcés alors que d'autres peuvent être très minces. Par ailleurs, l'opération de chauffe est, elle aussi, extrêmement délicate car il faut la mener progressivement tout en maintenant la pièce chaude dans son entier pour qu'elle ne casse pas ou ne se déforme pas. De même, le refroidissement, qui peut être selon le cas lent ou rapide, doit être effectué avec prudence.

Le travail au marteau, aussi régulier et précis qu'il soit, donne au galbe une souplesse qui est pratiquement invisible à l'oeil nu sur la surface du métal, mais se sent très légèrement au toucher. Le planage est destiné à atténuer ces traces de martelage ou, au contraire, à les réguler pour en tirer un effet décoratif. Il s'effectue sur un tas en acier en frappant la pièce à petits coups rapides et forts, pratiquement au rythme de 200 coups à la minute, en les imbriquant les uns sur les autres, aussi serrés que possible et en les menant en spirale à l'aide d'un marteau plat, lisse et poli comme un miroir. Ce planage peut être parfaitement uni ou au contraire facetté d'après l'effet décoratif désiré, selon qu'on utilise un marteau plat ou légèrement bombé.

Le décor de la surface de la pièce peut être le résultat du planage qui conduit à de beaux effets de martelages réguliers facettés ou lancéolés, mais il peut être aussi le résultat d'un travail à l'acide et au feu destiné à lui donner des patines colorées ou des effets de bronzages brun, noir ou or. D'autres fois, c'est à l'aide d'enduits de cires que l'on recouvre les parois de la pièce, ou encore de laque comme le fit souvent Jean Dunand. Mais le "nec plus ultra", dans la plus belle tradition de ce métier, consiste à orner la surface de la pièce soit par le repoussé et la ciselure, soit par l'incrustation de métaux de couleurs différentes ou encore à la recouvrir d'émaux vitrifiés.


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