Il a suffi donc d'une dizaine de minutes d'orage et de pluies abondantes pour provoquer, mercredi dernier vers 16h, une catastrophe à la cité Djebli Mohamed dans la commune de Hamma Bouziane, quartier appelé communément «Cantolier » et traversé par la route nationale n°27 en direction des wilayas de Mila et Jijel. Cette agglomération composée de constructions illicites et anarchiques repose sur la zone plate située aux pieds de la colline de Bekira que traverse l'Oued Ziad descendant de Djebel Ouahch.
«Les autorités officielles accusent l'Oued Ziad d'être à l'origine de la catastrophe, nous a expliqué jeudi un ingénieur en travaux publics, mais les véritables causes résultent bien sûr de l'anarchie des constructions bâties sur le cours de l'oued, obstruant son passage vers l'Oued Rhumel qui coule à quelques centaines de mètres plus bas, mais aussi du fait qu'il n'y a jamais eu d'assainissement de cet oued. Ajoutons à cela le sous-dimensionnement des regards et avaloirs mis tout au long de la route et l'absence de tout plan d'évacuation des eaux qui traversent cette route à grande circulation.»
Résultat, en quelques minutes, les eaux de pluie remplies de tonnes de terre, de gravats, de pierres, de troncs d'arbres et de pneus usés ne trouvant pas d'issue pour se déverser dans l'Oued Rhumel, ont emprunté la route à grande circulation. Les eaux ont emporté dans leur furie une mère de trois enfants âgée de 30 ans, avocate de profession, et un employé de la mairie de Constantine. Les deux victimes ont été piégées dans leur véhicule submergé par les eaux boueuses. Onze autres personnes ont été blessées et une cinquantaine de véhicules ont été endommagés, dont un bus de transport public et un autre rempli d'étudiants qui revenaient de l'université.
«Les pluies battantes qui s'abattaient sur la cité Djebli ont provoqué aussi une grande frayeur chez les riverains qui ont cru à la fin du monde », nous ont expliqué par ailleurs des membres d'associations de quartier qui ont participé au sauvetage de femmes et d'enfants qui furent encerclés par les eaux.
L'ampleur de la catastrophe reflétée par les images diffusées sur les réseaux sociaux a provoqué la réaction des autorités centrales qui ont délégué jeudi matin une commission d'enquête composés de hauts cadres des ministères de l'Intérieur, des Ressources en eau et des Travaux publics et qui, aussitôt arrivée à Constantine, s'est rendue sur les lieux de la catastrophe où s'affairaient à dégager les déblais et libérer la route des centaines d'ouvriers des communes de la wilaya et ceux dépêchés de cinq wilayas de l'Est. Cette commission a tenu jeudi après-midi une séance de travail au siège de la wilaya. Des décisions urgentes ont été prises et annoncées par le wali M. Abdessamai Saidoune. Avant cela, M. Melizi, le délégué national aux grandes catastrophes et directeur général des infrastructures au ministère de l'Intérieur, a déclaré que 18 wilayas du pays ont été touchées par ces catastrophes et les pertes occasionnées ont été évaluées à 18 milliards de DA.
Les décisions urgentes prises ont été donc énumérées par le wali de Constantine. Ainsi, le directeur des ressources humaines de la wilaya a été chargé d'une opération d'assainissement de l'Oued Ziad qui devait commencer dès hier. Le directeur des travaux publics a été chargé, quant à lui, d'élaborer une fiche technique pour la construction de caniveaux et de fosses bétonnées sur le bord de la RN27 en entamant immédiatement des travaux pour stabiliser le talus aux pieds de la colline de Bekira où il faut lancer une opération de reboisement. Une autre opération commune d'assainissement à laquelle devaient participer différents secteurs a été engagée hier au niveau de la petite forêt de Bekira surplombant le quartier sinistré. La direction des ressources en eau a, par ailleurs, été chargée de préparer une fiche technique en vue de la réalisation de réseaux d'assainissement et de réseaux d'AEP.
D'autre part, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau a révélé qu'une étude sera lancée immédiatement pour réaliser un système technique destiné à maîtriser les eaux de pluie descendant par l'Oued Ziad et éviter qu'il ne sorte de son lit et protéger les habitations anarchiques bâties sur ses berges. Il a annoncé également que son ministère s'est engagé à renforcer en moyens autant la Seaco que l'Office national d'assainissement, ONA, pour leur permettre de réaliser, dans la zone sinistrée, des réseaux d'assainissement et d'autres d'eau potable (AEP).
A. Mallem
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Posté Le : 22/09/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : A. Mallem
Source : Le Quotidien d'Oran du samedi 22 septembre 2018