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Constantine - Les Zinzins du Café Riche: Au-delà des échecs, le déficit d’organisation des Constantinois



Constantine - Les Zinzins du Café Riche: Au-delà des échecs, le déficit d’organisation des Constantinois


Deux sujets qui impactent lourdement la vie de tous les jours des Constantinois ont été, vendredi soir, au centre des débats, amenant les participants à conclure que la ville n’a que trop subi les agressions et qu’il est temps de s’organiser sérieusement pour changer le cours des choses.

Au menu de ce deuxième numéro des Zinzins du Café Riche, le sujet des glissements de terrains traité par Pr Mohamed-Tahar Benazzouz, a provoqué un débat passionné, d’autant qu’il s’est croisé naturellement avec un autre sujet relevé par Hayet Kerboua, celui du déficit en espaces verts et de forêts récréatives à Constantine.

La journaliste de la Chaîne 3, intervenant en ouverture, a noté parmi les faits ayant marqué l’actualité de la semaine, l’annonce par la wilaya, d’un projet d’aménagement de la forêt d’El Baâraouia. Kerboua craignant une (nouvelle) annonce sans lendemain, a souligné l’absence d’une véritable politique locale de l’environnement, et la série de ratages ayant pesé sur le secteur, notamment la dégradation des acquis (forêt de Djebel Ouahch), l’impuissance à créer de nouveaux espaces (parcs citadins à Bardo et Zouaghi), ou encore l’érection de grandes agglomérations pour des centaines de milliers d’habitants, mais dépourvues de jardins et d’espaces verts (Ali Mendjeli). Ce fiasco local se distingue mieux dans le contexte mondial, où la problématique de l’environnement est un enjeu de société, a souligné Pr Abdelmadjid Merdaci.

Le sujet a suscité beaucoup de réactions et d’indignation parmi l’assistance. Heureusement, des hirondelles existent, notamment les efforts du groupe ‘‘Constantine ma ville’’. Mais en conclusion, il s’avère que ces initiatives sont largement insuffisantes en l’absence d’une force de proposition capable d’influer sur les choix de l’administration. Le déficit en matière de démocratie participative, selon l’un des intervenants, est à la source de ces maux et des échecs répétitifs. Cette idée et celle de l’implication active des organisations citoyennes dans la prise de décision, sont partagées unanimement par les intervenants.

C’est aussi le mot de la fin employé par Pr Mohamed Tahar Benazzouz. Ce dernier, chargé d’intervenir sur la géomorphologie de Constantine, a abordé le problème des glissements de terrains, un problème d’actualité dont on retrouve les premières traces en 1934, selon les archives, dira-t-il. Constantine connaîtra d’autres catastrophes naturelles, comme les crues d’Oued Rhumel en 1984 et le séisme de 1985, mais ce sont les glissements de terrains qui, à partir de 1972, vont devenir la hantise de la population. Les causes du phénomène, selon Benazzouz, sont dues aux extensions de la ville de Constantine, faites vers l’ouest surtout, sur des terrains fragiles et instables. D’ailleurs, dira-t-il, l’ancienne ville bâtie sur un rocher de 200 mètres de calcaire n’est jamais inquiétée. C’est donc durant les années 1970 que les autorités ont commencé à réagir, mais hélas leur gestion des risques s’est limitée au déplacement des populations menacées, dans des cités de transit.

Le conférencier indique être à l’origine de l’étude globale sur les glissements de terrains à Constantine, décidée au début des années 2000 par les autorités centrales et confiée au bureau français Simecsol. L’objectif rappelle-t-il, était de poser un diagnostic correct et proposer des solutions.

Or, «une fois l’étude réceptionnée, on n’a jamais réalisé quoi que ce soit», s’indigne Benazzouz, qui déplore le gaspillage d’argent public dans des projets sans impact positif sur les Constantinois, ou encore, citant l’exemple de la destruction de la trémie de la mosquée Emir Abdelkader, l’absence de bon sens dans la conduite des projets de développement. La marginalisation des Constantinois dans la consultation et la prise de décision indispose manifestement le Pr Benazzouz qui appelle les bonnes volontés à investir les conseils communaux. Un message de mobilisation qui semble trouver écho chez l’assistance, un public manifestement bien content de cette «qaâda» conviviale, que le chanteur de chaâbi, Mohamed Hamdi, a clôturée avec des notes rafraîchissantes et des rythmes qui ont fait danser les amateurs.


Photo: A son deuxième numéro, le rendez-vous entame déjà sa vitesse de croisière

Nouri Nesrouche


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