Après un rendez-vous raté, dimanche dernier, en raison d’un mouvement de grève, les étudiants à Constantine se sont donné le mot pour une campagne de nettoiement.
«Nous sommes en grève et la meilleure action après les marches et les rassemblements demeure celle d’utilité publique dont le nettoyage des sites universitaires», nous a déclaré Hamza, l’un des initiateurs de cette campagne.
L’idée d’assainir l’environnement immédiat des enceintes universitaires n’est pas nouvelle. Périodiquement, la sous-direction chargée des activités scientifiques, culturelles et sportives organise ce genre d’opération. Dans la conjoncture actuelle, l’action prend un tout autre sens.
«C’est un acte militant, c’est un prolongement du hirak; si, d’une part, nous appelons au départ des résidus du pouvoir, et nous le faisons savoir par le biais de manifestations dans la rue, de l’autre, faire preuve de civisme n’est pas contradictoire à l’esprit de la dynamique populaire», explique Walid, étudiant en biologie à l’université Frères Mentouri (UFMC).
L’appel à cette opération de nettoyage est surtout relayé par les réseaux sociaux qui ont largement contribué à la mobilisation des étudiants. Et comment peut-il en être autrement alors que 98% d’entre eux ne communiquent que via Facebook ?
C’est d’ailleurs le résultat d’une enquête menée récemment par Nora Mansouri, responsable du Bureau de liaison entreprise-université (BLEU) de l’UFMC à l’effet de mesurer les effets des Technologies de l’information et communication (TIC) au sein de la communauté universitaire. L’état des lieux a été ainsi dressé grâce à ce sondage électronique, composée de 21 questions formulées dans les deux langues, arabe et français, et ayant cumulé les réactions de 200 répondants.
«L’analyse des résultats de ce sondage montre que les étudiants sont relativement habitués à l’utilisation d’internet. 35% y passent plus de 20h par semaine et se connectent aux réseaux sociaux sur lesquels 98 % d’entre eux sont présents», est-il indiqué.
Et partant, d’aucuns ne peuvent invoquer un défaut de communication pour justifier leur défection concernant les actions menées en dehors des marches hebdomadaires de mardi et vendredi. C’est du moins le message qui est véhiculé sur les forums estudiantins.
Et certains l’on bien saisi. Croisée lors de la marche de mardi dernier, Zeineb, étudiante en médecine, nous a affirmé qu’au niveau de sa faculté au Chalet des pins, plusieurs groupes d’étudiants ont entrepris une campagne d’embellissement. Joignant le geste à la parole, elle nous dévoile plusieurs photos prises avec son téléphone confirmant ses propos.
Outre le nettoyage des espaces et des alentours des bâtiments, certains ont laissé libre cours à leur sens artistique.
«C’est un vent de liberté qui souffle depuis l’avènement du mouvement du 22 février…Il a aussi révélé des vocations et un sens de la créativité. Partout, à Jijel, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Alger… des jeunes s’attellent à redonner un nouveau visage à leurs quartiers ou aux espaces publics. Nous sommes aussi dans cette mouvance», dira notre interlocutrice.
Ces futurs médecins ont réalisé plusieurs fresques, où l’art s’allie à la science. Sur des toiles grandeur nature, des dessins à connotation médicale côtoient des paysages champêtres et des slogans «révolutionnaires». Une synergie entre le savoir, l’art et l’engagement est née.
Naïma Djekhar
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Posté Le : 20/04/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Naïma Djekhar
Source : elwatan.com du vendredi 19 avril 2019