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Constantine (Football) - Abdelhafid Fendi (ex-milieu offensif international du MO Constantine): «Boumediene ne voulait pas le professionnalisme»



Constantine (Football) - Abdelhafid Fendi (ex-milieu offensif international du MO Constantine): «Boumediene ne voulait pas le professionnalisme»


Avec Krokro et Gamouh, Abdelhafid Fendi a formé l'un des meilleurs trios de l'histoire du MOC et du foot algérien. Milieu de terrain offensif élégant et spectaculaire, il a enchanté le public de l'Est, au cours des années 70 et ce jusqu'en 1982. Souvenirs avec un meneur de jeu international inoubliable.

- Après une brillante carrière, vous avez raccroché en 1982 pour devenir entraîneur?

Oui, et j'ai drivé des clubs de division inférieure, comme Hama-Bouziane.

- Mais pourquoi vous n’avez jamais drivé un grand club de l’élite?

Pour driver un grand club de l'élite, il fallait être très ami avec le président et faire du fifty-fifty avec lui. Je ne suis pas de ce genre d'entraîneur sans scrupules.

- Que voulez-vous dire?

Certains entraîneurs arrivent à faire signer des joueurs dans un club et une fois que ces derniers touchent la prime, il partagent le montant avec eux. Moi, je n'ai jamais voulu manger de ce pain-là.

- Vous étiez le stratège de ce MOC qui avait perdu la fameuse finale de la Coupe d’Algérie de 1976 face au MCA. C'était une grande équipe imbattable...

Certes, le MCA était une grande équipe, mais nous aussi nous avions une formation de qualité. D'ailleurs, au cours de cette finale mémorable, nous avions mieux joué que le Mouloudia, mais on n'a pas eu de chance et ils ont été plus réalistes en nous mettant deux buts. La preuve, à la fin du match, «Ammi» Smaïl Khabatou «Allah yarahmou», qui était le coach du MCA, est venu nous voir pour nous dire qu'on avait une très belle équipe.

- Une très belle équipe qui n’a remporté aucun titre...

Notre première préoccupation, c'était la joie de jouer ensemble et de produire du beau football. Même notre président de l'époque, le docteur Bencharif, nous disait de jouer au foot et de ne pas discuter les décisions arbitrales, même quand elles étaient en notre défaveur.

- Vous totalisez 20 sélections. Vous avez joué avec Lalmas?

Non, quand j'ai été sélectionné, il avait déjà pris sa retraite internationale. J'ai joué avec Fergani, Ighil, Kheddis et Hadefi Miloud.

- Hadefi qui a donné son nom au nouveau stade d’Oran.

Et c'est bien. Il mérite plus et on le surnommait le Beckenbauer algérien. C'était un homme bien «Allah yarahmou». Lui, au moins, il n'a pas été totalement victime de l'ingratitude et de l'oubli, comme nous qui avons beaucoup donné sans rien recevoir.

- Depuis plusieurs années, le MOC végète en Ligue 2. Qu’en pensez-vous?

Si le MOC traîne en division inférieure, c'est à cause de ses dirigeants. Au début, ils arrivent en prétendant ramener un plus et après, au contraire, ils partent en laissant le club endetté et en disant qu'ils lui doivent des milliards. Aujourd'hui, le compte du club est bloqué et aucun président ne peut démarrer un projet ambitieux.

- L'autre club de la ville, le CSC, bénéficie de l’apport d’une entreprise étatique. Qu’en dites-vous?

C'est injuste. D'ailleurs, il y a une injustice à travers tout le pays. Quand vous voyez que 6 clubs sont sponsorisés par l'Etat et que des écoles comme le NAHD, le RCK, l'USMH ou l'ASMO qui ont tant donné au foot algérien ainsi que Hamra Annaba et l'ES Guelma sont délaissées, on ne peut dire qu'un mot: injustice flagrante.

- Il faudrait que l’Etat sponsorise tout le monde ou instaure un vrai professionnalisme?

A propos du professionnalisme en Algérie, j'ai une anecdote. Dans les années 70, on était en regroupement au stade du 5-Juillet avec l'EN et la veille de notre départ pour la Russie, afin de disputer un match international. Le président Houari Boumediene est venu dîner avec nous. Il était accompagné d’Abdelmadjid Allahoum. Rachid Makhloufi qui était le coach national demanda au président s'il n'était pas temps d'instaurer le professionnalisme.

- Et quelle fut la réponse du président ?

Il lui a répondu que le professionnalisme ne pouvait pas réussir parce que l'Algérien est cupide et aime l'argent avant les couleurs du club. Comme quoi, Boumediene ne voulait pas le professionnalisme.






Photo: Abdelhafid Fendi (ex-milieu offensif international du MO Constantine)

Propos recueillis par Hassan Boukacem


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