Constantine - Patrimoine Culturel

Constantine capitale de la culture arabe 2015: L’improbable défi



Constantine capitale de la culture arabe 2015:  L’improbable défi




Le wali de Constantine, Hocine Ouadah, a effectué hier matin une visite de travail et d’inspection sur les chantiers ouverts des différents projets inscrits dans le cadre de la manifestation «Constantine capitale de la culture arabe 2015».

Au cours de cette sortie, ce dernier a inspecté les chantiers de réhabilitation des espaces culturels Malek-Haddad, Al Khalifa, la Medersa, l’ex-siège de la wilaya et les locaux de l’ex-Monoprix où il a particulièrement insisté sur le choix des matériaux et le respect des délais.

Par ailleurs, quelques projets traînent encore, provoquant la colère du chef de l’exécutif, à l’exemple du pavillon des expositions, situé sur les hauteurs de la cité Zouaghi-Slimane où le bureau chargé d’étudier le terrain en question n’a semble-t-il pas respecté les délais impartis à l’étude, ce qui a provoqué la colère du wali.

Des sommes colossales ont été débloquées par l’Etat afin de réussir l’événement de «Constantine capitale de la culture arabe 2015». Entre 25 nouvelles infrastructures et 74 projets de réhabilitation, il aurait fallu un financement public de 60 milliards de dinars. La majorité de ces projets sont en cours de réalisation, transformant du coup la ville en un immense chantier.

Toute cette agitation de la part des autorités autour de la réalisation de ces projets laisse croire que la ville sera fin prête pour accueillir des convives venus du monde arabe et d’ailleurs.

Mais qu’en est-il réellement à quelques mois du fameux rendez-vous culturel?

Une petite promenade à Constantine nous livre une toute autre réalité. Le cœur de la ville, l’endroit le plus fréquenté, censé refléter l’image de marque de toute une ville… sinon de tout le pays, donne un sentiment de frustration et de désespoir.

A l’exemple de la place Karkri, (qui se trouve derrière l'hôtel Cirta) à l’entrée de la ville! Celle-ci a englouti près de 50 millions de dinars pour sa réhabilitation. Elle était censée abriter des espaces de détente, des magasins et des kiosques multiservices, et se retrouve aujourd’hui complètement abandonnée à son triste sort, des locaux flambant neufs y sont saccagés et servent de «poubelles», les autres espaces servent de refuge pour les SDF, et autres marginaux de tout genre.

«Ici, on en voit de toutes les couleurs», «parfois, nous ne pouvons pas emprunter ce chemin lorsqu’on est accompagné d’un membre de la famille», nous confie un habitant de la cité.

Un fléau très répandu ces dernier mois risque de compromettre l’événement de 2015, celui de la mendicité, qui prend de plus en plus d’ampleur au sein de Constantine, surtout au centre-ville, qui se voit transformé en un grand refuge pour les mendiants autochtones et ceux venus d’ailleurs, (Afrique et Moyen-Orient)...

Toute une misère étalée au grand jour sur les principales artères de la ville où pas moyen de faire deux pas sans être abordé avec insistance par des fillettes pieds nus, réclamant une «Sadaka», laissant croire que le destin de Constantine est d’abriter le malheur de l’humanité.

En prenant le chemin de «la brèche» allant vers la Grande Poste, c’est une toute autre image qui nous frappe, celle du commerce informel ; partout des vendeurs à la sauvette, qui dressent leurs étals à même le sol, à l’exemple de l’esplanade du théâtre régional de Constantine où un spectacle désolant fait de l’ombre à toute la splendeur du bâtiment du TRC.

En matière de propreté, et pour ne parler que de la ville des ponts, beaucoup reste à faire.

 Il est clair que Constantine, (en plus d’une gestion catastrophique) fait face à des élus souvent absents et incompétents, un décor désolant s’affiche dans les rues de la ville surtout au niveau du centre où les murs sont souillés, des odeurs nauséabondes un peu partout, des ordures ménagères éparpillées sur les trottoirs à l’exemple des alentours du marché des frères Bettou, sans parler de la poussière émanant des chantiers où il n’est plus possible de respirer de l’air pur.

Les bouchons de circulation demeurent la bête noire des Constantinois. Malgré l’entrée en service du tramway, du téléphérique, de la trémie de la cité de Daksi et bientôt de transrhumel, le problème se pose toujours.

Pas moyen de pénétrer normalement au centre-ville sans passer un quart d’heure ou plus bloqué à l’entrée de la ville ; s’ajoute à cela l’exiguïté des routes, l’absence d'aires de stationnement et le comportement incivique de certains automobilistes et chauffeurs de taxis qui ne font qu’aggraver la situation.

Plusieurs points ou détails essentiels manquent à l’image de la future capitale de la culture arabe. L’absence d’espace vert et de loisirs, de cafétérias et restaurants de qualité , impossible de manger propre en plein centre ; des locaux de fast-foods et pizzerias souvent insalubres envahissent les rues faisant le bonheur de jeunes inconscients qui n'ont d'autre alternative que de se plier à ce genre de restauration.

La vieille ville de Constantine, abandonnée à elle-même depuis des décennies et livrée au pillage de ses vestiges, n’est, depuis longtemps, que ruines et désolation, revient à l’occasion au souvenir des responsables locaux.

Une opération de réhabilitation, dit-on, est, en principe, en cours mais l’on ne sait toujours pas s’il s’agit effectivement de réhabilitation ou rafistolage?

Ce ne sont que des aspects parmi tant d’autres qui risquent de compromettre l’image d’une ville, à l’aube d’un événement important.
Aurions-nous suffisamment le temps de mettre de l’ordre et dépoussiérer Constantine?

Pas évident si l’on se fie à la cadence des opérations qui sont menées et n’ont fait qu’empirer le look blafard de «Medinet El Haoua».

Rym Souici



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