Publié le 16.04.2024 dans le Quotidien l’Expression
Plusieurs activités sont prévues dans l’antique Cirta pour célébrer une figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie.
La ville des ponts pavoisée
Constantine célèbre, aujourd'hui, «la Journée du savoir», Youm El Ilm, qui coïncide avec la date de la disparition de l'une des figures emblématiques du mouvement réformiste musulman, Abdelhamid Benbadis, qui a fondé en 1931 l'Association des ouléma musulmans algériens. Considéré comme l'un des plus grands savants religieux du siècle, il est également un intellectuel et un éducateur religieux. Ce fils de Constantine est l'un des hommes de l'Algérie ayant parvenu à élaborer les fondements de la personnalité des individus, à travers l'instauration d'une profonde conscience nationale à l'origine de la révolution de Novembre qui a «desserré» l'étau colonial et permis le recouvrement de l'indépendance.
La célébration de cette journée, orchestrée par les autorités locales, sera marquée par un recueillement sur la tombe de l'imam, une halte qui inaugurera un riche programme prévu au complexe culturel Malek- Haddad. Mais plusieurs autres manifestations sont programmées à travers la wilaya, au niveau de ses différentes communes. L'imam Benbadis a consacré sa vie à répandre l'esprit national et à consolider l'idée d'appartenir à la société algérienne, qui a sa propre histoire, ses valeurs et sa culture, réfutant ainsi toutes les tentatives d'intégration. Il n'a pas manqué de hanter l'esprit du colonisateur même après sa mort, en 1940.
En effet, il était cité encore dans les rapports de police établis durant la Guerre de libération nationale (1954 à 1962), qui admettaient fort, vu sa situation, qu'il formait une armée dont de nombreux cadres de la révolution algérienne sont ses élèves ou ses disciples. Le président de la Fondation Abdelhamid Benbadis, le professeur Abdelaziz Filali, avait, dans une précédente conférence dédiée à l'imam, souligné: «Sur instruction des hautes autorités de la France coloniale, un policier était mobilisé dès l'an 1921 pour suivre les mouvements et les activités de l'imam Benbadis». Il dira notamment que «même les lettres d'invitation à assister aux cérémonies étaient répertoriées par la police coloniale».
Le professeur a soutenu également que «le leader du mouvement réformiste en Algérie, qui a consacré sa vie au changement réel, en s'appuyant sur l'attachement de l'individu à son identité, sa religion et son unité nationale, a ouvertement affronté l'occupant français et combattu tous les schémas d'intégration, ne cessant de répandre l'idée que la nation algérienne ce n'est pas la France, ne peut pas être la France et ne veut pas être la France».
Le combat de l'imam était mené sur plusieurs fronts, car «il militait pour éclairer les esprits sur la question de l'indépendance et a lutté contre l'ignorance pour instaurer la renaissance d'une nation libérée et instruite», a fait savoir le professeur Filali. C'est ainsi et pour tous ses sacrifices, que l'Algérie fête chaque année la Journée du savoir, qui traduit l'itinéraire d'un homme libre et profond ayant choisi le chemin de l'indépendance.
Ikram GHIOUA
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Posté Le : 16/04/2024
Posté par : rachids