Eminent expert auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le professeur Pierre Chaulet passe d’abord pour être un fin connaisseur de l’évolution de la santé en Algérie où il a même exercé et enseigné à des générations de médecins.
Invité par le Conseil de l’ordre des médecins de la région de Constantine pour donner une conférence sur l’exercice de la médecine en Algérie, Pierre Chaulet a dressé un tableau critique de la santé qui, en dépit des progrès enregistrés, se cherche encore, faute d’une stratégie à long terme. Le Pr Chaulet cite surtout le programme d’enseignement de la médecine qui n’a pas changé d’une manière radicale depuis 1972, au même titre que le système de formation qui ne prévoit pas les besoins de la santé et des soins à l’horizon 2020 où la population sera estimée à 40 millions d’habitants. Un chiffre qui devra inciter les décideurs à réfléchir sur les mesures à prendre pour rendre les soins plus accessibles, notamment pour les populations démunies et celles des régions rurales, obligées de parcourir 6 km pour bénéficier de soins. La transition démographique, selon le Pr Chaulet, impliquera inévitablement une transition épidémiologique qui nécessitera une multiplication des structures sanitaires, un renforcement du personnel mais surtout une remise à jour de la carte sanitaire instaurée dans les années 1970 mais non suivie dans le temps. Alors que l’année 2020 est déjà pour demain, les maladies chroniques touchent de plus en plus d’Algériens âgés entre 35 et 70 ans. Selon une étude réalisée en 2005, 19,6% de la population concernée souffre de l’hypertension artérielle suivie par 8,9% de diabétiques alors que les asthmatiques sont de l’ordre de 5,4%. Sur le chapitre de la mortalité, les maladies cardiovasculaires tuent 44,5% de la population alors que le cancer et les maladies respiratoires suivent avec respectivement 16 et 7,6%. En parallèle, le conférencier fait remarquer que l’Algérie vit une apparente absence de vision claire et une insuffisance de l’information sanitaire alors qu’elle est appelée à faire preuve d’efficacité dans l’analyse des coûts et des dépenses et une flexibilité dans la gestion de ses ressources humaines. En somme, les défis à relever sont énormes et la réhabilitation de la santé de proximité s’impose comme une urgence, car 2020, c’est demain !
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 03/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : S. Arslan
Source : www.elwatan.com